Shout out to my ex - PEARL&ASHER

Je ne suis pas bien placé pour faire la morale à qui que ce soit, si ce n'est à mes patients. Pearl n'est pas vraiment ma patiente ou du moins, si elle l'est, elle n'est pas que ça. Nous avons un passif tous les deux et même s'il commence à dater, il fait partie de nos vies. Je n'ai pas envie de lui dire comment il faut être mais je sais que la personne qu'elle était, 7 ans plus tôt, n'est pas celle qu'elle semble être aujourd'hui et tant mieux. Malgré ça, elle reste magnétique et charmante, je ne peux pas lui enlever. «  Tu … Tu m’en veux encore ? » Je lève les yeux vers elle pour plonger mon regard dans le sien. La question est complexe, après notre rupture, je me suis renfermé et je n'ai plus vraiment eu envie de laisser la place à une fille... Toutefois mon égo ne laisse pas cette vérité sortir de ma bouche. « Non, je suis passé à autre chose. Comme toi. » Je ne lui en veux plus même si je n'oublie pas. A quoi bon garder de la rancœur ? Nous ne serions jamais meilleurs amis mais pas la peine d'être ennemis pour autant, je crois. Pearl ne me regarde pas, je sens qu'elle se bat contre elle même pour me dire autre chose mais ça ne sort pas. Je ne la force pas, elle n'a déjà pas beaucoup de forces.

Je continue de m'occuper d'elle tout en me moquant un peu des stéréotypes des gros machos. Je ne suis pas comme ça, je ne le serai sans doute jamais et cela ne me pose pas spécialement de problème. « Très classe comme déco. Franchement j’espère que t’es plus doué dans la médecine que tu l’es en matière de décoration, sinon t’es mal barré… » Je laisse échapper un petit rire en secouant la tête. « C'est plutôt toi qui est mal barré si ce n'est pas le cas. » Après tout, c'est elle qui subi les conséquences de ce que je fais et donc de mon non-talent. Heureusement, tout ça est une blague, je suis plutôt doué et je n'ai pas de posters de femmes nues chez moi. « Tu vends très bien ton produit dis-moi. Du coup tu peux les garder, j’en ai pas trop envie… » me répond-elle alors qu'il est vrai que je ne vends pas super bien ces sucettes mais j'ai une bonne raison à cela. « Ça m'arrange, une petite fille nous a tout volé. » J'esquisse un sourire alors que la prise de sang est terminée. Je colle les étiquettes dessus et je fais signe à une infirmière non loin. Gentiment, je lui demande d'apporter ça au labo, situé au deuxième étage et je me retourne vers mon ex petite amie. « Qu’est-ce qu’il va se passer maintenant. Je peux rentrer chez moi ? » Je comprends son envie de partir mais pour l'instant, je ne peux autoriser sa sortie. « Il est préférable d'attendre les résultats, ça ne devrait pas tarder. Je vais t'infuser ton traitement en attendant et tu vas devoir rester allongée. » Elle a besoin de reprendre des forces même si elle pense être capable de rentrer chez elle et de reprendre sa vie normalement. « Tu vas devoir me supporter encore quelques heures. » dis-je finalement. Peut-être que ça allait nous laisser le temps d'évoquer notre passé et de tout mettre à plat une bonne fois pour toute.

Je réalise quand je lui réponds que je ne sais pas si je crois moi-même à mes paroles. Je crois que la fierté prend le dessus sur le reste et ce n'est pas réellement le reflet de la réalité. Certes, je ne suis plus en colère comme j'ai pu l'être dans le passé, mais ai-je oublié totalement tout ce que j'ai vécu avec Pearl ? J'en doute. « On peut dire ça. » Je fronce les sourcils comprenant qu'elle n'est peut-être pas totalement passé à autre chose ou du moins que notre histoire est encore dans un coin de sa tête. Je ne réponds pas, j'ai besoin de quelques minutes pour savoir comment agir pour séparer ce que je ressens de ce que j'ai ressenti, 7 ans plus tôt. Je ne suis pas un mec compliqué mais lorsque je suis blessé, j'ai besoin de temps pour compartimenter mes émotions au risque d'agir impulsivement et de le regretter ensuite. Je me reconcentre sur ce que je fais. Quelques minutes plus tôt, elle se demandait si j'allais faire exprès de mal la soigner, je ne peux donc pas me tromper et lui donner raison. Malgré ce qui a pu se passer entre nous, je souhaite qu'elle aille bien et si je peux contribuer à ça, ça me satisfait. « Heureusement pour ma santé, je te fais confiance. » Je lève les yeux et esquisse un léger sourire. « Pour ta santé. Merci de la précision. » dis-je simplement pas réellement vexé même si une part de moi à bien envie de lui balancer que la seule personne qui a un jour été trahi dans cette pièce, c'est moi. Je ne le fais pas, je n'en vois pas l’intérêt même si une dispute peut parfois faire du bien aux nerfs, je le conçois.

Je termine ma consultation mais je préfère qu'elle reste en observation jusqu'aux résultats. Procédure basique d'une entrée aux urgences. Je me recule laissant une distance s'installer entre nous, volontairement ou pas d'ailleurs. « Je pense que c’est plus difficile pour toi que pour moi. » Je la regarde, elle ne me quitte pas des yeux. « Je ne crois pas avoir été le plus désagréable des deux, le doute est permis. » Je ne l'agresse pas mais je dis ce que je pense. Je ne suis plus l'ado introvertie que j'ai été, désormais je sais dire merde quand j'en ressens le besoin. Bon, avec Pearl, je n'en suis pas là heureusement. « Je suis désolée. Je sais que c’est un peu tard, mais tu ne m’as jamais laissé l’occasion de te voir et t’expliquer. » Je suis surpris. Jamais, elle ne s'est excusée et si on dit mieux vaut tard que jamais, je dois bien avouer que je ne m'y attendais plus. Je laisse quelques secondes de silence avant de reprendre la parole. « J'ai eu tord de ne pas te laisser t'expliquer... Disons qu'à l'époque je n'étais pas apte à entendre ce que tu avais à me dire. » Je ne fuis pas son regard, je suis franc et je n'ai pas peur de cette conversation. « Quand on est jeunes, on est impulsifs. » C'est valable pour elle comme pour moi même si je pense encore que l'investigatrice de tout ce bordel, c'est elle. Cela dit, le temps est passé, je doute qu'elle soit toujours la même personne qu'à 18 ans. « C'est sans doute trop tard, ou pas d'ailleurs, mais on peut en reparler une bonne fois pour toute. » Je ne vais pas tergiverser sur le sujet pendant 10 ans et je ne crois pas qu'elle le souhaite non plus. Je ne sais pas ou cette conversation va nous mener mais j'ai un infime espoir qu'à la fin, aucun de nous n'est de rancœur pour l'autre.

J'ai terminé d’ausculter Pearl et désormais, je baisse mon masque de médecin. Maintenant que j'ai posé mon diagnostique et que les résultats ont été emmenés au laboratoire, nous devons attendre. Normalement, je quitte le boxe et je passe à autre chose mais je pense qu'elle et moi, nous avons des choses à nous dire ou peut-être à éclaircir. Jusque là, on évoque le sujet en surface mais je sens qu'il est temps d'en parler réellement, d'entrer dans le vif du sujet. Peut-être que la venue de la jeune femme ici n'est pas un hasard... Cette histoire me hante depuis des années et si je peux mettre un point final à tout ça, je ne suis pas contre. Je ne regrette pas notre relation mais comme elle, je crois, je regrette la tournure des évènements. « Et maintenant tu l’es ou tu refuseras encore de m’écouter ? » J'approuve de la tête et lui indique que je suis prêt à en parler. Je ne sais pas si ça va apporter quelque chose mais j'ai bon espoir tout de même. Pearl ne semble plus être la fille un peu instable que j'ai laissé... Je vais en être sur en l'écoutant s'expliquer d'ailleurs. « C’est sûr qu’il est un peu tard, que le mal est fait. Mais si tu m’avais écouté à l’époque ou du moins essayer de comprendre la raison pour laquelle j’ai fait ça, ça serait peut-être différent aujourd’hui… » Je la regarde et fronce légèrement un sourcil. Je ne pense pas que l'écouter aurait changé la situation ; j'étais blessé et rien n'aurait pu atténuer le sentiment de trahison que je ressentais mais je ne dis rien, j'écoute et je la laisse continuer. « Je sais que j’ai mal agis. Et avec le recul, je comprends que tu vois le pire en moi, que tu ne retiens peut-être que mes mauvais côtés. Je n’ai aucune raison qui soit valable à tes yeux. Mais à ce moment-là, j’en étais arrivé à me demander si t’étais encore amoureux de moi ! Tu passais ton temps dans ta bulle et on en a fini par vivre dans des univers différents. » Elle n'a pas tord, nous étions dans deux univers différents et c'était ça qui nous avait séparé en plus de son geste malheureux. Je suis un peu fautif, je l'ai toujours su, mais je ne considère tout de même pas lui avoir fait autant de peine qu'elle m'en a fait. « Pour te répondre, oui j'étais encore amoureux de toi. » répondis-je simplement, sans hausser le ton, sans crier, juste en m'exprimant normalement. Cette précision arrive tard, mais comme cette discussion au final. « Je te jette pas la pierre. Je suis la seule fautive des conséquences de mes actes. Je voulais juste te faire réagir un peu, te montrer que ce que tu avais, à cette époque, n’était pas acquis. Puis tout a dérapé » J'écoute toujours et je suis attentif à ses paroles. Elle ne se cherche pas d'excuses, c'est un bon point. Je comprends que ça peut être difficile d'expliquer les actes qu'on a commis, 7 ans plus tôt, mais elle se débrouille bien comme si tout ça était encore frais. « Je pense que tu réalises aujourd'hui que c'est une façon débile de montrer à ton petit ami que tu n'es pas acquise. » dis-je sincèrement. « Tu as pris le risque de me faire du mal et c'est pour ça que je n'ai pas voulu entendre tes explications... Pour moi, il n'y avait rien que tu pouvais dire qui pouvait atténuer ce que j'ai ressenti. Peut-être qu'on était trop jeunes pour savoir comment agir l'un avec l'autre, tu aurais du m'en parler et j'aurais du te donner plus d'attention. Ça, je l'ai compris trop tard personnellement. » Le temps m'a aidé à y voir plus clair et à cicatriser aussi. A 18 ans, on se construit et perdre confiance en soi et en l'amour, si jeune, ça n'aide pas vraiment pour la suite. Pourtant, à l'époque, notre couple ressemblait aux supers couples mignons des films, la nana cool et le geek. A croire que ça ne fonctionne que dans les films à l'eau de rose.

Deux sentiments se bouscule en moi. L'un veut lui en faire baver, l'autre n'a pas vraiment envie de ressasser le passé. Je suis, presque vulgairement parlant, le cul entre deux chaises. C'est à moi de décider de la tournure des choses, puisque Pearl attend de moi des explications mais probablement aussi l'acceptation de son mea-culpa. Au fond, je suis conscient que les conneries quand on est ado, on en fait des tas. Nos actes à 18 ans ne sont pas le reflet de la personne que l'on est à 25 et heureusement. Les conséquences à cet age, on s'en moque, et tenter de changer la mentalité d'un ado c'est comme pisser dans un violon clairement. Je vois à son regard que certains mots que je prononce la surprend mais je peux le comprendre. Notre relation avait été belle bien que difficile vers la fin, je sais que j'ai appris à ses côtés même si j'ai du souffrir pour apprendre. Je ne suis pas le seul à avoir souffert et je le réalise en discutant avec elle. « J’étais jeune et un peu trop bête et naïve… » Le dialogue ne semble pas aussi difficile que ce que j'avais imaginé quelques minutes plus tôt. Peut-être le temps a t-il fait son œuvre entre nous. « Mieux vaut tard que jamais pour nous de nous être rendus compte de nos erreurs. Même si de toute façon pour nous il est trop tard aujourd’hui. Tant qu’on évite de reproduire les mêmes erreurs. » Je la regarde et approuve de la tête. Cette scène aurait pu être placée dans la série Dynasty que ma petite sœur regarde parfois sur Netflix, mais fort heureusement, aucun de nous ne joue actuellement. Nous sommes sincères et ce pour la première fois depuis des années. « C'est trop tard pour nous deux mais ce n'est pas trop tard pour ne pas recommencer avec d'autres personnes, je suis d'accord. » Mettre un point final à une histoire même si elle date de plusieurs années est étrangement douloureux et ce même si les sentiments que j'avais pour Pearl ont disparu depuis longtemps. Malgré ça, elle reste quelqu'un que j'ai aimé et je ne peux l'oublier. « Même si ça a mis du temps, je suis content qu'on ait pu discuter... et qu'on ait mis les choses à plat. » Il n'y a aucun intérêt à se déchirer surtout pas si elle a désormais quelqu'un d'autre dans sa vie ce dont je ne doute pas vraiment. « Cette garde se terminerait presque en beauté... Tu veux peut être un soda ? Ou quelque chose pour charger ton téléphone et appeler un parent, ton petit ami ? » J'esquisse un petit sourire pour appuyer mes paroles mais aussi pour qu'elle comprenne que je ne suis plus au stade de la rancœur ni même de la rancune. Et que oui, certaines infos glissées plus ou moins subtilement m'intéresse.

@Pearl Tramell pas de soucis.