right in the feels /warner

Elle a tout de suite su que ça ne lui plairait pas, devoir mentir à sa tante comme ça. C’est son principal reproche depuis quelques semaines, et elle se tire elle-même une balle dans le pied en lui demandant de mentir alors qu’elle redouble d’effort pour lui prouver qu’elle est honnête au fond. Là, clairement, ils vont encore une fois faire deux grands pas en arrière. Il ne semble pas vouloir comprendre aussi, que c’est terriblement compliqué. Sa tante est au courant de toute l’histoire bien sûr, mais elle n’a pas envie de répondre à ses probables futures questions. Elle a juste envie d’une soirée simple et pas trop compliquée. Limite, elle a envie d’aller se coucher tout de suite, pour que le matin arrive plus vite. Elle sait que la soirée ne va pas être si agréable que ça, même si elle est contente de revoir sa tante. A la réponse de Warner, Poppy soupire et lève légèrement les yeux au ciel. « Très bien, disons lui la vérité. Mais si elle te pose des questions qui te mettent à l’aise, tu te débrouilles pour lui répondre. » Elle, elle va se contenter de le regarder galérer. Peu importe après tout. Elle a pas franchement hâte du coup, de toute façon elle n’a pas faim. Mais maintenant qu’elle la prévenue, ils doivent y aller, c’est trop tard pour faire machine arrière. Alors elle attend que Warner ait fini son nouveau verre, termine le sien rapidement, puis se lève pour partir. Il n’y a pas de temps à perdre à présent, peu importe si ça le bouscule un peu. C’est un grand garçon après tout. « Non pas vraiment. Faut y aller en voiture, mais c’est loin. » Alors qu’ils arrivent à la voiture et grimpent dedans, Poppy toujours du côté passager, Warner lui pose une excellente question : qui est-il s’il ne peut pas être Warner. Lui tournant délibérément le dos, regardant par la fenêtre, la jeune femme hausse les épaules. « T’as qu’à lui dire qui tu es si tu y tiens tant que ça, ça m’est égal en fin de compte. » Elle n’a plus la force de se battre avec lui. La route l’a fatiguée, toutes ces émotions l’ont fatiguée. Et elle n’a pas envie de les faire reculer davantage dans leurs efforts. Enfin, ses efforts. Elle ne parle que pour lui indiquer le chemin, et ils arrivent assez vite devant son ancienne maison, un petit pavillon de ville sur deux étages. Sa tante qui a entendu la voiture se garer, est déjà devant la porte et elle lui tend les bras. Poppy s’y dirige rapidement, pleine d’amour et d’entrain soudainement. « Poppy chérie, quel bonheur de te revoir, je ne m’y attendais pas. » dit-elle en le serrant contre elle. Warner l’ayant suivie, sa tante ne tarde pas à le remarquer. Elle se dirige vers lui après l’avoir libérée : « Et vous êtes ? » lui demande t-elle avec un grand sourire. Poppy évite délibérément de croiser son regard pour ne pas influencer sa décision : lui mentir ou lui dire la vérité, peu lui importe à présent. « Vous avez fait bon voyage ? Vous devez être épuisés, avec toute cette route. J’ai préparé quelque chose de tout simple pour ce soir, si vous avez faim bien sûr. Un gratin de pâtes et de légumes. Mais entrez, ne restez pas là ! » dit-elle en leur faisant signe vers l’intérieur. Elle a toujours tendance à beaucoup parler, Rosie, sa tante. Mais c’est ce qui fait son charme, on ne peut pas lui en vouloir.

Nuit difficile en perspective. Warner commencé déjà à regretter de ne pas avoir décidé de rentrer à New-York directement. Enfin maintenant, il était trop tard, il n’était plus capable de conduire. Si vraiment il n’avait pas envie d’aller chez la tante d’Eliza, il pouvait toujours dormir à la belle étoile ou un peu mieux, dans sa voiture. Mais Eliza avait déjà prévenue sa tante de leur venue, il aurait été impoli de changer les plans maintenant. Le jeune homme ne se gêna néanmoins pour faire savoir ce qu’il pensait à Eliza de son habitude à toujours vouloir dissimuler comme elle voulait encore le faire chez sa tante. Ils quittèrent rapidement le bar parce qu’il fallait aller chez sa tante et ils remontèrent dans la voiture. Heureusement que Warner était encore capable de faire de courts trajets. Dans la voiture, Warner voulut savoir ce qu’il allait devoir raconter comme histoire une fois arrivée là-bas. Après tout, s’il fallait qu’il mente pour elle, elle pouvait au moins lui trouver une bonne histoire à raconter. Il n’était pas en état de réfléchir à une histoire maintenant. Il fallait croire qu’Eliza ne l’était pas non plus parce qu’elle lui répondit qu’il pouvait lui dire ce qu’il voulait et que ça lui était égal. “Décidément, t’es vraiment difficile à suivre parfois.” Elle ne savait vraiment pas ce qu’elle voulait.

Soit, le jeune homme suivit les instructions d’Eliza et ils arrivèrent bientôt à destination. Apparemment, la tante de la jeune femme les attendait de pied ferme (ou plutôt, elle attendait sa nièce impatiemment) parce qu’elle était déjà devant la porte. Elle salua très affectueusement sa nièce en l'appelant Poppy. C'était nouveau ça, ça venait de sortir ? Le jeune homme n'avait même pas envie d'essayer de comprendre. De toute manière, il avait d'autres soucis à régler parce que la femme venait de lui demander à Warner qui il était. Pour le coup, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était censé répondre. Il chercha le regard d’Eliza mais celle-ci semblait éviter son regard. “Je suis Warner. Hm, enchanté.” répondit-il alors. Il n’avait pas su quoi dire d’autres pour dire qui il était donc il imaginait que son prénom ferait l’affaire. La tante les invita à entrer et Warner la suivit donc à l’intérieur. “Désolé pour le dérangement en tout cas, c’est gentil de nous accueillir comme ça au dernier moment.” Et c’était gentil de leur offrir à manger comme ça même si Warner n’avait vraiment pas faim. En tout cas, Warner ne se sentait vraiment pas à sa place ici, il était vraiment pressé d’en finir avec cette nuit.

Ils sont donc en route pour aller chez sa tante, Rosie. La tension est palpable dans la voiture, Poppy refuse catégoriquement de regarder Warner et ne lui parle que pour lui donner des directions. C’est terrible par jusqu’ici, elle était résolue à faire des efforts et là, elle n’en a plus du tout envie. Certes, elle a fait exactement ce qu’il lui avait reproché tout ce temps, mais il n’a même pas essayé de la comprendre. Et elle, elle a plus du tout envie d’essayer ce soir. Ils vont manger et aller se coucher. Il n’aura qu’à dormir sur le canapé, et elle pourra retrouver son ancienne chambre. Ce sera très bien comme ça, et pour le coup, elle a presque envie de sauter le dîner. Mais bon, sa tante s’est donné du mal pour leur faire à manger et elle ne veut pas paraître impolie. Lorsqu’ils arrivent à destination et dès qu’elle la voit, Poppy se sent de meilleure humeur. Elle lui court dans les bras et la serre fort. C’est un peu sa seule famille aujourd’hui, elle n’a plus de nouvelles de ses parents, Daisy ou Asher depuis des années… Elle se met en retrait pour la saluer Warner, et évite bien de le regarder pour ne pas influencer son choix lorsqu’il lui demande qui il est. Il répond finalement qu’il est “Warner”, tout simplement, et Poppy voit que ce prénom dit quelque chose à sa tante. Peut-être qu’elle fera le lien, peut-être pas. Elle espère pas, parce qu’elle a vraiment pas le courage de répondre à ses questions. « Warner… Vous connaissiez Poppy en Angleterre c’est bien ça ? Je suis Rosie, ravie de vous accueillir tous les deux chez moi. » Elle lui demande à lui, mais Poppy hoche la tête quand même. Changer de sujet et ne pas chercher plus loin, c’est ce qu’il faut qu’elle fasse. Mais sa tante reprend et ne lui laisse pas le temps de parler. « Vous devez être épuisés avec toute cette route. » leur demande-t-elle alors qu’ils entrent tous les deux dans la maison, la suivant jusqu’au séjour où la table est déjà dressée. Elle a fait vite. « Oui, c’est vrai que dormir ne nous ferait pas de mal. » Elle jette un léger coup d’oeil à Warner, il va sans doute la trouver malpolie de dire ça, mais elle ajoute : « J’ai pas franchement faim d’ailleurs, j’ai juste envie d’aller dormir. Je pense que je vais pas trop trainer à table, on a de la route qui nous attend demain matin, et c’est mieux si on part tôt. » Sa tante a l’air déçue sur le coup, mais elle n’en perd pas sa bonne humeur. « Quel dommage, je me faisais une joie de prendre un peu de tes nouvelles. Surtout que c’était pas prévu ? Qu’est ce qui vous a amené ici d’ailleurs ? » Encore une fois, Poppy elle a pas envie de répondre, parce qu’elle veut laisser le choix à Warner. Alors elle se tourner vers lui, l’invitant du regard à répondre à sa question.

Le fait était que Warner n’en menait pas vraiment large en arrivant chez la tante d’Eliza. Il ne se sentait pas vraiment à sa place et surtout, il ne savait pas vraiment ce qu’il pouvait dire ou pas. La jeune femme n’avait pas été très claire là-dessus. La tante d’Eliza les accueillit à bras ouverts. Bien sûr, elle demanda rapidement à Warner qui il était et celui-ci répondit simplement en donnant son prénom. Ca ferait bien l’affaire pour le moment. Evidemment, la tante d’Eliza releva son accent, en tout cas Warner imaginait que c’est pour ça qu’elle lui demanda ensuite s’il commençait Poppy en Angleterre. Warner était tenté de lui répondre que non il ne connaissait pas et n’avait jamais connu de Poppy mais il s’abstint parce que cette femme, Rosie, se montrait très gentille et qu’il n’avait pas envie de discuter de ce nouveau prénom. “Oui c’est effectivement de là que je connais Poppy.” répondit-il simplement même s’il avait déjà vu qu’Eliza avait hoché la tête en guise de réponse. “Merci encore de nous accueillir Rosie.” Il fut ensuite question de la route et du fait qu’ils devaient être fatigués, Warner laissa Eliza répondre et faire la conversation. Néanmoins, la conversation n’allait pas durer très longtemps, Eliza était fatiguée et mentionna très rapidement à Rosie son désir de ne pas trop traîner à table et ajouta que c’était mieux s’ils partaient tôt le lendemain. Apparemment, Warner n’avait pas vraiment son mot à dire sur cette question là même si c’était lui qui conduisait. “Mais non, on n’est pas si pressé que ça en vrai, ne vous inquiétez pas.” Warner se voulait rassurant pour la tante de Poppy et il faisait ça aussi un peu par esprit de contradiction, il fallait bien à le dire. Quant à la raison qui les amenait là… c’était le moment d’inventer une histoire si on suivait ce qu’Eliza voulait ? Sauf que Warner n’avait aucune idée d’histoire en tête et que raconter un mensonge aurait été hypocrite. Il ne pouvait pas reprocher à Eliza de toujours raconté des histoires et en faire de même juste parce que c’était plus simple. “On a prévu ça un peu au dernier moment oui, Eliza m’a proposé de voir Alexis.” Voilà, c’était dit. Maintenant, il répondrait aux questions s’il y en avait et puis tant pis. Il sentait bien qu’il était tout seul là-dedans et qu’il ne recevrait pas beaucoup de soutien de la part de la jeune femme. Mais bon, s’il n’arrivait pas à gérer là alors que Rosie devait bien connaître le gros de l’histoire, il ne voyait pas comment il pourrait affronter sa soeur et son frère quand il aurait besoin de leur en parler. Car il ne doutait pas que ce soit quelque chose qui allait arriver.

Warner a décidé de dire la vérité. Enfin, il ne s’est pas trop mouillé, pour le moment il a juste donné son prénom, et Rosie a légèrement tiqué. Elle lui en a déjà parlé, et les Warner, ça ne court pas les rues alors forcément, le calcul est vite fait. En bon élève honnête, il confirme qu’il vient effectivement d’Angleterre et qu’ils se connaissent depuis plusieurs année. Sa tante ne semble pas en faire cas puisqu’elle ne répond rien, se contentant de hocher la tête. Elle n’a peut-être pas envie de s’épancher sur le sujet comme elle sait que c’est compliqué pour sa nièce. Enfin, elle n’en sait rien, mais elle lui en est très reconnaissante. Peut-être qu’elle se faisait du souci pour rien en fin de compte. Mais sur le moment, ça ne l’empêche pas de vouloir en finir au plus vite avec ce dîner. En fait, elle n’a même pas envie de le commencer, elle a juste envie d’aller dormir. Elle a bien consciente d’être malpolie, mais elle est épuisée. Ca a été plus dur qu’elle ne l’aurait imaginé aujourd’hui, et elle a hâte que la journée se termine. Bien sûr, Warner étant Warner, il tient visiblement à tout faire pour la contrarier. Et elle a tout fait conscience de réagir comme une enfant en pensant ça, mais elle ne peut pas s’en empêcher. Un peu perdue, Rosie regarde l’un et l’autre successivement, comme si elle a du mal à suivre. « Si vous n’avez pas faim ce n’est pas grave, ce sont des restes de toute façon, je peux les remettre au frigo. » tente-t-elle de les rassurer. Poppy lui en est très reconnaissante, mais elle sait que ce ne sera pas si facile que ça. Warner, à tous les coups, va encore lui mettre des bâtons dans les roues. « Vous partagez ta chambre Poppy, ou l’un de vous deux dort sur le canapé ? » Poppy doit réprimer un rire de surprise. Partager une chambre, comme si c’était réaliste, à l’heure actuelle. « Je suis désolée, ce n’est pas très grand ici je n’ai que deux chambres. » « Le canapé ira très bien à Warner, t’en fais pas. » Et pour le coup il n’a pas son mot à dire. Pus loin de lui elle sera cette nuit, mieux elle se portera. Surtout que bon, il continue à faire exactement le contraire de ce qu’elle lui a demandé, même si elle s’est un peu contredite elle-même. Mais bon, là il vient de mentionner Alexis et forcément, Rosie va tiquer. En fait, Poppy voit l’exact moment où elle fait le lien entre Warner et Alexis. Comme si elle avait découvert le secret pour la vie éternelle. « Oh, mais vous êtes... » Poppy la coupe immédiatement. « Oui c’est lui, mais ce n’est pas une très bonne idée d’en parler. On en parlera… plus tard. » Elle essaye de la rassurer du mieux qu’elle le peut, pour qu’elle n’en dise pas plus. Rosie étant Rosie, elle hoche la tête avec un sourire qui se veut rassurant lui aussi. « Très bien. Si vous n’avez pas faim je vais aller me coucher alors, j’ai eu une longue journée. » Elle commence à prendre le plat qu’elle avait posé sur la table pour le ramener dans la cuisine. Poppy la suit pour l’aider à débarrasser. « Mais si jamais vous avez faim n’hésitez pas à vous servir. » Elle range le plat, puis se tourne vers Poppy pour la prendre dans ses bras. « Bonne nuit alors, on se voit demain matin. Bonne nuit Warner, j’espère que ça ira sur le canapé. » Avec un dernier sourire, elle disparaît, les laissant de nouveau seuls tous les deux. Poppy se tourne alors vers Warner. « Si t’as faim vas-y, mais on va d’abord préparer ton lit comme ça je pourrai aller me coucher. » Elle n’a qu’une hâte, c’est s’éloigner de lui au plus vite.

Warner avait finalement décidé. Comme Eliza n’avait pas été très claire dans ses intentions et n’avait pas arrêté de changer d’avis à ce sujet, le jeune homme avait finalement décidé de dire la vérité. Enfin pour le moment, il avait simplement dit son prénom mais il avait aussi ajouté qu’ils n’étaient pas si pressés que ça de manger pour contrarier Eliza qui avait si envie d’aller au lit rapidement. La tante de la jeune femme ne releva néanmoins pas trop puisqu’elle leur fit savoir qu’il s’agissait de restes et qu’elle pouvait les remettre au frigo sans problèmes. Elle posa ensuite une question gênante en demandant s’il partageait la chambre d’Eliza ou s’il dormait sur le canapé. Comme s’il allait partager la chambre d’Eliza. Ce n’était possible sur aucune planète ni dans aucuns mondes alternatifs. Eliza répondit à sa place que le canapé lui irait très bien et Warner hocha la tête pour le confirmer. Quand il rouvrit la bouche, ce fut pour expliquer la vraie raison qui les amenait là et il vit que Rosie comprenait peu à peu qui il était. Bien sûr, Eliza la coupa aussitôt en disant qu’elles pourraient en parler plus tard mais Warner pensait que plus tard équivalait à jamais dans son langage. En tout cas, le jeune homme trouvait toujours qu’elle était extrêmement impolie même si c’était sa tante et que celle-ci devait avoir l’habitude. Comme Eliza avait coupé court à toute conversation et n’avait pas faim non plus, sa tante décida d’aller se coucher. Avant qu’elle s’en aille, Warner la remercia une dernière fois de les accueillir et lui souhaita une bonne nuit. Une fois qu’elle eut disparu, Eliza se tourna vers lui en disant qu’elle allait d’abord préparer son lit pour pouvoir aller se coucher. Le jeune homme soupira, vaguement agacé. “Ca valait le coup de me faire partir du bar aussi vite, merci.” Non parce qu’elle l’avait fait partir pour manger et au final, ils ne mangeaient pas. Le jeune homme aurait de loin préféré rester là-bas. “Très bien, allons-y.” Il ne tarda pas à trouver le canapé et chercha un moment comment il fallait qu’il se déplie mais tout ses essais se révélèrent infructueux. “Rassure moi, il se déplie au moins ?” demanda-t-il pour vérifier. “Parce que je peux t’assurer qu’il est trop petit pour moi sinon ?” Mais bon, il pouvait toujours dormir dans sa voiture, c’était toujours plus chaleureux que de rester là avec Eliza.

Elle s’en veut quand même un peu, Poppy, de la façon dont elle a congédié sa tante. Elle ne l’a pas fait directement, elle l’a plutôt poussée à partir d’elle-même, en lui faisant bien comprendre qu’elle voulait en rester là. Si Warner n’avait pas été là, elle aurait pu rester à lui parler toute la nuit sans aucun problème. Elle n’avait pas vu sa tante depuis bien trop longtemps et elle avait beaucoup de choses à rattraper. En fait, elle aurait bien besoin de lui parler de Warner, dans tous les détails possibles. Mais en sa présence, c’était compliqué. Puis elle n’avait pas envie qu’il s’immisce trop dans sa nouvelle vie. Il faisait partie de son passé et ça devait rester comme ça, dans le passé.
Sa tante partie, Poppy ne perd pas de temps : elle veut qu’ils s’occupent de monter le lit de Warner le plus vite possible pour qu’elle puisse aller s’isoler et essayer de penser à autre chose qu’à cette soirée catastrophique. Ca n’avait pas trop mal commencé pourtant, mais comme ça ne pouvait jamais durer entre eux, tout était parti dans une mauvaise direction. Elle en avait été responsable mais ça ne l’empêchait pas d’en vouloir un peu à Warner. Il n’avait visiblement pas envie que ça marche s’il faisait marche arrière au moindre petit écart. Tant pis, au moins elle allait arrêter de perdre son temps avec lui. Mais apparement, elle est coincée avec lui pour un petit moment de plus, puisqu’il n’arrive pas à déplier le canapé. En le voyant galérer, Poppy soupire, et décroise les bras qu’elle avait croisés en l’observant faire. Elle le rejoint rapidement, et essaye à son tour de faire ce qu’il n’a pas réussi à faire. « C’est… pourtant… pas… compliqué. » dit-elle, chaque mot entre coupé par un mouvement de sa part, essayant de tirer la partie lit du canapé à elle, sans succès. Elle réessaye une fois, deux fois, trois fois. Sans plus de succès. Perplexe, elle se gratte la tête et reste à genou, à terre, puis lance un regard à Warner. « Il est censé se déplier, mais il est vieux. Il doit être coincé. » C’est bien leur chance à tous les deux. « Aucune chance pour que tu dormes par terre hein ? » Quand bien même il disait oui, elle ne peut pas le laisser faire ça. Il doit quand même conduire six heures le lendemain. Le réalisant, elle soupire et se relève, puis prend la direction de l’étage. « Suis-moi. » Sans regarder s’il la suit, elle monte dans sa chambre. Ils vont devoir partager un lit en fin de compte.

La présence de la tante d’Eliza avait été de courte durée. Il fallait dire que la jeune femme s’était montrée extrêmement impolie donc sa tante avait fini par se sentir trop indésirable et aller se coucher. Warner la comprenait, lui aussi il avait envie d’aller se coucher et de prendre des vacances d’Eliza. Il avait pourtant fait des progrès au début mais dès qu’il avait été question de venir ici, tout avait un peu dégénéré. Warner se demandait à présent comment il allait faire pour pouvoir supporter le trajet du lendemain.

Soit, il y songerait plus tard, pour le moment, la priorité était de réussir à défaire ce canapé mais apparemment, c’était une mission qui s’annonçait hardue. Malgré tous ses essais, Warner n’avait remporté aucun succès pour le moment donc il demanda à Eliza si c’était vraiment un canapé qui se dépliait. Parce que dans l’immédiat, il avait l’impression de s’acharner sur le canapé pour rien. La jeune femme l’avait regardé faire jusque là mais Warner voyait bien qu’elle le prenait un peu pour un imbécile à ne pas réussir à défaire ce canapé. Quand elle essaya à son tour, elle ne rencontra néanmoins pas plus du succès, même si elle lui assurait en même temps que ce n’était pas compliqué. Elle finit par s’avouer vaincu et expliqua qu’il devait être coincé. Bien sûr, il fallait que spécialement ce soir, le canapé soit coincé alors qu’ils en avaient besoin. Warner reconnaissait bien là le mauvais hasard qui les poursuivait depuis qu’ils s’étaient retrouvés la première fois. Eliza demanda alors s’il pouvait vouloir dormir par terre. Warner fronça les sourcils mais ne fit pas l’affront de répondre à une question aussi stupide. C’est lui qui devait conduire demain donc si quelqu’un devait dormir par terre, ce serait plutôt elle. Avant qu’il ait eu le temps de proposer une solution alternative, la jeune femme lui dit de le suivre et il s’exécuta, sans trop savoir pourquoi. Il la suivit jusque dans sa chambre et soupira. Il n’allait certainement pas dormir là, il n’y avait aucune chance qu’il réussisse à dormir en étant aussi près d’elle comme ça. “Tu sais quoi, ça ne fait rien, je pense que je vais dormir dans ma voiture. Ou peut-être que je peux encore essayer de trouver un hôtel.” Il avait dit ça d’un ton un peu hésitant car il n’était certain que ça puisse arriver dans cette ville. “Je suis désolé, rester ici était une mauvaise idée, on aurait dû rentrer aussitôt.” Il aurait pu boire en arrivant et aurait même eu la chance d’avoir son propre lit. Grand luxe.

A croire qu’à présent, rien ne peut bien aller pour eux. Comme s’ils n’ont plus le droit d’être tranquilles quand ils sont tous les deux. Ils ont pourtant vécu assez de choses compliquées tous les deux mais non, le destin semble s’acharner. Peut-être qu’il essaye les réunir, ils ont été coincés dans un ascenseur et là tout pousse à croire qu’ils vont devoir partager le même lit, ou en tout cas la même chambre. Pourtant, ça ne fait que les séparer davantage. Ils n’arrivent plus à être ensemble sans que ça ne parte en conflit. Il s’est passé trop de choses entre eux pour qu’ils arrivent à retrouver une relation normale. Ou en tout cas, ça ne sera pas le cas tout de suite. C’est fatiguant, leur relation. Peut-être qu’ils doivent arrêter d’essayer. En tout cas Poppy, elle a bien compris le message. Dès qu’ils seront rentrés à New York, elle passera à autre chose. Ce sera difficile, mais elle n’en peut plus de ce conflit. De faire des efforts qui se retrouvent immédiatement anéantis. C’est beaucoup trop dur.
A sa grande surprise, il la suit jusque dans sa chambre. Il ne semble pas réaliser tout de suite ce que cela implique, mais il se rend assez vite compte, et Poppy doit se retenir de lever les yeux au ciel. « Fais pas l’enfant, il te faut une bonne nuit de sommeil pour pouvoir conduire demain. » Elle ne prendra pas la route avec lui s’il y a le moindre risque pour qu’il s’endorme au volant. « Et bonne chance pour trouver une chambre à cette heure-ci et à une telle période. Il y a un festival en ville et tous les hôtels sont probablement complets. Puis t’a bu, tu vas pas reprendre la voiture maintenant. » Il a bu et il est en colère, une excellente combinaison. Non, il vaut mieux qu’il reste ici. « Ca ne me fait pas plus plaisir qu’à toi, mais on pas le choix. » Clairement, ils auraient mieux fait de partir, elle aurait dû insister pour qu’ils reprennent la route tout de suite. « Ouais bah c’est trop tard pour y penser, maintenant faut assumer. » Sur ce, elle se met à fouiller dans un placard. Il reste quelques vêtements ici, elle va pouvoir trouver quelque chose pour lui faire office de pyjama. Elle attrape également une serviette de bain, puis se tourne vers Warner. « Je vais aller prendre une douche, tu pourras y aller après si tu veux. » Elle en a bien besoin après une telle journée. Peut-être qu’elle réussira à mieux dormir, même si avec Warner tout près, ça risque d’être compliqué.

Warner ne savait même pas pourquoi il était étonné de voir que le canapé ne se dépliait pas. C’était prévisible franchement, la situation n’était pas assez pénible, il fallait en rajouter. Le destin s’acharnait vraiment sur lui. Ou sur eux, puisqu’Eliza n’avait pas l’air plus ravie de la situation que lui. Elle lui demanda de le suivre et sans savoir pourquoi, le jeune homme s’exécuta. Il se retrouva alors dans la chambre de la jeune femme où il n’avait absolument pas l’intention de rester. Franchement, il ne pouvait peut-être pas dormir par terre mais il pouvait bien dormir dans la voiture. Ou même trouver un hôtel. Eliza sembla balayer ses protestations en disant qu’il avait besoin d’une bonne nuit de sommeil pour conduire demain. C’était drôle d’entendre ça de la bouche de la fille qui avait voulu le faire dormir par terre. En plus, il ne passerait pas une bonne nuit là, même s’il avait un lit. Néanmoins, l’hôtel n’était apparemment pas envisageable non plus, il avait fallu qu’il vienne pile au moment où il y avait un festival en ville. Super. Et elle ne voulait pas qu’il conduise parce qu’il avait bu. “Techniquement, je n’ai pas plus bu que quand j’ai conduit entre le resto et ici.” souligna-t-il quand même. Enfin à ce moment-là, il savait où il allait et c’était un peu différent d’errer dans la ville désespéré à la recherche d’un hôtel. Mais soit, il ne voyait pas bien ce que ça pouvait lui faire de toute manière. Comme il voulait éviter une énième bataille, il arrêta de protester et hocha finalement la tête. “Très bien, je reste alors.” Elle pouvait être heureuse, elle avait gagné. Enfin non, elle ne l’était pas parce qu’elle n’avait pas plus envie que lui qu’il reste là, il le savait. Il s’excusa finalement. Pas de s’être à nouveau énervé et d’avoir fait tout le contraire de ce qu’elle lui demandait avec sa tante, non ça, il ne ressentait pas le besoin de s’excuser à ce propos. En revanche, il était désolé d’avoir voulu rester là. Il ne savait pas comment il avait pu penser l’espace d’un instant que c’était une bonne idée. Eliza disparut finalement pour prendre une douche et Warner resta seul dans la chambre. C’était le moment ou jamais de partir pour aller dormir ailleurs maintenant qu’elle était occupée dans la salle de bain mais le jeune homme ne bougea quand même pas. Elle pourrait croire qu’il l’avait vraiment abandonné là si il partait alors que la situation était si tendu entre eux. A la place, il observa la chambre d’un air curieux. C’est là qu’elle avait vécu pendant un moment après tout. Il releva la tête quand il entendit du bruit, apparemment Eliza était revenue de sa douche. “Je suis toujours là.” lui fit-il savoir au cas où elle aurait pu douter de ça pendant qu’elle était à la douche. Lui, en avait douté très brièvement en tout cas. “Tu sais, j'y ai réfléchi et je ne suis pas sûr de réussir à dormir dans tous les cas...” Donc il pouvait la laisser tranquille pour qu'au moins une personne dorme.