right in the feels /warner

L’heure fatidique approche à grands pas et Poppy ressent un mélange d’excitation et d’appréhension. Revoir Alexis est toujours un moment de bonheur pour elle. Il ne faut pas croire qu’elle n’en a plus rien à faire parce qu’elle a préféré la faire adopter. Qu’elle le veuille ou non, elle sera toujours liée à cette petite, et ça ne la dérange pas. Elle n’est même pas contre le fait de revenir dans sa vie un jour, si elle désire. Si ses parents décident de lui parler d’elle, si elle arrive à comprendre pourquoi elle l’a “abandonnée”. Si elle ne lui en veut pas trop. Beaucoup de si, mais une seule certitude : Poppy est prête à toute éventualité et sûre d’elle. Contrairement à Warner, pour le moment. Mais elle est convaincue que ça ira mieux dans quelques minutes, quand Alexis et Jodie apparaîtront sur l’aire de jeux. Il n’a peut-être pas de questions à poser pour le moment, mais elle sait que ça viendra. « Elle le porte très bien. » Elle était vraiment belle, et elle ne le pensait pas simplement parce qu’ils s’agissait de sa fille. Elle avait de grands yeux bruns, et une belle chevelure blonde. Un beau mélange d’eux deux.
« Restons, alors. » Warner semble décidé à présent. Toujours un peu anxieux, mais ça l’air d’aller mieux. Il lui dit qu’il comprend pourquoi elle fait tout ça, et même qu’il apprécie. Elle a un peu de mal à y croire pour le coup, mais elle ne peut s’empêcher de sourire légèrement, pendant un quart de secondes. Elle sent bien que leur relation est en train de s’améliorer. Petit à petit, il avance, et elle en est contente. Pas seulement pour elle, mais surtout pour lui. Ca veut dire qu’il commence à aller mieux. « Je peux comprendre. Je savais que ça ne serait pas facile pour toi mais t’es pas seul hein. Je sais que je suis pas le soutien dont tu aurais pu rêver, mais je suis là et je comprends. » Elle le voit déjà lui répliquer que elle, elle a choisi tout ça. Mais ça n’a pas été une décision facile à prendre, même si ça lui a paru évident pour le coup. Soit. Elle regarde sa montre et constante que l’heure approche. Il ne reste plus longtemps, et d’ailleurs, elle relève la tête comme ça, pour vérifier qu’elles ne soient pas déjà là. Et c’est le cas, elle les repère près du toboggan. Doucement, elle pose sa main sur le bras de Warner. « Si t’es prêt, elles viennent d’arriver. La grande brune avec la petite fille blonde, près du toboggan. »

Sa fille s’appelait donc Alexis. C’était vraiment un joli prénom qu’elle portait bien en plus d’après Eliza. Mais pour l’instant, Warner n’en savait trop rien. Il lui restait encore à mettre un visage sur ce prénom. Et après maintes réflexions, il avait finalement décidé qu’il voulait ne voulait pas faire demi-tour et la voir. Il n’aurait peut-être pas le courage de voir la mère et de lui parler mais il voulait au moins apercevoir sa fille.

Pendant qu’ils étaient encore en train d’attendre, le jeune homme en profita pour s’excuser auprès d’Eliza si sa compagnie n’était pas des plus agréables. Il savait qu’elle avait voulu faire bien avec cette journée et il voulait qu’elle sache qu’il appréciait son geste. Et ce, même s’il n’était pas capable de lui montrer correctement. Ce n’était pas contre elle, il était juste anxieux. La jeune femme sembla accepter ses excuses et lui fit savoir qu’il n’était pas seul. Certes, elle marquait un point là mais comme le souligna Eliza juste après, Warner n’avait pas forcément envie d’aller chercher du soutien de sa part à elle. Il avait beau avoir fait du chemin et ne plus lui en vouloir autant, il la jugeait toujours en partie responsable de la situation. Il n’avait néanmoins pas envie de lui rappeler ça là. Il hocha donc la tête. “Merci. Je m’en souviendrais si j’ai besoin.” Il y avait peu de chance que ça arrive un jour mais il s’abstint d’ajouter ça. De toute façon, son attention fut bientôt détourné par Eliza qui lui indiqua que près du toboggan se trouvait sa fille. Warner n’était absolument pas prêt mais il ne pouvait plus reculer maintenant parce qu’il la voyait. La petite blonde qui jouait en toute insouciance près du toboggan, c’était sa fille. Il ne savait pas trop ce qu’il ressentait actuellement, tout un tas de sentiments différents déferlait en lui. “Tu avais raison, elle porte bien son nom.” dit-il au bout d’un moment quand il retrouva l’usage de la parole. “Elle te ressemble je trouve...” Même s’il n’avait jamais connu Eliza à cet âge-là, il était sûr qu’elle ressemblait exactement à ça.

Elle beau ne pas être le soutien dont il aurait pu rêver, elle est la seule personne qu’il ait pour le moment. La seule qui peut un tant soit peut comprendre ce qu’il vit. Elle ne lui dit pas parce qu’il lui répondra que non, elle ne peut pas comprendre. Qu’elle, elle a eu six ans pour s’y faire, que c’est elle qui a pris la décision qui les a mis dans cette situation. Qu’elle n’a pas le droit de s’approprier sa souffrance. Peut-être qu’il ne lui dirait rien de tout ça, peut-être même que ça ne lui viendrait pas à l’esprit, mais vu l’état de leur relation en ce moment, elle n’a aucun mal à l’imaginer. Cela dit, il semble y avoir du mieux. Il ne respire plus la colère comme avant, elle voit bien qu’il est au moins un peu reconnaissant de ce qu’elle a fait aujourd’hui. Il lui a d’ailleurs dit et elle n’aurait jamais pensé entendre ça un jour de sa part. Comme quoi le temps commence à faire son oeuvre.
Mais là, Alexis et sa mère viennent tout juste d’arriver. Elles jouent près du toboggan, et Poppy a du mal à détacher ses yeux de la petite dans un premier temps. Son coeur se serre légèrement de la voir si heureuse. C’est dans ces moments-là qu’elle se rassure sur sa décision et se dit qu’elle n’aurait pas pu rêver mieux pour sa fille. Elle espère que Warner va enfin le comprendre. Elle le prévient de son arrivée, et l’observe pendant qu’il la regarde. Elle n’arrive pas trop à lire ce qu’il ressent, mais il reste silencieux un long moment. Un silence qu’elle n’ose pas briser. C’est son moment à lui, elle n’a pas envie de le presser ou de tout gâcher. « Oui, elle me ressemble. » répond-elle avec un léger sourire. « Mais j’imagine qu’elle a un peu de toi aussi. Les yeux, pour sûr. » Ils étaient peut-être un peu loin pour le voir cela dit. « Comment tu te sens ? Tu veux que je te laisse seul un peu ? » S’il avait besoin d’espace, elle pouvait le comprendre. La dernière chose qu’elle veut, là, maintenant, c’est de s’imposer.

S’il avait dû choisir qui il aurait voulu en guise de soutien aujourd’hui, Warner n’aurait certainement pas choisi Eliza. Il aurait choisi… en y réfléchissant, il se rendit compte qu’il n’avait pas la moindre idée de qui il aurait pu choisir. Il pensa vaguement à sa soeur, mais elle était loin et elle n’aurait certainement pas compris. Pareil pour Wade. Quelque part, il comprenait un peu mieux ce qu’Eliza avait voulu dire à l’instant. Elle avait peut-être choisi tout ça, elle, contrairement à lui. Il n’en restait pas moins qu’elle était la personne la plus à même de la comprendre face à cette situation. Et il n’était pas sûr que cette idée lui plaise car la dernière chose qu’il voulait à présent c’était avoir besoin d’elle pour quoique ce soit. Et s’il voulait s’en soutien ça voudrait en partie dire qu’il avait besoin d’elle.

Il n’eut pas le loisir de pousser ses réflexions plus loin car Eliza interrompit le fil de ses pensées en lui désignant le toboggan. Sa fille était arrivée avec sa mère adoptive, et elle était là. Warner sentit son coeur se serrer en la voyant. Elle était parfaite. C’est une des premières pensées qu’il eut lorsqu’il fut capable de penser à nouveau normalement. Elle était tellement jolie et aussi le portrait craché d’Eliza. Elle avait le même sourire par exemple. Parce qu’il ne l’avait pas vu depuis très longtemps mais vu qu’elle avait l’air de s’amuser beaucoup, elle souriait aussi beaucoup. Eliza lui fit savoir qu’elle avait aussi un peu de lui, enfin c’était ce qu’elle imaginait. Il imaginait que c’était le cas oui. C’était sa fille, elle avait forcément un peu de lui. Il espérait néanmoins pour son bien qu’elle n’avait pris que le meilleur. Apparemment, elle avait ses yeux. Warner aussi les épaules. “Je ne sais pas, je ne vois pas si souvent mes yeux.” C’était assez compliqué quand même, il ne les voyait que quand il se regardait dans le miroir. La jeune femme lui demanda ensuite comment il se sentait et s’il voulait qu’elle le laisse seul. Il n’était pas capable de répondre sur comment il se sentait, en revanche, il savait qu’il n’avait aucune envie de rester seul maintenant. “Non, reste. S’il te plaît.” dit-il simplement avant de continuer à observer sa fille. Il ne sut pas combien de temps il resta exactement là, sans rien dire, juste à regarder sa fille. Il aurait probablement pu rester pendant des heures mais ça n’aurait servi à rien. Il avait devant lui une fille parfaitement heureuse et qui ne manquait de rien et surtout pas d’amour. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour le voir. Est-ce qu’elle aurait pu être heureuse si les choses s’étaient passé autrement ? Il n’en savait rien et il ne pouvait pas se torturer l’esprit avec ça. Ca n’allait rien lui apporter de bon. “Allons-y.” décida-t-il au bout d’un moment, il ne savait pas trop combien de temps. “A moins que tu ne veuilles rester plus longtemps ? Ou parler à Jodie ?” Il ne le souhaitait pas lui mais ça ne voulait pas dire qu’Eliza ne le voulait pas non plus. Après tout, elle aussi avait fait tout ce chemin pour venir jusqu’ici.

Elle se sent subitement mieux lorsqu’elle voit Alexis. Elle n’est pas venue ici depuis plusieurs années et ça lui fait tout drôle de la voir si grande. Elle a six ans aujourd’hui, le temps passe affreusement vite. C’est difficile de voir son évolution à travers les photos, elle en a régulièrement, mais c’est beaucoup plus frappant en vrai. Elle ne peut s’empêcher de poser les yeux sur Warner, discrètement. Elle a envie de voir ce qu’il ressent en voyant leur fille. Elle n’arrive pas à s’imaginer ce qui peut lui passer par la tête. C’est tellement frais pour lui, tout ça. Ca ne fait que quelques semaines qu’il sait qu’il a une fille, et la première fois qu’il l’a voit, elle a déjà six ans. Il doit être complètement perdu, et elle espere vraiment que la voir ne lui a pas fait trop de mal. Ca aurait l’effet contraire que ce qu’elle recherchait en l’emmenant ici. Quoi qu’il en soit, il reste silencieux pendant de longues minutes à l’observer. Elle ne sait pas combien de temps ça dure, et cela lui importe peu. C’est son moment à lui, elle n’a pas le droit de lui voler. Alors elle reste silencieuse elle aussi, et continuer de l’observer. Au bout d’un moment, il reprend la parole, brisant le silence qui les avait jusque là enveloppés comme un cocon. Revenir à la réalité est difficile, mais elle reprend quand même assez vite ses esprits. « Non, allons-y. » dit-elle en se relevant. « Comment tu te sens ? » Elle tenait à lui redemander ça parce qu’il n’avait pas répondu la première fois. Elle était un peu inquiète quand même, mais elle essayait de ne pas trop le montrer. Le trajet jusqu’à la voiture se fait en silence, et au moment de grimper du côté passager, la jeune femme se stoppe net. « Tu veux qu’on reprenne la route tout de suite ou on mange quelque part avant ? Ou on peut aussi manger sur la route. » Il y avait encore six heures pour rentrer jusqu’à New York alors autant reprendre la route tout de suite, selon elle. Ils auraient tout à fait pu passer la nuit ici, c’est sans doute ce qu’elle aurait fait si elle avait pu, ou si elle était venue toute seule. Elle n’était même pas passée dire bonjour à sa tante. Mais bon, elle n’avait pas voulu imposer ça à Warner, et elle devait aller travailler le lendemain.

Au final, Warner ne fit pa grand-chose quand il vit sa fille. Il se contenta de rester là, près de son arbre sans bouger, simplement à l’observer. Il avait perdu toute notion du temps et il était incapable de dire exactement combien de temps il resta là, sûrement un moment car certains enfants avaient commencé à partir quand il reprit la parole, décidant qu’il était sûrement temps pour eux de partir aussi. Il l’avait vu, c’était bon. Il ne servait vraiment à rien de s’éterniser ici. Toutefois, si Eliza voulait rester plus longtemps ou parler à Jodie, il était prêt à attendre plus longtemps. Ca ne le dérangeait pas, elle aussi avait fait tout le chemin. Mais apparemment, elle était prête à partir aussi. Elle lui demanda à nouveau comment il se sentait mais Warner ne savait toujours pas vraiment quoi répondre. “Je ne sais pas vraiment à vrai dire.” avoua-t-il en toute sincérité. “Je suis un peu perdu là.” Il ne savait pas trop ce qu’il pensait: sa fille était parfaite et il été content de l’avoir vu. Mais en même temps, il ne se sentait pas très bien car il avait conscience que même si c’était sa fille, il ne serait jamais un père pour elle pour autant et même s’il avait l’air plus qu’heureuse, c’était quand même difficile à accepter.

Ils continuèrent de marcher jusqu’à la voiture en silence, Warner essayait toujours de mettre de l’ordre dans ses idées mais ce n’était pas une tâche facile. Ils arrivèrent bientôt jusqu’à la voiture et Eliza lui demanda s’il voulait manger un truc avant de partir ou s’il voulait manger sur la route. En toute honnêteté, il n’avait pas vraiment faim mais il n’avait pas non plus envie de reprendre la route dans l’immédiat. “Allons manger quelque part.” décida-t-il donc. “Tu connais un endroit sympa ?” Après tout, elle avait vécu ici un moment, elle devait bien savoir où il était bien de manger. Même si maintenant qu’il y pensait, c’est plus d’un petit verre que de nourriture qu’il aurait eu besoin dans l’immédiat.

C’est difficile pour elle aussi, en fin de compte. Elle n’aurait pas pensé, parce qu’elle a l’habitude voir Alexis et qu’elle sait ce que ça fait. Elle s’y est faite avec le temps. Mais Warner, lui, il a pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Quelques semaines, et il se retrouve face à sa fille qui a déjà six ans. Elle voit bien que c’est difficile pour lui, même s’il a fait beaucoup d’efforts jusque là. Elle essaye de se mettre à sa place, et elle sent bien qu’il aurait préféré être ailleurs. Elle s’inquiète quand même de savoir comment il se sent, et sa réponse ne la surprend pas. C’est exactement comme quand il a appris qu’il avait une fille, il va lui falloir du temps pour digérer et elle imagine qu’il va avoir besoin de rester seul un temps. Elle ne veut pas risquer d'entacher encore plus leur relation déjà très bancale. C’est pour ça qu’elle préfère ne rien répondre, et ne rien dire jusqu’à ce qu’ils n’arrivent à la voiture. Elle ne veut pas le brusquer.
Arrivés à destination, il est temps de savoir s’ils vont reprendre la route tout de suite. Il est encore tôt et ils ont quand même fait beaucoup de route pour peu de temps passé ici. Elle lui laisse le choix, elle le suivra quoi qu’il arrive, et ça n’a absolument rien à voir avec le fait qu’il lui est impossible de rentrer sans lui. « Je connais un petit restaurant pas loin d’ici. Mais on est pas obligés de manger non plus si t’as pas faim pour le moment. J’imagine que tu dois avoir besoin d’un verre. » Après une épreuve pareille, cela n’aurait rien d’étonnant. Il fallait juste qu’ils fassent attention à ne pas trop boire pour qu’ils puissent rentrer. Il y avait des hôtes pas trop chers ici, où ils pourraient toujours aller chez sa tante mais bon, elle ne pouvait pas vraiment se permettre de passer la nuit ici. « Tu me suis ? » Sans attendre de réponse, elle se mit en marche et une dizaine de minutes plus tard, ils arrivèrent devant un petit bar restaurant, perdu dans une ruelle. Il appartenait à une amie de sa tante, qu’elle connaissait très bien. A peine un pied posé dans le restaurant, elle se fait sauter dessus et presque étouffer. Ca fait plusieurs années qu’elle n’a pas mis les pieds ici, forcément, elle a manqué à des gens. Des gens qui lui ont manqué aussi. « Je vais prendre une bière, et… quelque chose de fort, j’imagine pour monsieur. » demande t-elle une fois libérée et installée avec Warner en face d'elle.

Ca y est, ils étaient sur le chemin du retour. Enfin, sur le chemin du retour, c’était vite dit. Disons qu’ils avaient quitté le parc et cela marquait déjà la fin de leur court voyage. Après tout, ils étaient juste venu pour voir Alexis et maintenant qu’ils l’avaient vu, il n’y avait plus grand-chose à faire dans le coin. Warner n’était de toute manière pas sûr de vouloir s’éterniser. Il ne savait pas trop ce qu’il ressentait actuellement ni ce qu’il voulait mais il ne voulait pas rester trop par là. Il ne voulait pas non plus repartir en voiture tout de suite et il avait conscience que c’était un peu contradictoire. Quand Eliza proposa qu’ils mangent ici ou un peu plus tard sur le route, le jeune homme décida qu’il voulait manger tout de suite. En fait non, il ne voulait pas manger tout de suite, il avait principalement besoin d’un verre. Même s’il n’avait pas préciser ça, Eliza sembla lire dans ses pensées. “Je n’osais pas le dire mais. puisque tu as deviné, j’ai bien besoin d'un verre oui.” Plus tard, il essaierait de penser à cette journée et comprendre ce que tout cela signifiait pour lui mais dans l’immédiat, il avait juste besoin de penser à autre chose. L’alcool l’aiderait grandement sur ce plan.

Quand Eliza lui demanda s’il la suivait, Warner lui emboîta donc le pas. Aller boire ou manger ou peu importe lui paraissait un programme bien meilleur que de refaire six heures de route dans l’autre sens. Il avait bien conscience que ça ne faisait que retarder ça et qu’il faudrait bien qu’ils rentrent un jour mais il ne voulait pas y penser maintenant. Ils ne tardèrent pas à arriver dans le restaurant et Warner s’aperçut qu’Eliza avait l’air d’être une célébrité dans le coin. Apparemment, tout le monde semblait content de la voir. Il la laisser à ses embrassades, attendant patiemment non loin d’elle. Lorsqu’elle eut fini, ils purent s’installer et passer commande, de la bière pour Eliza et Warner précisa qu’il voulait un whisky. Quelque chose de plus fort oui, Eliza avait vu juste. “Je ne comprends toujours pas ce que tu trouves à la bière. A ta place, j’en serais dégoutée.” fit-il remarquer lorsqu’ils furent à nouveau seul. A force de travailler dans une brasserie. Ca sentait tellement mauvais en plus. “Tu sembles plutôt connue dans le coin en tout cas.” Il s’attendait presque à ce que quelqu’un d’autres apparaissent à tout moment pour avoir l’honneur de dire bonjour à Eliza. Les boissons arrivèrent et Warner n'attendit pas bien longtemps avant de commencer à boire la sienne. Il ne ressentit néanmoins pas d'effet magique et ne se sentit pas mieux d'un coup. "Tout bien réfléchi, un verre ne suffira peut-être pas."

Le plus dur est derrière eux à présent. Enfin, derrière Warner surtout. Pour Poppy, ça n’a pas été spécialement facile, mais pas spécialement difficile non plus. Puis peut-être que le pire était à venir pour lui en fait, elle ne pouvait pas savoir. Mais là, ils allaient pouvoir se poser un peu, ça allait lui faire du bien. D’ailleurs, elle voit bien qu’il a besoin de plus que de la nourriture. Il a besoin d’un verre, si ce n’est plus. Elle sait qu’elle trouvera son bonheur dans un petit restaurant qui fait bar et café également, qu’elle connaît très bien puisque la propriétaire est une amie de sa tante. Elle y a passé beaucoup de temps plus jeune, et y a même travaillé quelques temps. Inutile de dire donc qu’elle est accueillie comme une reine, ce qui ne manque pas de faire réagir Warner une fois qu’ils sont installés et plus tranquilles. « J’ai travaillé ici quelques mois, avant de partir, et la patronne est une amie de ma tante, alors forcément. » explique-t-elle sans que ça n’ait aucune importance. Elle veut juste faire la conversation, elle imagine qu’il a besoin de penser à autre chose que leur fille, autre chose que le fait qu’elle ne sera jamais vraiment leur fille au fond. Elle voit bien qu’il a du mal, rien qu’à la manière dont ila de boire son premier verre. Clairement, ça ne suffira pas. Elle fait signer à la serveuse pour qu’elle leur en ramène un deuxième, même si elle ne sait pas si c’est forcément la bonne solution. « Fais attention quand même, n’oublie pas qu’on doit rentrer. » Et qu’il était encore un peu tôt pour boire. Mais au fond, elle ne pourrait pas l’empêcher de faire ce qu’il voulait. Elle n’avait pas le droit de l’empêcher de faire ce qu’il avait à faire pour aller mieux. « Enfin, fais comme tu le sens, on peut toujours passer la nuit ici si jamais tu ne peux pas conduire... » Elle préférait ça plutôt que de prendre le moindre risque. « Mais encore une fois, si tu as besoin de parler, n’hésite pas. J’imagine que tu n’en as pas spécialement envie, mais j’aimerais t’aider. » Elle avait vraiment la sensation d’avoir empiré les choses plus que de l’avoir aidé, et ça ne lui plaisait pas.

Lorsqu’ils arrivèrent au café/restaurant, Warner regretta brièvement de ne pas avoir choisi de s’arrêter sur la route un peu plus tard. Eliza était entourée d’une horde de personnes et il lui semblait qu’ils ne pourraient jamais avoir la paix. Enfin, techniquement, lui pouvait avoir la paix s’il le voulait. Il lui suffisait d’aller s’asseoir tout seul dans son coin mais il avait déjà établi qu’il ne voulait pas être tout seul. Et puis, boire tout seul c’était aussi franchement déprimant. La jeune femme réussit néanmoins à se libérer et ils purent s’asseoir et commander. Warner fit alors remarqué qu’elle semblait plus que connue dans le coin. Apparemment, ça s’expliquait parce qu’elle avait travaillé ici et que la patronne était une amie de sa tante. “D’accord.” répondit-il simplement parce qu’il ne voyait pas quoi dire d’autres. C’était tout le problème entre eux en fait, ils ne pouvaient pas avoir de vraie conversation parce qu’au bout de deux phrases ils ne savaient plus quoi se dire. Et, pourtant, il avait actuellement vraiment besoin de parler d’autres choses. “Apparemment, ils ont été très triste de te voir partir.” Son premier verre ne lui avait pas fait longtemps et ne lui avait pas non plus apporté le réconfort attendu. Ce serait peut-être mieux avec le deuxième qu’Eliza avait demandé. Visiblement inquiète, elle lui rappella quand même qu’ils devaient pouvoir rentrer. Oui, il n’avait pas oublié ce détail malheureusement. “Ca ira ne t’en fais pas.” répondit-il en haussant les épaules. Au pire, si ça l’inquiétait, ils pouvaiant toujours rentrer dès maintenant et Warner rendrait d’autres verres plus tard. Ou effectivement, ils pouvaient aussi passer la nuit là. “On verra mais ne t’inquiètes pas, je ne prendrais pas le volant si je ne me sens pas capable.” Ou s’il dépassait les deux verres. Il n’était pas fou et n’avait pas spécialement envie de mourir en voiture. Encore moins de tuer Eliza au passage. Elle lui avait également à nouveau proposer de l’aider mais ce n’était pas tellement qu’il n’avait pas envie de son aide, c’est juste qu’il ne voyait pas trop ce qu’elle pouvait faire. “Qu’est-ce qui t’as fait te sentir mieux toi ?” demanda-t-il finalement. Ca supposait qu’elle se soit sentie mal à un moment mais Warner la connaissait, au moins un peu malgré tous les mensonges qu’elle avait pu lui raconter, et il ne pensait pas que ce soit possible qu’elle ait toujours pu être ok avec ça, au moins au début. “Comment t’as fait pour rester vivre ici ?” Jusqu’à présent, les questions qu’il lui avait posé sur elle n’avait rencontré que des réponses évasives, il espérait que ce ne serait pas le cas à nouveau maintenant, il avait réellement besoin de savoir.