Il sait très bien ce qu'elle va faire dans cette chambre s'il n'intervient pas assez vite pour l'en empêcher. C'est une question de logique. Que fait une toxico en manque ? Si personne n'est là pour l'arrêter, elle se drogue. C'est assez évident. Or, c'est bien son rôle à lui d'intervenir. De l'arrêter avant qu'elle n'ait eut le temps de le faire. Raison pour laquelle il entre presque aussitôt après avoir frappé à la porte. Il sait qu'il va être mal reçu. Mais ç'aurait été le cas également s'il avait sagement attendu qu'elle l'invite à entrer. Et encore. Ce n'est pas certain qu'elle aurait accepté qu'il entre. Tu sais très bien que je le fais uniquement pour t'empêcher de faire une connerie. Qu'il gronde aussi bas que possible. Il n'a pas l'intention de hausser le ton et de lui donner une bonne raison de s'emporter pour de bon. Or, s'ils pouvaient s'éviter une grosse prise de tête, ce serait plutôt pas mal. Il doute que ce soit une bonne chose pour elle, dans l'état dans lequel elle se trouve. Et en même temps, il ne peut s'empêcher de songer que c'est une façon comme une autre de lâcher les tensions. De se défouler.
Quand il la voit se redresser pour foutre ses affaires en pagaille dans sa valise, il soupire et croise les bras sur son torse. Eh bien, ç'aura été vraiment très rapide pour le coup. Elle est encore plus faible que ce qu'il craignait. Et rien que pour ça, il devrait arrêter de vouloir l'aider. Il aura essayé. Est-ce que ce n'est pas là tout ce qui compte vraiment ? Dans le fond, pas vraiment, non. Le mieux aurait quand même été que ça fonctionne. Mais il n'est sans doute pas vraiment fait pour ça. D'autant plus qu'ils ne sont rien l'un pour l'autre. Pourquoi s'userait-il la santé et le moral pour une personne qu'il ne connait finalement même pas ? En quoi est-il certain qu'elle mérite ça ? Elle lui donne vraiment la sensation qu'il est le seul à vouloir la sortir de ce merdier. C'est n'importe quoi. Il ne va pas lutter tout seul contre sa connerie à elle. C'est elle qui s'est foutue dans tout ça, seule comme une grande. Pas lui. Il n'y est pour rien. Il n'a vraiment rien à voir avec sa vie. Avec elle. Il la laisse passer avec sa valise quand elle quitte la chambre pour rejoindre la salle de bain.
Putain mais t'es encore plus faible que ce que je m'étais imaginé ... Il constate à voix haute. Excédé par son comportement de crétine finie. Bien sûr que c'est n'importe quoi. Bien sûr qu'elle le regrettera. Bien sûr que l'image presque jolie qu'il s'était faite d'elle, vient de faner pour de bon. Pourtant, il s'interpose entre la porte et elle. Tu fais chier Anastasi. Faut vraiment qu'on commence ça dès ce soir ? T'es incapable de te tenir, à ce point là ? De toute évidence, oui. Et son rôle à lui, c'est de l'empêcher de craquer. Ce qu'elle fera forcément si elle rentre chez elle maintenant. Être tranquille ça consiste à sniffer de la coke toute la soirée ? Tu parles d'une vie ! Quant à te balader à poil, je t'en prie, fais donc. Je te rassure, j'en ai rien à foutre de ton corps de toxico. Ou plutôt, il en n'a vraiment rien à foutre quand elle est aussi conne qu'elle l'est en cet instant. Quand elle est sympa et/ou dans le jeu de la séduction, c'est une autre histoire. Mais il semble que ces moments là sont plus rares de toute façon. Alors en effet, il ne risque rien.
Elle ne l’écoute pas. Elle fait comme s’il n’était pas là. Elle est en rogne. C’est le manque qui parle. Il faut qu’elle se casse vite d’ici. Et une fois chez elle, elle pourra prendre sa dose. Et tant pis elle aura échoué. Mais au moins il n’y aura personne pour le lui rappeler. Alors qu’elle a quitté la chambre, elle entend la réflexion de Nick. Elle se crispe encore plus. Il cherche à la pousser à bout. S’il continue il va y arriver. Elle lâche sa valise et hurle sans même revenir dans la chambre, là où il est resté. « Ouais et alors qu’est-ce que ça peut te foutre ?! » Eh bien, leur entente aura été de courte durée. C’est dommage parce que leur cohabitation aurait pu fonctionner et aurait même pu être agréable. Ils ont même passé un bon début de soirée, Quand Ana était encore de bonne humeur et quand la drogue ne lui manquait pas encore. Elle reprend sa valise et la tire rageusement. Il faut qu’elle sorte et vite, sinon ils vont s’en foutre plein la tronche. Et les voisins risquent de vite se plaindre.
Alors qu’elle se dirige vers la porte d’entrée, Nick s’interpose. Elle qui pensait qu’il allait la laisser partir tranquille. Elle lâche la valise et soupire d’un air excédé. Elle serre les poings aussi fort que possible. Elle a envie de lui hurler dessus. Et il sait toucher là où ça fait mal. Lui rappeler à quel point elle est faible, comme elle craque vite. « Non j’peux pas ! OK ? J’peux pas m’en passer ! Et j’t’emmerde Nick ! » Il a le don de l’énerver. Il sait quoi dire, quelle pique lui balancer pour la faire réagir. La rabaisser, c’est ce qu’il y a de pire. Elle n’a déjà pas une très bonne opinion d’elle-même Ana. Alors oui, il critique son train de vie et il a toutes les raisons de le faire, mais quelle autre vie pourrait-elle mener ? Elle commence à croire que c’est trop tard pour elle. Elle est destinée à crever d’une overdose, seule dans son appartement pourri. La rage monte en elle tout comme les larmes dans ses yeux. Des larmes de colère, des larmes de honte. « Oui c’est ça ! Exactement ! Mon kiffe c’est d’m’en foutre plein les narines. Et c’est c’que j’vais aller faire tout de suite ! »
Ça ne la touche absolument pas. Elle s’en fout pas mal qu’elle lui plaise ou non. Si un peu plus tôt elle s’est fait la remarque qu’il était à son goût, à présent elle a trop la rage contre lui pour lui trouver la moindre qualité. Mais elle ne peut pas rester là à rien dire alors qu’il la critique ouvertement. Elle ne réfléchit même plus à ce qu’elle fait. Elle n’a plus aucune limite. Cents son manque qui parle, qui la fait réagir. Alors elle fixe Nick de son regard noir. Elle le fusille du regard. Elle retire d’abord son t-shirt puis son short qu’elle balance à Nick, en plein visage. Elle se retrouve en sous-vêtements devant lui. Sans aucune gêne. Elle est juste en colère. Elle a la rage et ça se voit au regard qu’elle lui lance. « Et voilà ! T’es content ?! La toxico elle t’emmerde ! » Pourquoi avoir fait ça ? Elle n’en a aucune idée. Mais elle ne réfléchit plus. Elle s’emporte. Elle est impulsive quand elle est dans cet état. Elle veut partir mais il l’en empêche. Il faut qu’elle trouve un moyen pour qu’il la laisse passer. Alors, elle lui lance un regard menaçant. « Laisse-moi passer Nick. Sinon je te préviens. Je ferai un tel bordel que tes voisins vont appeler les flics. » Voilà où elle en est, à menacer la seule personne qui a tenté de l’aider.
Ils n'auront vraiment rien eut le temps de faire finalement. Elle est déjà en train de péter une durite. Cette hystérique qui ne pense déjà plus qu'à se tirer de chez lui avec pertes et fracas pour aller se droguer dans un coin. Parce qu'il est évident que c'est ce qu'elle a l'intention de faire. Il a très sérieusement envie de lui en coller une pour la faire redescendre sur terre de force. Mais prend très fort sur lui pour ne pas réagir de la force. Ne pas la brusquer physiquement. S'il s'était agit d'un homme ou d'une femme sans son lourd passé, il n'aurait pas hésité à la coller contre un mur pour l'obliger à se calmer. Mais en l'occurrence, elle a déjà pas mal subit les hommes et il ne tient pas à la traumatiser pour de bon. Elle s'imaginera qu'il est lui aussi violent et donc, forcément capable du pire. D'autant plus qu'elle n'est pas du tout en état de penser de façon rationnelle pour l'heure. Pas alors que la rage et la colère l'animent avec une telle force.
Alors t'abandonnes juste comme ça ? Aussi facilement ? Aussi vite ? Sans même vraiment essayer ? Parce qu'on ne peut pas dire qu'elle ait réellement essayé de s'arrêter. Au contraire. Au premier obstacle, elle décide de lâcher l'affaire. Il n'avait pas vraiment prévu ça lui. Il pensait qu'elle ferait un peu plus d'efforts. Qu'elle n'abandonnerait pas si vite. Qu'elle essaierait au moins. Ton kiffe c'est de te tuer à petit feu. Il rectifie les mots parce que c'est bien de ça dont il s'agit. Elle se tue à "petit feu". Plutôt plus vite que ça en réalité. La drogue la laissera très rapidement sur le carreau, ça ne fait aucun doute. Et dans le fond, ce sera bien fait pour sa gueule. Elle est déjà en train de bien se foutre en l'air. Encore un peu et elle ne décrochera plus aucun contrat. Pour payer ses factures et sa coke, elle devra se prostituer ... Elle ne sera pas la première ni la dernière à tomber aussi bas. De la part d'une fille qui vient d'un pays si lointain, ce n'est même pas si surprenant que ça.
Quand il réalise qu'elle est en train de faire sauter ses fringues, il lève la tête. Pour éviter de poser les yeux sur son corps. Il a quand même menti. Bien sûr que son corps reste attirant malgré tout. Malgré le fait qu'elle soit clairement en train de le dégoûter avec son insupportable addiction et le comportement complètement con qu'elle a à présent. Il se crispe un peu plus quand elle affirme être prête à alerter les voisins pour le faire chier et l'obliger à la libérer. Le truc, c'est que ces conneries là pourraient aller très loin. Rumeurs, scandales, justice sur le dos s'il passe pour un petit ami violent. Evidemment qu'il ne peut pas la retenir de force. Et en même temps, c'était vu d'avance qu'elle allait lui mener la vie dure comme ça ... T'as raison. Je ne peux pas te retenir. Mais si tu pars maintenant, ne compte pas sur moi pour t'aider à l'avenir. Et elle peut également compter sur lui pour refuser de bosser avec elle à l'avenir. Même quand la demande sera faite par un magazine. Les bras croisés sur le torse, il se décale pour libérer l'accès à la porte. Le regard froid et brillant de défi, posé sur son visage.
Elle est à fleur de peau Ana. Elle n'a même pas conscience qu'elle est en train de tout foutre en l'air. Ses chances de se sortir de cette merde seront nulles si elle part de chez Nick c'est une évidence. Car à peine sera-t-elle sortie de cette appartement qu'elle ira s'en mettre plein les narines. Elle n'attendra même pas d'être rentrée chez elle, elle s'arrêtera à un coin de rue et prendra sa dose comme la camée qu'elle est. Elle est devenue comme sa mère, elle est foutue. Et c'est pour ça qu'elle ne réfléchit par à toutes les conséquences. Peu importe ce qui lui arrivera, il lui faut sa dose. Et il faut qu'elle sorte d'ici, elle ne peut pas supporter les remarques et les reproches de Nick, il lui met le nez dans la merde et ça, elle a du mal à l'accepter. Car si elle reste là, elle va prendre conscience des dégâts qu'elle se cause, du bordel qu'elle fout dans sa propre vie. Et il faudrait qu'elle l'admette. Elle ne peut pas. Putain de fierté mal placée. Elle préfère foutre le camp et foutre sa vie en l'air plutôt qu'admettre qu'il a raison et qu'elle devrait l'écouter. Alors ça gueule dans l'appartement, les voisins vont être ravis. Leur entente n'aura été que de courte durée. Dommage parce que c'était plutôt sympa comme ambiance. Et maintenant les voilà tous les deux l'un en face de l'autre. Nick qui s'interpose entre Ana et la porte. Ana qui a posé sa valise. Ana qui sent des larmes de rage lui monter aux yeux. Mais le pire c'est que toute cette rage elle est destinée à elle-même, pas à Nick.
Il est blessant. Il lui dit des choses qu'elle n'a pas envie d'entendre. Il souligne le fait qu'elle soit aussi faible, aussi fragile. Elle qui aime donner cette image de femme forte et sûre d'elle. En face de lui, elle a l'impression d'être une pauvre petite chose. Elle déteste ça. Et c'est pour ça qu'elle lui en veut. Elle serre les poings. La mâchoire crispée. Elle hurle, elle s'en fout que les voisins se plaignent. Elle s'en fout de tout. C'est une vraie hystérique. « Oui voilà j'abandonne. J'suis qu'une putain de toxico comme ma mère ! » Et pourtant elle pourrait changer tout ça. Et il lui a proposé son aide. Là elle est en train de refuser la main qu'il lui tend. Elle est conne quand elle s'y met. Elle agit comme une gamine. Et elle va s'en mordre les doigts. Si elle quitte cet appartement c'est terminé, elle le sait. Elle sera foutue, elle finira par faire le trottoir parce que personne ne voudra bosser avec une droguée. Après des menaces, Nick s'écarte, lui libérant le passage. Elle reste plantée là. Elle ne pensait pas qu'il la laisserait partir aussi facilement. Elle en est presque déçue. Ainsi, il l'abandonne. Mais après tout, elle l'a bien cherché, c'est elle qui veut s'en aller. Elle soutient son regard. Ses yeux verts brillent de colère, de rage, de dégoût envers elle-même. Comme elle s'en doutait, si elle part c'est terminé, il le lui dit. Et il semble très sérieux. Elle le connait assez pour savoir qu'il ne voudra plus jamais entendre parler d'elle. Elle attrape sa valise. « Tu fais chier Nick ! » C'est tout ce qu'elle balance avant de tourner les talons et de revenir dans sa chambre.
Elle claque la porte derrière elle. Elle lâche la valise et s'assied sur son lit. Le visage dans les mains, elle laisse aller enfin ses larmes. Elle ne peut pas partir. Pas maintenant. Ça la fait chier de l'admettre, mais elle a besoin de lui. Elle a besoin de Nick si elle veut un jour se sortir de ce cercle infernal. Elle s'allonge sur le lit, sur le ventre, toujours à moitié à poil après sa petite crise de tout à l'heure. Elle enfonce son visage dans l'oreiller et hurle de toutes ses forces, son cri étouffé par le coussin. Elle se laisse aller, elle pleure. Ca fait longtemps qu'elle n'a pas pleuré comme ça. Mais elle est fatiguée, elle est à bout de force et à bout de nerfs. Et surtout elle ne sait pas comment faire pour s'en sortir. Le sachet de coke se trouve dans sa valise, juste à côté du lit. Juste un peu et tout serait terminé, elle se sentirait bien mieux. Elle se redresse, le visage baigné de larmes et se laisse tomber à genoux par terre. Elle ouvre sa valise d'une main tremblante et s'empare du sachet. Elle le tient dans ses mains, positionnées en coupe, comme s'il s'agissait d'un trésor. Et elle la fixe. Cette merde qui fout sa vie en l'air. Qui a foutu la vie de sa mère en l'air. Elle reste dans cette position, les yeux rivés sur cette putain de drogue. Elle tremble comme une feuille. Elle va craquer. Et après elle pourra s'endormir. Et ne plus penser à rien...
Peut-être abandonne-t-il un peu trop facilement. Mais Nick ne peut pas se battre pour deux. Pour le moment, elle ne lui donne pas l'impression de lutter vraiment fort. Si elle craque dès le premier soir, c'est qu'elle n'est pas assez motivée pour pouvoir un jour aller jusqu'au bout. C'est l'idée qui s'ancre très sérieusement dans son esprit en cet instant, alors qu'elle lui offre une telle crise d'hystérie ... Qu'elle affirme haut et fort qu'elle s'en tape d'être une droguée en fin de compte. Et qu'elle compte bien poursuivre sur sa lancée finalement ... Que peut-il répondre à tout ça franchement ? Il ne peut pas la ligoter à son lit non plus. Il ne manquerait plus que ça tiens ! Et par dessus le marché, il ne faut pas oublier qu'ils ne sont rien l'un pour l'autre. Ou du moins vraiment pas grand chose. Il ne voit pas pourquoi il s'userait la santé et perdrait un temps fou à se battre autant pour une personne à qui il ne doit rien. Elle n'est pas même un membre de sa famille. Pour tout ça, il ne peut aller trop loin non plus. Sa vie était très bien avant qu'elle n'y entre par le travail. Elle le sera toujours autant quand elle en sortira. Que ce soit dès ce soir parce qu'elle abandonne déjà. Ou plus tard après avoir lutté en vain. Ou après avoir finalement gagné ce combat, contre toute attente ... Tout ça se terminera tôt ou tard quoi qu'il en soit. Il pourra au moins se "vanter" d'avoir essayé.
Mais à sa plus grande surprise, la jeune femme ne prend pas la porte comme il s'attendait vraiment à ce qu'elle le fasse. Au lieu de ça, elle râle encore une fois auprès de lui comme s'il était vraiment fautif de toute cette situation de merde, et fait demi tour. Valise en main et fringues toujours aux abonnés absents, elle rejoint la chambre qu'elle va occuper pendant quelques temps. De nouveau, on peut sans doute parler en semaines. De toute évidence, ce n'est pas ce soir qu'elle va partir. C'est en tout cas l'impression que ça donne. Mais ça pourrait n'être retardé que d'un jour. Motivée comme elle semble l'être ... Nick soupire et s'adosse un moment contre la porte. La sensation d'être déjà usé jusqu'à la corde alors qu'il n'a pas fait grand chose. Mais ça lui semble être quand même beaucoup pour un premier soir. Il ne pensait pas qu'il devrait donner autant de sa personne, aussi tôt. Il s'attendait à ce que le manque la rende aussi conne, uniquement au bout de deux ou trois jours. La conclusion de ces premières heures ne sera donc pas positive du tout, c'est un fait. Est-ce que pour autant il va lâcher l'affaire ? Non. Il va tenir parole, cela va de soi. Elle n'est pas partie. Elle accepte encore son aide. Sans doute parce qu'elle est bien consciente qu'elle ne va pas s'en sortir toute seule. Or, elle n'a personne d'autre que lui, aux dernières nouvelles.
Il est toujours planté dans l'entrée de l'appart, comme un con. A se demander ce qu'il doit faire maintenant. Et bien conscient du fait qu'elle doit être encore en train de lutter contre son envie de faire sa fête à l'unique sachet qui semble être en sa possession. Finalement il s'approche de la chambre mais ne prend pas le risque d'entrer cette fois. Un peu parce qu'il sait qu'elle est toujours en sous vêtements d'ailleurs ... Il se contente de frapper. Assez fort pour qu'elle entende. Tu ne penses pas que tu devrais me laisser ce sachet de drogue que je te garderai jusqu'à demain ? En espérant qu'il n'est pas déjà trop tard pour émettre cette idée là. Et en espérant, également, qu'elle ne va pas encore une fois faire sa tête de conne en l'envoyant balader comme une merde. Il veut bien encaisser à petites doses. Mais il n'est ni insensible ni un surhomme doté d'une patience à toutes épreuves. Il n'a pas signé pour être son souffre douleur ou toute autre connerie du même genre. Il n'a accepté que de l'héberger quelques temps, pour l'aider tant bien que mal à arrêter la drogue. Et c'était vraiment avec la condition qu'elle fasse de vrais efforts pour y arriver ...
Elle se sent plus seule que jamais alors qu’elle n’a jamais été aussi "entourée" va-t-on dire. Nick est derrière son dos et c’est bien ce qu’elle lui a reproché. Mais en attendant il est là pour elle et c’est la seule personne à se soucier de ce qui pourrait lui arriver. Mais elle a merde, elle l’a sacrément foutu en rogne et surtout elle l’a déçu. Déjà qu’il n’avait pas une haute opinion d’elle, que va-t-il penser après tout ce cirque ? Elle est assise en tailleur, par terre à côté de sa valise. Ce sachet entre les mains. Cette merde qui est la cause de tous ses malheurs. C’est à cause de la coke que sa mère ne s’est jamais occupée d’elle, c’est même à cause de la coke que sa mère baissait avec n’importe qui. En fait c’est parce que sa mère se droguait qu’elle est venue au monde. Parfois Ana se dit que ça aurait été mieux si elle n’était pas née. Elle n’a jamais envisagé de se foutre en l’air hein, même si elle le fait a petite dose comme l’a souligné Nick. Mais si c’était pour offrir une vie pareille à sa fille, sa mère aurait mieux fait de s’abstenir ou d’avorter ou même l’abandonner tiens ! Mais elle était trop égoïste pour penser que son futur enfant allait souffrir. Elle s’en foutait pas mal. Et voilà où en est Ana aujourd’hui. A devoir se battre contre ses démons alors qu’elle ne s’en sent pas capable. A devoir compter sur un parfait inconnu pour espérer s’en sortir.
Elle ne sait pas combien de temps elle reste assise par terre. Mais ce sont les coups sur la porte qui la font sortir de ses pensées. Elle s’en veut d’avoir traité Nick comme ça. Car malgré son comportement il est encore là à vouloir l’aider. Elle regrette ses paroles, ses gestes. Il faudrait qu’elle s’excuse auprès de lui, mais sa fierté mal placée la bloque à ce niveau-là. Elle hésite mais elle finit par se lever. Le sachet au chaud dans sa main fermée. Elle avance d’un pas lent, lourd. Quand elle ouvre la porte, elle se retrouve face à Nick. Son visage est toujours baigné de larme, les traits tirés par la tristesse, la rage et la honte. Elle ouvre le poing et regarde la poudre blanche sans rien dire. Elle hésite. Il a raison, ce serait peut-être mieux si elle la lui donnait. Au moins elle ne pourrait pas craquer. Elle tremble comme une feuille. Mais comment va-t-elle faire sans sa dose ? Elle a peur. Elle pourrait choisir la voie de la facilité et garder le sachet. Attendre qu’il la laisse seule et prendre sa dose. Mais au lieu de ça, elle tend la main pour lui donner le sachet. Elle ne peut pas faire marche arrière, il ne le lui rendra pas c’est sûr. Et elle n’a plus assez d’argent pour aller s’en acheter pour le moment.
Elle sent ses jambes affaiblies, comme si elles étaient en coton. Elle laisse la porte ouverte et retourne vers son lit pour s’y asseoir. En laissant la porte ouverte elle invite Nick à entrer. Elle ne lui dira pas mais elle n’a pas envie d’être seule. Elle a l’impression d’être une gamine qui a besoin d’être prise dans les bras de ses parents pour être réconfortée. Une fois assise sur le lit, elle relève la tête vers Nick et soupire. Les mots ont du mal à sortir d’entre ses lèvres. Elle se crispe un peu mais finit par parler. « Je suis désolée Nick. » Elle baisse la tête, honteuse. Elle fixe ses pieds qu’elle remue un peu. Elle est nerveuse. Elle est à bout de nerfs. Elle craque et éclate en sanglots. Elle déteste pleurer devant quelqu’un mais elle a besoin de pleurer et de parler. « Tu as raison. Je suis faible. J’sais pas comment je vais faire si je craque déjà au bout de quelques heures. » Elle ne détache pas ses pieds du regard, elle a trop honte et est trop gênée pour regarder Nick dans les yeux. Elle finit par soupirer. « J’imagine que tu vas vouloir que je quitte ton appartement ? » Après tout c’est tout ce qu’elle mérite. Elle a foutu un bordel pas possible. Il ne devait pas s’attendre à ce qu’elle réagisse comme ça. Et qui voudrait avoir à supporter ça ?
Ca semble évident qu'il va être impossible de satisfaire tout à fait la jeune femme. S'il est derrière elle, elle juge qu'il l'est justement trop. S'il n'est pas derrière elle, elle estimera finalement qu'il ne lui est d'aucune aide et qu'elle ferait tout aussi bien de rentrer chez elle tout de suite. Bref, dans un cas comme dans l'autre ça semble ne pas pouvoir fonctionner cette histoire. Pourtant, il a envie de forcer un peu les choses. Pour la simple et bonne raison qu'il n'a pas envie de lâcher aussi facilement. Des deux, ce n'est pas lui qui s'avère être le plus faible ... Bien loin de là même. Alors il doit prendre sur lui et tenter de digérer la violence des mots de la rouquine. Parce qu'elle n'y est quand même pas allée de main morte. Si son but est de faire en sorte qu'il la déteste pour de bon, elle est très bien partie et peut donc continuer sur cette lancée là ... Et si elle espère être rapidement mise à la porte de son appartement, elle peut également poursuivre comme ça. Il n'a rien d'un saint qui est capable de tout pardonner. D'encaisser sans se plaindre et d'effacer ensuite l'ardoise des erreurs et mots violents. Vraiment loin d'être ainsi. Il est carrément tout le contraire. Il s'emporte vite et n'hésite pas à rendre mots durs sur mots durs. Alors non, cette patience ne durera pas ...
Comme il s'y attendait, elle est toujours en sous vêtements quand elle lui ouvre la porte de la chambre. Postée devant lui, elle a l'air incroyablement fascinée par le petit sachet de poudre qui repose sur sa paume ouverte. Elle semble hésiter longuement. Une durée interminable durant laquelle il ne bronche pas. Ne cherche surtout pas à le lui prendre de force. Surtout pas alors qu'elle semble finalement s'être un peu calmée ... Le visage chiffonné, rougit et baigné de larmes d'ailleurs. Quand enfin elle réagit, c'est pour abandonner la drogue dans sa main à lui. Il attend qu'elle ait le dos tourné pour glisser le sachet dans l'une des poches avant de son pantalon. Un endroit où elle ne risque normalement pas de se rendre ... A moins de prendre le risque de se rapprocher un peu trop, physiquement, de lui. Il doute qu'elle soit tentée de faire une chose pareille. Il s'apprête à faire demi tour également, quand il se met à douter concernant cette porte qui reste ouverte. Peut-être est-ce une façon assez maladroite de sa part, de lui faire comprendre qu'il peut rester ? Voir même qu'elle a envie qu'il reste ? Ca lui semble étrange. Mais pas complètement impossible non plus. Alors finalement il ne bronche pas et attend. Si jamais il lui prend l'envie de parler.
Elle lève finalement la tête pour le regarder est laisse s'échapper des mots qu'il ne pensait vraiment pas entendre de sitôt. C'est la seconde fois qu'elle s'excuse auprès de lui alors qu'elle ne semble pas être le genre à s'excuser de la sorte. Alors il hoche lentement la tête de haut en bas. Signe qu'il entend bien. Même s'il ne faudra pas compter sur lui pour pardonner à chaque fois qu'elle fera une connerie d'une telle taille. De nouveau, elle éclate en sanglots. Ce qui lui arrache une grimace à lui qui s'approche enfin. Qui vient s'asseoir à côté d'elle sur le lit, tourné dans sa direction. Il ne sait pas vraiment quoi faire parce qu'il est pas doué pour ce genre de choses. Mais il sait qu'il doit faire quelque chose coûte que coûte. Il ne sait pas que répondre à ses mots. Il ne peut pas nier qu'il la trouve vraiment faible pour le coup et commence à vraiment douter de sa capacité à s'arrêter pour de bon. Il ne faudrait quand même pas qu'il lui flanque l'estocade finale ... Non ... De ça au moins il en est sûr. Qu'il n'a pas l'intention de la foutre dehors. Tu ne l'as pas pris. Il lui rappelle simplement. En plus de s'être calmée, par dessus le marché. Même si ça a été laborieux, le fait est qu'elle n'a pas prit cette seconde dose. Peut-être que c'est le premier jour le plus dur ... Dans le fond, ils n'y connaissent rien l'un comme l'autre. Ce sera peut-être de plus en plus simple finalement. Et pas l'inverse. Mais en attendant de voir ça, il se risque à un geste à son encontre. Faisant abstraction de sa quasi nudité, il enroule un bras autour de ses épaules pour l'attirer à lui et lui faire presser son épaule contre son torse. Il ne sait pas faire ça. Mais elle en a peut-être besoin. Elle qui n'a jamais été très proche de sa mère et qui a ensuite eut droit à un mari violent, n'a sans doute pas eut le temps de connaître vraiment la tendresse. Alors il s'y risque, espérant quand même que son geste ne soit pas trop intrusif et envahissant.
Un instant elle croit qu’il va la laisser seule. Elle relève la tête un court moment puis la renaisse. Elle aurait presque envie de lui demander de rester avec elle. Elle n’a aucune envie d’être seule. Et même s’il l’engueule, s’il l’agace à être sur son dos et s’il lui fait la morale. Même si Ana supporte mal tout ça. Malgré tout ça, elle a envie qu’il soit près d’elle. Elle se confond en excuses, c’est bien la moindre des choses. A la place de Nick elle l’aurait déjà mise dehors. Elle sait qu’elle est allée trop loin cette fois. Il ne lui pardonnera certainement pas. Mais ça ne coûte rien de s’excuser. Quand elle sent le lit bouger un peu alors que Nick s’asseoir à côté d’elle, elle pousse un léger soupir. Elle est rassurée qu’il reste près d’elle. Car même s’il garde le sachet de cocaïne dans sa poche, Ana a peur de péter un plomb et de faire n’importe quoi. Elle n’a encore jamais essayé de se sevré. Elle ne sait pas comment elle va réagir ni comment ça va se passer. Tout le monde sait qu’un drogué peut être capable du pire pour avoir un peu de came. Elle serait sûrement capable de filer en pleine nuit et de se fournir par n’importe quels moyens. Et elle ne veut pas tomber aussi bas.
Elle relève la tête, surprise quand elle entend la voix de Nick. Elle le couvre d’un regard plein de reconnaissance. Elle hoche légèrement de la tête pour toute réponse. Au moins, il lui laisse une nouvelle chance. Il tente de la rassurer et elle apprécie beaucoup. Elle a un espoir d’y arriver. Ça se voit sur son visage qui s’illumine un peu plus. Il a peut-être raison. Elle va peut-être devoir souffrir le martyr juste ce soir et après ce sera terminé. Elle aura du mal à ne pas craquer ça c’est évident mais ce sera peut-être moins difficile que ça ne l’est en ce moment. Elle sourit légèrement. Un sourire qui demeure un peu triste. « Peut-être oui. » Ça la rassure un peu mais pas encore assez. Elle n’a pas encore totalement confiance en elle. Il y a ce doute qui persiste. Cette peur de l’échec. Et la peur des conséquences que cet échec engendrerait. Sa carrière finirait plus vite qu’elle n’a commencé. Car c’est certain, les photographes, les stylistes, ils finiraient tous par se rendre compte de son addiction. Et elle finirait toute seule. A coucher avec des camés comme sa pauvre mère. Et elle ne veut absolument pas reproduire ce schéma.
Le silence s’installe dans la chambre. C’est pesant mais Ana préfère ça que de se retrouver seule. Mais elle hésite. Elle devrait peut-être dire à Nick qu’il peut la laisser seule. Elle ne veut pas lui imposer ça. Il a sûrement mieux à faire que de rester coincé avec elle. Et puis si elle doit refaire une nouvelle crise elle préfère être seule. Alors qu’elle réfléchit à quoi faire quelque chose d’incroyable se produit. Une chose à laquelle elle ne s’attendait absolument pas. Elle se sent attirée vers Nick. Ce simple geste qu’il a à son égard fait remonter des larmes dans ses yeux et une boule se forme dans sa gorge. Ça lui fait tellement de bien. Au début elle se crispe un peu, elle n’a pas l’habitude qu’on lui témoigne ce genre d’affection. Mais elle se détend. Elle se laisse aller contre Nick. Elle cale sa tête contre son épaule, elle peut sentir son odeur. Ce n’est absolument pas désagréable. Elle hésite mais elle finit par replier un peu ses jambes nues pour les ramener sur le lit, sous elle. Elle ne sait pas quoi faire là , elle est tiraillée entre l’envie de se laisser aller à cette étreinte et la sensation que c’est une mauvaise idée. Elle relève un peu la tête, son visage effleure la joue de Nick, ses lèvres ne sont qu’à quelques centimètres de sa mâchoire. Elle n’a qu’à se redresser pour pouvoir l’embrasser. Elle hésite. Elle en a envie après tout. Sans réfléchir elle approche son visage du sien. Mais alors que ses lèvres effleurent celles de Nick elle se recule d’un coup. « Pardon... » C’était une erreur, elle le sait bien. Pourtant elle ne peut pas s’empêcher de s’imaginer l’embrasser et elle ne parvient pas à détacher son regard de ses lèvres. Mais elle se retient. Elle n’est pas dans son état normal là, elle risquerait de le regretter.
Cette histoire va vraiment être très compliquée. Mais il a besoin de croire que ça va fonctionner et que le résultat sera parfaitement positif. Parce que lui aussi a quand même bien besoin de trouver de la motivation quelque part. Or, sa motivation il la trouve dans ses espoirs. Dans ce en quoi il doit croire à tout prix. En l'occurrence, il a besoin de croire que ça va fonctionner et qu'elle repartira de chez lui en étant parfaitement clean. Est-ce vraiment trop espérer ? Est-ce naïf de sa part ? Sans doute que oui. Mais il prend le risque d'être déçu malgré tout. Il le faut. Il le doit. Parce qu'il ne peut apparemment pas compter sur elle pour se montrer très positive par rapport à tout ça, malheureusement ... Nick, il n'arrête pas de prendre sur lui et de faire des efforts. Même en offrant des gestes auxquels lui même n'est pas habitué. Comme ce semblant d'étreinte qu'il initie de lui même. Il a envie de lui faire sentir qu'il est là. Même s'ils ne sont rien l'un pour l'autre. Il est là en tant qu'être humain qui a des sentiments et de la compassion. Il est là parce que c'est la chose la plus humaine à faire, tout simplement.
Il sent bien qu'elle se crispe un peu au début. Sans doute la surprise. Mais puisqu'elle ne le repousse pas, il demeure ainsi. Assez longtemps pour la sentir se détendre tout à fait par la suite. Et se laisser pleinement aller contre lui quand elle repose sa tête contre son épaule. Du coup, tout naturellement, il raffermit la prise de son bras autour d'elle. Or de question de s'éloigner et prendre la fuite à présent qu'elle semble un peu plus détendue. Vaguement plus à l'aise. D'autant plus que c'est loin d'être désagréable. Elle est douce et chaude contre lui. Elle sent bon aussi. Ce n'est pas souvent qu'il a des relations qui permettent ce genre de chose. Alors il est bien obligé d'avoir envie d'en profiter encore un peu. Il pourra toujours prétendre ne l'avoir fait que pour elle. Pour l'aider. Pour la soutenir d'une certaine façon. Pour la réconforter alors qu'elle est toujours en larmes. Offrant un spectacle désolant. Et un peu choquant sur les bords aussi au passage. Parce que venant d'elle c'est ... Bizarre. Vraiment. Elle qui semble toujours si dure, si froide, si fière, si intouchable ... Elle ne l'est finalement pas tant que ça ...
Elle remue un peu contre lui. Il sent son souffle chaud sur sa mâchoire. Et quand elle se redresse un peu plus, il tourne à demi la tête par réflexe. Avant de se crisper quand ses lèvres frôlent les siennes. Frappé par une vague de chaleur qui déferle sur l'ensemble de son corps. Impossible de demeurer froid. Elle est douce, délicate, délicieusement attirante, incroyablement tentante ... Et surtout, elle est presque nue entre ses bras. Qu'il résiste depuis si longtemps semble quand même être un exploit pour le coup. Que lui même ne comprend pas très bien. C'est rien ... Qu'il répond tout bas pour la rassurer. Il doit pourtant à tout prix faire taire son envie de plus. Il n'a pas l'intention de coucher avec elle. Il ne dit pas que ça n'arrivera jamais parce qu'il ne sait pas de quoi sera fait demain. Mais il aurait beaucoup trop la sensation de profiter d'elle s'il venait à craquer ce soir. Mais il ne veut pas la repousser trop durement alors il vient doucement caresser sa joue du revers de ses doigts. Je peux te proposer un truc ... A la condition que tu portes un pyjama ... Tu peux peut-être dormir avec moi. Ca t'évitera d'être toute seule cette nuit. Il choisi finalement de faire mine de rien concernant ce semblant de baiser qui a faillit être échangé.
Des gestes tendres, Ana n’en a connu que très peu. Sa mère ne lui a jamais témoigné la moindre marque d’affection. Les câlins, les caresses, les baisers d’une mère, Ana n’a jamais connu. Il y a bien eu son ex mari. Au début, il était doux. Il la faisait se sentir belle et aimée. Elle adorait cette sensation d’ailleurs. La sensation de compter pour quelqu’un, d’avoir une place très importante dans son cœur et dans sa vie. Mais avec lui ça n’a pas duré longtemps. Les caresses et les baisers ont laissé la place à des gifles, des coups. Elle a bien connu d’autres hommes, pas mal même à vrai dire. Mais ce ne sont pas eux qui lui auraient témoigné des gestes doux et tendres. Pour ces hommes-là elle était juste un bon moyen de combler quelques désirs et fantasmes et ça s’arrêtait là. Alors quand Nick -qui était en train de l’engueuler quelques minutes plus tôt- l’attire contre lui, Ana ne sait pas quoi faire. Elle a envie de se laisser aller, de profiter de cet instant. Elle a envie de sentir ses bras puissants se resserrer autour d’elle. Car ainsi, près de lui, elle se sent bien, comme protégée, à l’abri du moindre danger.
Mais elle joue à un jeu dangereux. Il faut que leur relation reste platonique. Elle est là pour une seule raison, stopper la cocaïne. Si elle se laisse trop aller, si elle couche avec Nick, leur relation changera et ça pourrait être en pire. Elle n’a pas envie de foutre en l’air des chances de s’en sortir pour une histoire de cul. T pourtant c’est fou ce qu’elle en a envie. Mais c’est peut-être le manque de drogue qui parle. Elle se laisse pourtant tenter et regrette vite. Avant qu’il ne soit trop tard. Elle s’excuse, les joues rosies de honte. Nick est compréhensif, il ne lui en veut pas. Mais il n’essaye pas non plus de l’embrasser. Elle se dit que c’est sûrement parce qu’il n’en a pas envie. Après tout, il lui a dit un peu plus tôt que son corps de toxico le laissait indifférent. Ana soupire en sentant les doigts de Nick sur sa joue. Elle relève les yeux vers lui, à l’écoute. Elle ne se rend même pas compte que ses lèvres s’étirent en un léger sourire. L’idée l’a séduit autant qu’elle l’effraie. Elle craint de ne pas se contrôler, de tenter quelque chose avec lui si elle se retrouve dans le même lit. Mais elle est séduite parce qu’elle n’a pas envie d’être seule. Après tout, elle est assez forte pour résister à des pulsions sexuelles. Non ? Elle apprécie qu’il ne fasse aucune allusion à ce qui vient de se passer. Elle préfère répondre sur le ton de la plaisanterie. « Un pyjama ? Je dois avoir ça. Mais moi aussi j’ai une condition. Tu ne ronfles pas hein ? »
Elle se lève du lit et fouille dans sa valise pour en sortir un débardeur et un short. Dos à Nick, sans aucune pudeur, elle retire son soutien-gorge qu’elle laisse tomber par terre et enfile les vêtements qu’elle vient de sortir. Ça fera l’affaire pour dormir. Dormir avec un homme ça ne lui est pas arrivé depuis longtemps. D’habitude, quand elle se retrouve dans le lit d’un mec ce n’est que pour passer une partie de la nuit. Et ce n’est pas pour dormir. Elle se tourne vers Nick, prête pour aller se coucher. Le malaise s’estompe petit à petit mais Ana est encore gênée. Et surtout son visage est encore marqué par ses larmes. « Je passe dans la salle de bain le mettre un peu d’eau sur le visage et je te rejoins ? » Elle attend sa réponse et file dans la salle de bain. Elle se regarde dans la glace. Ses yeux sont un peu gonflés par les larmes, ses cheveux sont un peu en pagaille. Elle se passe de l’eau sur le visage et se passe un coup de brosse dans sa longue tignasse rousse. Elle quitte la salle de bain pour aller frapper à la porte de la chambre de Nick. Elle ne veut pas le surprendre en train de se déshabiller -bien que ce ne serait pas désagréable à voir- elle préfère donc attendre qu’il l’invite à entrer. La boule au ventre, elle patiente devant la porte.
FRIMELDA
