générateur #1 : Pearl & Maverick.

Pearl Tramell & Maverick Schneider
       
       

Les derniers jours ont été particulièrement stressants et éprouvants. Dès que quelqu'un me talonnait d'un peu trop près dans la rue, ou me regardait avec un peu trop d'insistance, je m'imaginais voir resurgir à tout instant mes vieux démons du passé, ceux que je préférerais oublier et qui me collent irrémédiablement à la peau. Aujourd'hui, alors que je reviens du supermarché, les bras chargés de sac, c'est cette même impression qui me pourchasse. Je ne cesse de me retourner toutes les deux secondes, craignant de reconnaître un visage trop familier au milieu des passants, mais rien.

Le contour de l’œil encore marqué du coquard que j'ai reçu la nuit dernière, de la part du type qui s'est emparé de mon sac à dos, j'essaye de me concentrer sur le trajet, décomptant les mètres qu'il me reste à parcourir avant de rentrer à l'appartement. Dans mon dos, il me semble entendre des bruits de pas qui résonnent de plus en plus fort, et qui se rapprochent. Des bruits de pas bien plus distincts que les autres, et qui me donnent juste envie de courir. Nous sommes encore en plein jour pourtant, et il y a des dizaines de passants qui circulent autour de moi. Je n'ai pas de raison d'imaginer que quelqu'un puisse se jeter sur moi à cet instant si mal choisi.

Et pourtant, mon esprit tergiverse de plus en plus, si bien que je ne résiste plus à l'envie de tourner la tête, ne serait-ce que pour m'assurer que mon imagination me joue effectivement des tours, et qu'il n'y a personne qui me poursuit. Mais c'est au moment où je m'apprête à regarder à nouveau devant moi, alors que mon pas vient de s'accélérer, que tout mon corps percute une masse rigide et froide. Le choc est tellement violent et brutal que je tombe en arrière, lâchant mes sacs, mes provisions s'éparpillant un peu partout sur le trottoir. Par réflexe, je porte mes mains à mon visage et je guide mes doigts vers mon nez, qui me fait atrocement mal. Je sens alors un liquide visqueux et chaud se répandre sur mes lèvres. Il me suffit d'éloigner mes doigts de mon visage pour les observer afin de remarquer que c'est du sang. À cet instant, je suis à deux doigts de tourner de l’œil.
       
       

Pearl Tramell & Maverick Schneider
       
       

Troublé par je-ne-sais-quoi, une présence imaginaire sans doute, unique produit de mon esprit un peu trop préoccupé ces derniers temps, j'arpente les rues en me retournant constamment. Une ombre, un individu un peu trop suspect, un regard un peu trop insistant, une personne qui me talonne d'un peu trop près... À vrai dire, un rien suffit à me faire paniquer et à me faire perdre le peu de sang froid qu'il me restait. Une ultime distraction me fait d'ailleurs tourner une dernière fois la tête, un regard jeté nerveusement par dessus mon épaule pour constater que je deviens simplement paranoïaque. Une évidence qui devient plus que frappante au moment où j'ai la présence d'esprit de regarder à nouveau devant moi pour m'assurer que rien ne se trouve en travers de chemin. Mais cet éclair de lucidité me frappe bien trop tard, puisque mon corps percute de tout son long le poteau qui se trouvait sur ma trajectoire. Le choc, d'une puissance inouïe, suffit à me terrasser et à me faire voler en arrière. Je percute le sol si brutalement que j'en ai le souffle coupé pendant plusieurs secondes. Dans une vaine tentative pour tenter d'amortir ma chute, je lâche mes sacs de provisions, qui finissent par répandre leur contenu un peu partout sur le bitume. Il me faut plusieurs longues secondes pour reprendre mes esprits et pour parvenir à me redresser légèrement. J'ai l'impression que mon nez s'est transformé en purée difforme, en une zone qui n'existe plus que par la douleur qu'elle me renvoie. D'ailleurs, en voulant enfin reprendre ma respiration, je réalise que celle-ci est entravée, comme si on avait tenté de boucher mes narines avec des boules de coton. Je dépose précautionneusement une main sur l'arête de mon nez, douloureuse, et en faisant glisser mes doigts vers l'arc de cupidon, je sens un liquide chaud et gluant ruisseler le long de mes lèvres. J'y pose mes doigts et les éloigne de mon visage pour pouvoir observer qu'il s'agit de sang. Super. Une voix attire alors mon attention et je tourne la tête dans la direction d'où elle provient. Je découvre alors une jeune femme, d'une vingtaine d'années je suppose, avec une imposante chevelure brune. Je la dévisage de la tête aux pieds et constate que le bas de son pantalon est trempé. Elle sent le café, aussi. Il me faut quelques secondes pour parvenir à répondre à sa question. Elle est simple, pourtant, mais j'ai du mal à rassembler mes idées. Il faut dire que je suis toujours un peu sonné. « Je... Je crois. » balbultié-je, tentant de retrouver mes esprits. Évidemment que ça ne va pas mais disons qu'il y a toujours pire. La jeune femme, en remarquant le ruisseau d'hémoglobine qui s'écoule le long de mon menton, pousse un cri d'horreur, comme si elle venait tout juste de trouver un cadavre. Elle s'assied alors à même le sol, comme si elle avait besoin de reprendre elle aussi ses esprits. « Merci. » ironisé-je, me demandant si c'est bien du sang qu'elle parle ou de mon visage à moitié défiguré. Un gros chien, tenu au bout d'une laisse par son propriétaire, s'approche alors de nous, me fixe un instant puis se met à aboyer sans raison apparente. J'ai un mouvement de recul involontaire, craignant que le canidé empire ma défiguration. Le maître du chien lui somme de se taire d'une voix sèche avant d'éloigner l'animal de nous et de reprendre sa promenade, l'air de rien. Je pousse un soupir de soulagement, ayant l'impression d'avoir évité le pire. Je me tourne alors à nouveau vers l'inconnue et lui explique : « Je crois que j'ai le nez cassé... Il faudrait que j'aille à l'hôpital. » Sans attendre sa réponse, je tente de me relever prudemment, le cœur battant la chamade. Dès que je me retrouve debout, j'ai la nausée et la tête qui tourne. Par réflexe, je pose la main sur mon front, espérant que cette sensation désagréable disparaisse enfin.