J’en suis le premier surpris, je suis venu jusqu’ici avec l’intention première de régler mes comptes avec ma petite soeur et résultat, je suis en train de me confier. Après deux années d’attentes, je viens de faire sauter les verrous d’une première porte, pour me confier à ma petite soeur. Pour l’une des premières fois, je suis en train de m’exprimer à coeur ouvert sur cette soirée qui m’a plongé dans un enfer que jamais je n’aurais pu envisager lorsque j’ai rencontré Sera. Je laisse mes mains s’appuyer sur la table qui est derrière moi, je me laisse prendre appuis dessus, pour un regard qui est en direction de ma petite soeur, pour un visage qui est bien loin de cette rage qui m’a habité en venant ici, mais bien de toute cette souffrance que je ravale pour moi après tant de mois difficiles.
Aller de l’avant. C’est ce que Valentina est en train de me dire, parce qu’elle a raison, Sera s’est réveillée, un miracle que les médecins n’ont jamais voulu y croire pendant les deux années où je me suis refusé à chaque fois que l’on m’a soumis l’idée de la débrancher. Elle a raison, j’en ai conscience, mais ai-je le droit d’aller de l’avant, alors qu’il n’y a pas si longtemps, je suis venu embrasser mon assistante, en un sens, ma petite soeur a raison, mais je ne peux pas le reconnaître.
Alexys, malgré elle, elle fait partie de l’équation, en même temps que je préfère me convaincre qu’il n’y a aucun problème, une erreur de parcours, la raison au vin que l’on a bu, à l’ambiance de cette soirée, des fausses raisons, j’en ai encore bon nombre dans ma manche, hors de question de reconnaître quoi que ce soit, encore moin à Valentina. «
Je veux pas recommencer Tina ... » Annonçais-je sans prendre le temps de réfléchir. «
Elle a perdu deux ans de sa vie, il y a tant de chose qui ont changé. Je devrais pouvoir l’aider, lui permettre de savoir par où commencer et comment avancer ... » Mon regard est fixé devant moi, plus réellement il est sur un point imaginaire, présent sur le sol, un tout petit peu plus loin que mes pieds, en même temps que je laisse mes doigts serrer ceux de ma petite soeur. «
La vérité c’est que je ne sais pas, je sais être celui qui partage la vie de Sera. » C’est un fait, après tant d’année de relation. «
Mais je n’ai pas le mode d’emploi, du mari qui voit sa femme être un miracle après deux ans de coma … Comment est-ce que je peux savoir ? Tina ... » Je me retrouve à marquer une pause, avec une légère hésitation dans ma voix, avant de tourner mon regard vers ma petite soeur. «
J’ai l’impression que tout ce que je fais, tout le monde prend plaisir de me rappeler que je m’y prend mal ... » Et le pire, c’est que moi-même je suis en train de le croire, parce que je vois ma femme chez nous, parce que je la vois poursuivre sa rééducation, mais être bien loin de celle qu’elle a été toute sa vie.
nightgaunt