my friends are goals, your friends are foes. (wyatt)

Wyatt, il ne peut jamais s’empêcher de rajouter un petit truc juste pour avoir le dernier mot, c’est plus fort que lui. Moi, ça me fait lever les yeux au ciel, sans pour autant rétorquer à nouveau. Le connaissant, et surtout nous connaissant ensemble, ça sera un combat sans fin et pendant le film, ça risque d’être agaçant pour les autres autour. Même là, je crois que la petite dame devant nous commence à être exaspérée par notre conversation, encore plus lorsqu’on décrit sans subtilité nos amantes comme de véritables tigresses. La preuve en est la marque de dents sur mon épaule, trace qui provoque un rire chez mon ami et je le rejoins dans son rire lorsqu’il me parle de son dos et du fait qu’il ne me le montrera pas. « Je comptais pas te montrer le mien non plus, on est pas aussi intimes toi et moi. » Je souris, le taquinant encore une fois. Je ne doute pas des marques qu’il doit avoir dans le dos. Si sa partenaire est aussi fougueuse et passionnée que la mienne, je ne peux que comprendre. « C’est que du cul Wyatt, personne se fait avoir. » Et surtout pas moi. Je suis plutôt borné dans mon genre, j’ai déjà du mal à m’avouer m’être attaché plus que de raison, alors dire que je me suis fait avoir serait pire. Pop-corn et Dr Pepper sont donc de la partie, j’en commande pour lui et moi, paye, puis on se dirige vers la salle pour patienter avant de pouvoir y entrer. Wyatt en profite pour me demander le nom de ma partenaire attitrée du moment. « Je vais même faire mieux que te donner un simple prénom. » Je tire ainsi mon smartphone de la poche de mon jean, le déverrouillant pour aller fouiller dans mes albums photos, recherchant une de la demoiselle. Après un court moment, je finis par trouver celle qui serait parfaite et souris rien qu’en repensant à ce moment. Une photo prise alors qu’elle était venue me rejoindre un soir dans ma chambre, vêtue tout simplement d’un de mes maillots de basketball avec juste une petite culotte au-dessous, pour qu’on célèbre ensemble la victoire de l’équipe en question. Une soirée mémorable, comme toutes celles qu’on passe ensemble... Comme tous les soirs du coup, constat qui me vient à l’instant, mais je le chasse rapidement de ma tête. Ce n’est pas le moment d’y penser. Là, c’est la photo que je dois lui montrer et ainsi, je tourne l’écran dans sa direction. « T’inquiètes pas, elle est soft celle-là comparé à d’autres photos que j’ai d’elle dans mon portable, je te pousserais pas au vice. » Que je dis d’un air taquin. Ouais, parce qu’il y en a d’elle à poil, avant ou après l’acte sexuel, mais je ne voudrais pas le tenter... Bon, la vérité, c’est que je ne veux juste pas partager la vue de son corps avec un autre, mais ça je le garde précieusement dans ma tête. Wyatt devient d’un coup silencieux et ça me fait légèrement rire. « Sexy hein ? Son petit nom, c’est Naleya. » Et j’attends qu’il réagisse à la vue de cette fameuse tigresse qui partage mes nuits, sans savoir que dans quelques secondes, je ferais bien moins le fier.

L’entêtement est l’un de ses principaux traits de caractère. Il aime avoir raison et il aime tout autant avoir le dernier mot. Il pourrait tenter de travailler là-dessus mais il n’en a ni l’envie, ni la patience. Et puis, il est tellement plus amusant de tenir tête à Anton qu’il ne peut pas s’en empêcher. Il sait aussi qu’il n’insistera pas parce qu’ils vont finir par tourner en rond uniquement pour savoir lequel des deux à raisons. Un cercle vicieux. Il est plus intéressant de parler des traces que leurs partenaires semblent aimer laisser sur leur peau, un moyen de marquer leur territoire, de dire "cet homme est à moi et à personne d’autre", ce qu’il aime tout particulièrement. « C’est la seconde fois que tu me brises le cœur ce soir, Hawkins. » Il secoue la tête de gauche à droite, faussement attristé de l’entendre lui dire qu’ils ne sont pas aussi intimes que ça. Cela dit, il a été le premier à dire qu’il refuse de se déshabiller en public pour lui montrer ses belles griffures. Il ne fait que recevoir la monnaie de sa pièce. « Si tu le dis … » Cette fois, il n’insiste pas plus. Si Anton est persuadé que son aventure n’a rien de sérieux, il ne va pas le forcer à dire le contraire. Soit il a raison et il en aura la preuve tôt ou tard, soit il a raison et il s’en rendra compte bien assez vite. Boissons et pop-corn achetés, ils s’approchent du couloir menant à leur salle en attendant d’y avoir accès. Son regard suit les gestes d’Anton qui sort son smartphone, cherchant quelque chose à lui montrer. Il admet être assez impatient de voir à quoi cette fille, cette tigresse comme il l’a appelé, ressemble. En attendant, il ouvre sa bouteille de Dr. Pepper pour boire une longue gorgée. Il manque de m’étrangler avec quand son portable est tourné vers lui et que son regard se pose sur la photo. Il tousse, peine à retrouver sa respiration et il est certain d’être devenu très pâle. Ce n’est vraiment pas le genre de photos qu’il espérait voir un jour. En fait, il est même certain d’avoir très envie de s’arracher les yeux là, de les brûler et de s’enfoncer un pieu dans le cerveau pour oublier ce qu’il voit. « Naleya … » Il répète alors qu’il tousse encore un peu après avoir manqué de se tuer avec sa boisson. « La fille que tu te tapes, c’est Naleya ? » Oh merde, il veut mourir. Dire qu’il déconnait avec lui la concernant, qu’il parlait de leurs ébats avec … avec sa sœur, putain ! « C’est toi l’Insupportable, merde, je crois que je vais vomir. » Ça fait sens et même s’il sait qu’il n’aurait jamais pu deviner qu’elle parlait de lui, là ça lui semble si évident. Et il va vraiment vomir parce qu’imaginer Anton et sa sœur baiser, ce n’est pas une vision très agréable pour lui.

« Désolé, mon chou. » Je me fous ouvertement de sa gueule, j’aime bien trop ça pour m’en empêcher. Et puis c’est une petite vengeance quant au moment où il a insisté pour avoir le dernier mot. Chose qu’il ne fait pas ensuite et ça me plaît plutôt bien. Je suis bien trop têtu dans mon genre, je n’aurais pas cessé de rétorquer cette fois. Une fois les denrées achetées, je lui fais savoir que je vais lui montrer une photo de ma belle tigresse, cherchant dans mon smartphone une qui conviendrait. Bon, ce n’est pas trop dur, elle est magnifique sur toutes celles que j’ai dans mon portable. Sauf qu’il n’en faut pas une de trop osé et quand je pense l’avoir trouvé, je tends l’écran vers mon ami, sans cacher la fierté qui me submerge. Avoir une telle femme dans son lit est toujours une fierté. Cependant, lorsque Wyatt voit enfin la photo de la belle qui partage mon lit, il a une réaction que je n’attendais pas. Avalant sa boisson de travers, il finit par toussoter, tellement que je crois un instant qu’il va s’étouffer. Je me retiens de lui taper dans le dos, car malgré son teint pâle, il reprend contenance et se met à parler. Pourtant, ça me rassure encore moins. Sa façon d’agir, elle est suspecte. Et puis, l’insupportable, c’est quoi encore ça ? Je ne relève cependant pas, décidant de revenir sur le cœur du sujet et de le questionner sur cet aspect-là plus tard. « Attends... Tu la connais ? » Je fronce les sourcils, cherchant dans mes souvenirs l’évocation de son nom dans nos conversations. Rien ne vient, bizarrement. Pourquoi il ne m’a jamais parlé d’elle ? Cette femme serait une bombe qu’il a tenté de me cacher ? Pour quelles raisons ? Peut-être pour la garder pour lui... Et là, une supposition me vient en tête. Faites que ça ne soit pas ça. « Oh non... Me dis pas que c’est une de tes ex ou une ancienne conquête ! » Je le regarde, effaré rien qu’à l’idée d’avoir pu toucher à l’une de ses ex. Je suis du genre à ne pas approcher les ex de mes potes, question de respect, même si là ce n’est clairement pas ce qui me dérange le plus. Ce qui m’embête réellement, c’est de l’imaginer en train de toucher le corps de Naleya, de l’embrasser, de la caresser ou, pire, de lui faire des choses auxquelles je suis le seul autorisé. Oui parce que, désormais, je me donne le droit unique de l’accès à son corps. Alors rien que penser au fait qu’il a pu lui faire des choses, ou qu’elle lui a fait des choses, ça me donne un haut-le-cœur. « Putain mec, j’savais pas... Mais du coup, tu comprendras que je vais pas arrêter de la baiser, elle est bien trop bonne. » Il a beau être mon pote, je ne pourrais pas me résoudre à arrêter mes ébats avec la belle. L’attirance est trop puissante pour que je puisse y tirer un trait. « Je comprends pas que t’ais pu lâcher une femme comme elle. » Et je secoue la tête, négativement. Ouais, je ne comprends vraiment pas.

Il va mourir. Ce n’est pas de cette manière qu’il s’imaginait quitter le monde, mais il pense que son cœur va s’arrêter d’un instant à l’autre tout simplement parce qu’il ne supporte pas les images indécentes qui tournent en boucle dans sa tête. Naleya et Anton, les choses qu’il vient de lui dire … Il va vomir même s’il n’a rien dans le ventre. Ça lui apprendra à ne pas s’être renseigné sur les colocataires de sa sœur, ça lui aurait épargné ce moment particulièrement gênant qui fait qu’il est à deux doigts de s’évanouir. Merde, il se comporte comme une petite chose quand même … cela dit imaginer sa petite sœur s’envoyer sauvagement en l’air avec un de ses meilleurs amis, non il ne peut pas. Anton non plus n’a pas la moindre idée de qui Naleya est pour lui. Il ne faut pas être devin pour le comprendre. Il ne réagit pas, lui demande même s’il la connait. Mon dieu, s’il savait ! « Non, c’est pas une ex ! » Il s’empresse de dire, paniqué qu’il puisse penser l’inverse. La situation devient ingérable. Il n’arrive pas à penser assez convenablement pour lui dire clairement qu’elle est sa petite sœur, adoptive certes, mais sa petite sœur malgré tout. Et il en rajoute une couche. Il va finir par lui laver la bouche au savon s’il continu de lui dire qu’il va continuer de baiser sa petite sœur trop bonne. « C’est Naleya ! » Il répète comme si ça allait l’aider à comprendre. Il n’est même pas énervé, simplement au bout de sa vie. Ça ne changera pas sa façon de voir sa sœur, elle fait ce qu’elle veut de sa vie comme lui, mais … seigneur ! « Naleya Farrell, abruti ! » Peut-être qu’ajouter son nom de famille va le faire réagir, mais dans le doute il ajoute : « C’est ma sœur, ma petite sœur et je viens d’imaginer ma petite sœur te baiser, je vais en faire des cauchemars jusqu’à la fin de ma vie. » D’accord, d’accord, il exagère mais … putain ! Elle l’a mordu, elle est à moitié à poils en photo dans son téléphone, il a bien le droit d’être à deux doigts de la syncope, non ? Et Anton a plutôt intérêt de l’être aussi maintenant qu’il lui a dit, histoire qu’il se venge un peu de l’état dans lequel il l’a involontairement mis.

Ma première pensée est de me dire qu’il s’agit d’une de ses ex, mais à voir sa réaction, non ce n’est pas le cas. Je fronce légèrement les sourcils, comprenant encore moins comment il peut connaître la jolie métisse. Alors je continue sur ma lancée en lui sortant que je n’arrêterais pas de prendre la belle, chose qui le fait parler de nouveau. Bah oui, je sais que c’est Naleya, je ne suis pas stupide. "Naleya Farrell" qu’il ajoute et, là, coup de massue. D’un coup, ça prend tout son sens dans ma tête. Mon cerveau assimile de suite les choses. Le nom, c’est le même que celui de Wyatt et il me confirme ensuite leur lien de parenté. « Ta... Quoi ? » Je cligne plusieurs fois des yeux, accusant encore le coup. Putain, je ne sais pas ce que j’aurai préféré au final... Quoi que si, je mens. Je suis rassuré de savoir qu’il n’a jamais couché avec elle et, en même temps, je comprends mieux pourquoi... Ça aurait été glauque, bien trop. Je passe une main sur mon visage, presque livide par ce que je viens d’apprendre. Surtout par ce que moi, je viens de lui raconter sur ma relation avec Naleya... Sa petite-sœur... Oh seigneur, il va sûrement m’arracher la tête quand il aura repris contenance. « Mec, je savais pas que c’était ta sœur, j’ai jamais cherché à savoir son nom et... » Et je me tais, me mordant la lèvre inférieure. Franchement, je crois bien que je ne fais que m’enfoncer plus en lui dévoilant que, comme pour toutes mes anciennes conquêtes, je n’ai jamais voulu connaître plus que leur prénom. Sauf qu’elle n’est pas qu’une conquête parmi tant d’autres, même si je ne le dirais pas à voix haute devant le jeune homme. « Je suis désolé Wyatt. » C’est tout ce que je parviens à ajouter lorsque j’ouvre de nouveau la bouche. Désolé d’avoir sauté sa petite sœur, désolé de lui avoir mis en tête certaines choses qu’on a pu faire elle et moi. Et surtout désolé parce que, malgré tout, je n’ai pas envie d’arrêter de baiser avec elle. En espérant qu’elle veuille toujours de moi lorsqu’elle va savoir tout ce que j’ai raconté à son frère… Oh bordel, comment je vais lui annoncer ça moi ? Je suis un homme mort. « Et sinon, t’as toujours envie de le voir ce film ou pas ? » J’ose lui poser la question parce qu’on ne sait jamais, mais c’est un regard noir que je me récolte en retour et je me pince les lèvres. Bon, la soirée va mal se terminée, je crois bien. « Bon, eh bien... On se revoit plus tard. » Quand il aura digéré un peu plus toute cette histoire, tiens. Sans dire un mot de plus, je file dans la salle pour regarder le film en question -et fuir, aussi-. Après tout, je ne me suis pas déplacé pour rien et Naleya trouverait ça suspect si je revenais la rejoindre au lit aussi vite. Alors que le film débute, Wyatt prend place à mes côtés, même s’il ne dit rien, et la soirée se finit ainsi. Dans le silence.

the end.