right in the feels /warner

Contre toute attente, les choses sont un peu moins tendues entre elle et Warner depuis qu’ils se sont retrouvés coincés dans l’ascenseur. Enfin, c’est l’impression qu’elle a eu sur la fin de leur mésaventure. Ils ne se sont pas revus depuis il faut dire. Le hasard les a laissés tranquille et ça n’a pas été pour lui déplaire, un peu de répit. Elle ne veut pas que leur relation reste tendue indéfiniment. Elle veut essayer d’arranger les choses, et pas seulement pour elle. Elle veut aussi que Warner se sente mieux par rapport à tout ça, qu’il aille de l’avant. Elle brûle peut-être des étapes, mais elle est convaincue que leur petit voyage va l’aider. Elle a tenté le tout pour le tout, il y a quelques jours, et lui a envoyé un mail. Elle s’est dit que les gens changent rarement d’adresse mail, alors pourquoi pas essayer ? A son grand soulagement, ça a fonctionné. Et à sa grande surprise, il a accepté sa proposition : l’accompagner à Augusta, dans le Maine, voir leur fille. Elle a bien grandi et ça fait un bon moment que Poppy ne l’a pas vue. La dernière fois, c’était il y a trois ou quatre ans. Elle reçoit quelques photos parfois, mais elle ne l’a jamais rencontré en personne. Ses parents ne lui ont pas encore dit qu’elle a été adopté, et ils n’ont pas à le faire s’ils n’en ont pas envie. Elle sait juste que si jamais un jour sa fille veut la rencontrer, elle se tient prête. Prête à assumer son choix, prête à la rencontrer et à être là pour elle si elle en a envie. Et elle a envie de lui donner cette chance aussi, de pouvoir faire partie de la vie de sa fille s’il en a envie. Elle ne sait pas encore ce que ça va donner, mais ils sont arrivés à destination. Le trajet a été plutôt long, surtout qu’ils n’ont pas parlé. « Je sais pas toi, mais j’ai besoin d’un café. » dit-elle en sortant de la voiture. Elle a surtout besoin de se dégourdir les jambes et de parler à quelqu’un, n’importe qui. Rester silencieuse pendant si longtemps, ce n’est pas bon pour elle. « Elle est censée sortir de l’école dans une heure, et sa mère m’a dit qu’elle l’emmènerait au parc. On peut y aller si tu veux. Si tu es prêt. » Parce qu’après tout, elle ne sait pas comment il se sent réellement par rapport à tout ça. Elle n’a pas réussi à le lire pendant le trajet, et elle n’arrive pas à le lire pour le moment non plus.

@Warner Eaton

Warner avait du mal à réaliser où il était et ce qu’il était en train de faire. En fait, il avait aussi du mal à réaliser qu’il avait de son plein gré accepté de passer du temps avec Eliza. Certes, vers la fin de leur si merveilleux trajet en ascenseur, les choses s’étaient un peu détendues entre eux, ils avaient arrêté de s’entretuer notamment. Mais ça ne voulait pas pour autant dire que le jeune homme était prêt à la revoir. Pourtant, quelques jours plus tôt, en ouvrant sa boîte mail, il avait eu la surprise d’en trouver un d’Eliza. Il avait été surpris de recevoir un mail d’elle et sa surprise n’avait fait qu’augmenter en lisant le contenu. Elle lui proposait de l'accompagner dans le Maine, à Augusta plus précisément, pour voir leur fille. Il n’avait pas répondu immédiatement après avoir vu le mail. Il lui fallait un peu de temps pour réfléchir au fait de savoir s’il voulait vraiment faire ça. Passer tout un trajet avec Eliza, voir sa fille et tout ça… c’était quand même beaucoup. Il ne lui avait néanmoins pas fallu si longtemps pour se décider et il avait assez rapidement fait savoir sa réponse à Eliza.

Et c’est pour ça que le jeune homme se trouvait à présent avec Eliza en route vers Augusta. Le trajet lui avait paru durer une éternité. C’était déjà une route assez longue en temps normal mais il était tendu et anxieux donc il avait l’impression que ça avait duré encore plus longtemps. Maintenant, la voiture venait de s’arrêter et Eliza en descendit en déclarant qu’elle avait besoin d’un café. “Un café, c’est tout à fait ce qu’il me faut aussi.” décida-t-il finalement. Au moins, il aurait de quoi s’occuper pendant l’heure qui allait venir car la jeune femme venait de l’informer que leur fille sortirait de l’école dans une heure et que sa mère l’amènerait au parc à ce moment-là. “On peut y aller oui. Histoire qu’on est pas fait toute cette route pour rien.” Quant à savoir s’il était prêt, c’était une toute autre histoire. Il ne le serait probablement jamais donc il fallait bien qu’il se force quand même. “C’est drôle, c’est la première fois que je quitte New-York pour une autre raison que le travail.” dit-il finalement. Il ne savait pas exactement pourquoi il pensait à ça mais il avait eut besoin de porter son attention sur autre chose que ce qui allait se passer dans une heure et c’était sur ça que c’était tombé. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il avait tellement prêter attention à la route et aux paysages pendant le trajet.

@Poppy Moran

C’est une bonne chose, ce qu’il se passe aujourd’hui. Elle espère que cela va permettre à Warner d’aller de l’avant, c’est la principale raison qui l’a poussée à lui faire une telle proposition. Il faut qu’il voie que Poppy n’a pas pris une mauvaise décision en confiant leur fille à ce couple. Qu’elle a tout ce qu’il lui faut, qu’ils lui donnent tout l’amour dont elle a besoin, et même plus encore. Que Poppy n’aurait pas pu faire autant pour elle, et que c’est mieux pour tout le monde de cette façon. Ce sera peut-être moins tendu ainsi. Poppy, elle a envie que les choses redeviennent comme avant entre eux. Enfin, pas exactement comme avant, mais qu’ils s’entendent de nouveau bien parce que Warner, son ami, lui manque. Elle ne l’a pas réalisé avant, à aucun moment en sept ans, mais mieux vaut tard que jamais hein. En fait, rien qu’une toute petit amélioration lui ira. Ce sera mieux que de savoir qu’une personne qu’elle a aimé et qui l’a aimé en retour, la hait à présent, parce que c’est quand même difficile à accepter comme situation. Elle préfère quand même ne pas trop se faire de faux espoirs, mais elle verra bien. Déjà, ils ne se sont pas pris la tête dans la voiture. Ils n’ont absolument pas parlé, mais c’est quand même un progrès. Elle est tout de même soulagée qu’ils soient arrivés, elle a besoin de contact humain, un peu plus chaleureux disons. Puis elle a besoin d’un café aussi, elle en propose même un à son compagnon de route. Direction donc le Starbucks du coin, pour après aller au parc, où leur fille est censée se rendre dans une heure. Ca leur laisse un peu de temps pour prendre leurs marques, et pour reprendre leurs esprits. Surtout pour Warner en fait, elle n’est pas convaincue qu’il soit réellement prête, ça se voit dans ses traits et son attitude. Elle se demande même s’il n’a pas envie de faire demi-tour. « Si tu n’es pas prêt c’est pas grave. On aura qu’à dire que ça nous a au moins sorti de New York un peu, on respire mieux dans le Maine. » Même si elle ne quitterait New York pour rien au monde, elle se sent étrangement bien ici. Tout lui est tellement familier, c’est le premier endroit où elle s’est vraiment sentie chez elle. « Et ça te fait quel effet ? » S’il veut bien lui en parler, bien entendu. Il n’est pas obligé de se confier à elle, et elle comprendra s’il ne le fait pas. Mais il a l’air d’avoir besoin de parler, et à part elle, il n’y pas grand-monde à qui il peut se confier. Elle imagine qu’il aurait préféré venir pour une autre raison. « C’est pas si désagréable que ça ici. C’est là que j’ai vécu avant d’arriver à New York, pendant six ans. » Si elle avait gardé sa fille, elle serait restée ici. C’est pas mal pour élever un enfant, ce genre de coin. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle lui parle de ça au fond, il n’en a sans doute rien à faire. Mais autant faire la conversation, en attendant leurs cafés. Elle ne supporte plus le silence. Six heures sans parler, ça laisse des traces.

Après six longues heures de route, ils étaient enfin arrivés à destination. Le Maine… Warner ne savait pas comment il se l’était imaginé mais pas comme ça en tout cas. Ca avait l’air un peu plus sympathique que ce qu’il pensait aux premiers abords. Cela ne le fit néanmoins pas se sentir mieux. Il était toujours anxieux et dans le fond, il ne savait pas vraiment s’il était prêt à voir sa fille. Dans l’immédiat, il se demandait ce que ça pouvait lui apporter. En fait, il se demandait ça depuis qu’il avait vu le mail d’Eliza mais il avait quand même accepté sa proposition parce qu’il était curieux et qu’il avait besoin de la voir. Maintenant, il imaginait qu’il en avait toujours besoin mais l’idée de se défiler était quand même assez tentante. Mais non, il allait patienter une heure et se rendre au parce parce qu’il ne voulait pas être venu jusqu’ici pour rien. Même si Eliza avait l’air de dire que ça ne serait pas grave. “Si, si je suis prêt.” répondit-il simplement. “On peut sûrement trouver des endroits pour respirer mieux plus près de New-York.” En tout cas, il imaginait que c’était possible. Mais en vérité, il ne pouvait pas dire qu’il connaissait très bien le pays. Il ne voyageait pas très souvent et quand c’était le cas, c’était en général pour le boulot. Le boulot ne l’amenait bizarrement jamais dans le Maine, à croire qu’il ne devait pas s’y passer grand-chose. “C’est agréable.” mentit-il quand Eliza lui demanda quel effet ça lui faisait de voyager pour autre chose que pour le boulot. A vrai dire, il ne pouvait pas tellement qualifier ce voyage d’agréable. Il aurait pu l’être en d’autres circonstances pourtant. La jeune femme lui expliqua ensuite que c’est ici qu’elle avait vécu pendant six ans, avant d’arriver à New-York. “Pas si désagréable… Tu pourrais te montrer plus convaincante quand même.” Il avait un ton légèrement moqueur. “Qu’est-ce qui t’as fait partir à New-York ?” Faire la conversation avec Eliza était un bon moyen de penser à autre chose, il aurait peut-être dû y penser avant. En même temps, ils auraient très vite fait le tour de ce qu’ils avaient à se dire en six heures de route.

@Poppy Moran

Peu importe ce qu’il peut dire, Warner a l’air de tout sauf d’être prêt à affronter ce qui va se passer dans moins d’une heure. Poppy se demande encore ce qui l’a poussé à accepter son invitation alors qu’il a fait cette tête-là depuis qu’ils sont partis. C’est comme s’il a envie d’être partout sauf ici. Ca peut se comprendre, étant donné qu’elle n’est pas sa personne préférée. Ou qu’il n’a pas eu beaucoup de temps pour digérer la grande nouvelle, le fait qu’ils ont une fille, quelque part, et que c’est pour ça qu’elle est partie. Poppy, elle, se dit que ça va l’aider de voir la petite. Elle ne fait pas ça pour améliorer leur relation - pas seulement - ou pour se sentir moins coupable - absolument pas - mais bien pour l’aider lui. Pour qu’il puisse voir qu’elle n’a pas pris une mauvaise décision, même si elle l’a prise seule. Mais bon, s’il n’a pas envie d’aller jusqu’au bout, ils peuvent rester là pour boire leur café, et prendre la route du retour. Elle ne peut pas le forcer à faire quoi que ce soit, surtout une telle chose. Mais bon, apparement il est prêt. C’est ce qu’il lui répète, mais elle n’est toujours pas convaincue. Elle voit bien qu’il n’est pas ouvert et qu’il a envie d’être loin. Elle ne comprend pas, elle ne l’a pas forcé à venir… Elle lui a laissé le choix.« Je le pense… Ce n’est pas si horrible que tu sembles le penser ici. Au moins c’est tranquille. Idéal pour un enfant. » Encore un argument en la faveur du fait qu’elle a bien fait de confier sa fille à un couple d’ici. Seulement il n’a pas l’air d’être très réceptif à tout ce qu’elle lui dit. Il lui demande alors pourquoi elle est venue vivre à New York et elle doit bien avouer qu’elle ne sait pas quoi répondre au début. C’est pas forcément compliqué à expliquer, mais c’est assez personnel. Elle a peur qu’il ne comprenne pas forcément ou pire, qu’il la juge. « Disons juste que… j’avais des projets en tête que je ne pouvais pas réaliser ici. » Elle hausse épaules, désireuse très vite changer de sujet. Heureusement pour elle, on l’appelle pour lui signifier que sa boisson est prête. Elle attend que Warner soit servi aussi pour reprendre la parole. « On y va alors ? » Ils avaient encore un peu de temps devant eux mais autant s’y rendre tout de suite. Warner n’avait pas l’air d’avoir envie de visiter et de toute façon, ils n’avaient rien de mieux à faire.

Warner ne doutait pas tellement que le Maine et cette ville en général ne soient pas bien. Il n’y avait pas prêté assez attention jusque là pour vraiment en juger : en vérité, il ne pensait vraiment qu’à une chose et c’était à l’imminence du moment où il allait voir sa fille. Simplement, la manière dont Eliza essayait de le convaincre que l’endroit était bien était assez drôle, surtout parce qu’elle n’était pas si convaincante. Il y avait meilleur qualificatif pour un endroit que de décrire que ce n’était pas si désagréable d’y vivre. Elle ajouta bientôt que ce n’était pas aussi horrible que Warner le pensait et le jeune homme haussa les épaules. “Je n’ai jamais dit que c’était horrible.” Il ne l’avait même pas pensé à vrai dire. Quant au fait que c’était idéal pour un enfant, il n’en savait rien non plus. Il ne s’y connaissait pas spécialement en enfant. Mais ses neveux et nièces avaient l’air parfaitement heureux même en ville. “Tu n’as pas besoin de me faire la pub de cette endroit tu sais.” ajouta-t-il finalement. Il ne voyait d’ailleurs pas tellement pourquoi elle semblait avoir tellement envie qu’il aime cette ville.

Histoire de penser, à autre chose, Warner s’intéressa finalement à Eliza et lui demanda ce qui l’avait poussé à quitter cet endroit si merveilleux qu’elle ne cessait de lui vendre depuis toute à l’heure. Il lui sembla que la jeune femme n’avait pas très envie d’en parler puisqu’elle se montra plus qu’évasive dans sa réponse. Warner ne releva pas, de toute façon Eliza alla aussitôt chercher sa boisson et il ne tarda lui-même pas trop à récupérer la sienne. Lorsqu’il revint au niveau de la jeune femme, il suggéra qu’ils y aillent. “Déjà ?” demanda-t-il surpris. Il lui avait semblé qu’elle avait parlé d’une heure toute à l’heure. Le temps passait décidément bien trop vite. “Si tu veux oui. Je te suis, je ne connais pas la route.” Ou peut-être qu’ils reprenaient pas la voiture ? Il avait l’impression qu’ils pouvaient tout faire à pieds ici mais il se trompait peut-être.

Ils vont se mettre en route pour le parc. Ils ont encore trois bons quarts d’heure d’avance, mais le temps qu’ils aillent, Warner a le temps de changer mille fois d’avis. Il a le temps de lui dire qu’en fait, il n’est pas prêt, qu’il regrette d’avoir accepté de la suivre et qu’il préfère rebrousser chemin. Elle ne l’imagine pas faire ça, mais en fait elle ne sait pas à quoi s’attendre. Elle ne s’est jamais vraiment arrêtée, jusqu’ici, pour se demander comment il allait réagir. Si ça allait le retourner ou si ça allait réellement l’aider à voir les choses sous un meilleur angle. C’est ce qu’elle espère, parce qu’encore une fois, elle est convaincue qu’elle a fait les choses correctement et que ce petit voyage ne peut que lui être bénéfique. A sa grande surprise, il accepte de la suivre sans broncher. Ils n’ont pas besoin de reprendre la voiture pour se rendre au parc. Augusta a beau être une capitale d’état, cela reste une petite ville qui n’a que peu d’habitants comparée aux autres villes du pays. Du coup, elle prend la route, à pieds, Warner sur ses talons. Elle garde le silence, il n’a pas l’air intéressé par cette ville qui pourtant lui a beaucoup apporté, et a été très importante pour elle. Le silence lui convient sans problème, c’est peut-être préférable même. Ils n’arrivent pas à avoir de conversation sincère, ou normale tout du moins. Heureusement, le trajet est rapide. Il fait beau ce jour, et le parc est plein. Poppy aperçoit l’aire de jeux de loin, et il n’y a pas beaucoup d’enfants pour le moment. Warner la suit toujours, et elle le mène jusqu’à un arbre un peu éloigné, mais suffisamment près pour qu’ils aient une bonne vue sur l’aire de jeux. « On devrait être bien ici. Si ça te dit. » Rien ne l’oblige à rester avec elle, mais elle en tout cas, elle s’assied et continue de siroter son café. « Si ça t’intéresse, Jodie a dit que tu pourrais lui parler. Si jamais tu as des questions ou... » Elle hausse les épaules, ne termine pas sa phrase. « Peu importe. » Elle n’a pas envie de le perturber encore plus. Elle se sent subitement nerveuse. Pas parce qu’elle s’apprête à revoir leur fille. Non, c’est toujours un réel bonheur pour elle. Elle a juste peur de la réaction de Warner, et de l’impact que tout ceci va avoir sur leur relation déjà bien fragile.

Et voilà, ils étaient déjà en route pour le parc. Warner pensait qu’il avait encore une heure devant lui. Encore une heure pour se préparer mais non, il n’avait plus ça. Et puisqu’ils étaient en route, il était maintenant vraiment trop tard pour qu’il puisse changer d’avis. Il allait voir sa fille quoiqu’il arrive. Il ne se sentait vraiment pas fier et même un peu nauséeux en fait. Tout ça, c’était à cause de stress. Ils y allèrent à pieds confirmant ce que Warner avait pensé, cette ville ne nécessitait même pas qu’on se serve d’une voiture. Il ne fit pas part de cette réflexion à Eliza car il était certain qu’elle aurait très rapidement utiliser ça comme un nouvel avantage de cette ville. Ils ne tardèrent pas à arriver à l’aire de jeux qui étaient relativement calme pour le moment. C’était sûrement dû au fait que l’école n’était pas encore terminée. Ils prirent place à côté d’un arbre, légèrement l’écart. L’endroit idéal en soit. Warnez était au moins d’accord avec Eliza sur ça. Elle précisa ensuite que Jodie, il en déduisit que ça devait être la mère de leur fille, avait dit qu’il pourrait lui parler. Warner hocha vaguement la tête. “Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais lui dire mais d’accord c’est gentil.” Il pourrait toujours essayer de trouver des questions mais la seule qu’il se posait actuellement était de savoir ce qu’il faisait là. Il n’aurait pas dû venir et faire ce trajet, ça n’allait rien lui apporter. En fait, le risque c’était même que cela lui fasse plus de mal que de bien. Il avait une fille mais qui ne serait jamais vraiment sa fille et la voir ne rendrait probablement ce fait que plus réel. “Comment elle s’appelle en fait ?” demanda-t-il finalement. Il imaginait qu’il n’avait pas besoin de Jodie pour répondre à cette question et qu’Eliza devait bien détenir cette information.

Le temps ne passe pas assez vite à son goût. Si elle est contente bientôt revoir Alexis, qu’elle n’a pas vu depuis assez longtemps, elle n’est pas franchement à l’aise avec Warner. Ca n’a rien d’étonnant, mais elle s’était vraiment dit que ce petit voyage était une bonne idée. Elle le pense toujours, mais elle commence à en être de moins en convaincue. C’est de voir son attitude depuis qu’ils sont arrivés qui la fait douter. Depuis qu’ils sont partis, même. Elle lui a pourtant plusieurs fois laissé le choix de faire demi-tour et il est toujours là même si elle sent bien qu’il voudrait être ailleurs. Elle ne le comprend pas du coup, et elle a presque hâte que tout ceci soit terminé. Ca n’a pas franchement l’effet escompté pour le moment… Mais bon, ils sont là et ce n’est pas elle qui va faire marche arrière. Ils s’installent un peu à l’écart, mais suffisamment près pour avoir une bonne vue sur l’aire de jeux, de manière à ne pas louper l’arrivée de leur fille. Ca lui fait bizarre ce terme. Ca ne lui a jamais paru aussi étrange que maintenant qu’il était au courant. C’est la seule chose qui les unit encore, et pourtant c’est la chose qui les a séparé. Un paradoxe un peu triste, mais c’est la réalité de leur relation, ce qui la résume le mieux aujourd’hui. Poppy, elle a vraiment envie que cela change, mais elle ne sait plus quoi faire. Si ce qu’ils font aujourd’hui ne fonctionne, peut-être qu’elle abandonnera. Qu’il faudra qu’elle se rende à l’évidence, qu’elle a tout gâché entre eux et que c’est irrécupérable. Il faudra bien qu’ils avancent à un moment donné, et visiblement, ils ne peuvent plus avancer ensemble. Elle secoue la tête discrètement pour chasser cette pensée et se concentrer de nouveau sur Warner. « T’es pas obligé de lui parler, on peut rester là. » répond-elle en haussant les épaules. Elle, elle savait tout ce qu’elle voulait savoir. « Et elle s’appelle Alexis. » Ce n’est pas elle qui l’a nommée, mais ça ne l’empêche pas de beaucoup aimer ce prénom. « Mais tu sais, il n’est pas trop tard pour partir si t’as plus envie, ou si c’est trop difficile pour toi. Je pensais juste que ça pourrait t’aider à la base, mais je vois bien que ça te fait plus de mal qu’autre chose. »

L’aire de jeux était agréable, encore calme pour le moment mais ça n’allait probablement pas durer. Bientôt, les enfants allaient envahir l’aire et sa fille en ferait très certainement partie. Et la mère de leur fille aussi. Eliza lui avait dit qu’il pourrait lui parler s’il le voulait mais Warner n’était pas certain d’avoir grand-chose à lui dire. “On verra. Mais on est bien là.” Enfin, aussi bien qu’il pouvait l’être en tout cas. Le jeune homme avait finalement demander à Eliza comment s’appelait leur fille. C’était une question qu’il se posait souvent depuis qu’il avait appris son existence. Ca et à quoi elle ressemblait mais cette autre question, il allait pouvoir y répondre par lui-même en la voyant toute à l’heure. Eliza lui répondit qu’elle s’appelait Alexis. C’était un prénom qui sonnait bien. “C’est joli comme prénom Alexis.” répondit-il. Il avait voulu simplement hocher la tête comme il le faisait beaucoup depuis qu’ils étaient partis mais il avait décidé de faire l’effort de faire au moins une phrase. Il avait bien conscience qu’il ne devait pas être d’une excellente compagnie pour la jeune femme. Il espérait qu’elle ne regrettait pas trop de l’avoir emmené là. Elle devait au moins regretter un peu parce qu’elle lui fit rapidement savoir qu’ils pouvaient partir si c’était trop difficile pour lui. “Ce n’est pas que ça ne me fait pas bien, c’est juste que j’appréhende.” lui fit-il savoir. “Mais je veux rester.” Il avait finalement décidé qu’il avait besoin de la voir, même si ça lui faisait plus de mal que de bien, peu importe. “Je suis désolé si je ne suis pas de bonne compagnie tu sais. Je sais que tu veux juste bien faire et je t’en remercie.” Il lui aurait bien dit qu’il essaierait de se rattraper sur le trajet du retour et après avoir vu Alexis mais il n’était pas certain de comment il serait après ça. Il ferait des efforts en tout cas.