ghost of you (blani) +18

Sans chercher à être discret, je pousse un rapide soupire agacé. Riley et Logan ont décidé qu’il fallait que je sorte, que j’arrête de passer mon temps sur des machines à me préparer pour le combat à venir. Me détendre et me changer les idées, voilà ce dont j’ai besoin selon ces deux guignols. Je ne suis pas d’accord, bien sûr. Ils savent qu’à quelques semaines d’un match j’ai besoin d’évacuer l’angoisse de la seule façon que je connais : par le biais de bien trop de sport pour mon propre bien. Mais c’est aussi la seule façon d’éviter que mon impulsivité prenne le dessus et que je fasse une connerie. Bien sûr, ils ne le voient pas de cette façon. Probablement parce qu’il y a longtemps que je n’ai pas été traîné dans un bar et plus longtemps encore que je n’ai pas mis une femme dans mon lit. Comme si ma vie se résumait à ça … D’accord, c’est un excellent moyen de me faire décompresser lorsque le sport n’est pas suffisant mais j’estime ne pas en être là. Seulement les gars ne me laissent pas le choix et je sais qu’une fois ma séance quotidienne terminée, ils vont tout faire pour que je cède. Enfin, ils y sont parvenus puisque je peste en silence à l’arrière de la voiture, mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles. En dehors du sport, la musique est un excellent moyen pour me détendre, pour communiquer aussi et si I’ll be good de Jaymes Young passe actuellement ce n’est pas pour rien. La voiture garée dans un coin tranquille, mes lunettes de soleil sur le nez, j’avance la tête baissée pour ne pas me faire remarquer. Ce n’est pas seulement la boxe qui m’apporte de la notoriété, c’est aussi ma mère et son nom qui finit souvent sur les lèvres de bien des personnes. Ce soir, je n’ai pas envie d’être remarqué. N’ayant pas envie d’être à l’Union Pool, je le fais pour être certain que Riley et Logan me foutront la paix par la suite. Bières pour eux, 7 Up light pour moi, je m’ennuie comme un rat mort à les écouter parler de choses qui m’échappent. L’un est l’assistant de mon coach, l’autre mon masseur. Je les adore, déconne souvent avec eux, mais en ce moment je suis dans ma bulle. Une bulle qui éclate dès que je vois une brune passer à côté de nous, filer droit vers les toilettes et manquer de me faire tomber la mâchoire. Dani. Je ne l’ai pas revu depuis un moment, depuis que je lui ai demandé un peu brutalement de ne plus me rendre de visite en prison. Après ça, je l’ai évité, tout bonnement. Chose difficile puisqu’elle est la meilleure amie de ma demi-sœur. Ce soir, je suis poussé par un élan qui me surprend. A moins que ça soit mon envie de fuir les gars. Je me lève sans prévenir, abandonne ma boisson et prends la même direction que l’Espagnole qui ressort telle une tornade et me rentre dedans. Elle a l’air tellement choqué que ça me fait sourire. « T’as l’air bien pressé … y a un cadavre là-dedans ? » Demandé-je en regardant par-dessus de son épaule sans cacher mon amusement, puis mon regard retombe sur elle. « Bonsoir, Dani. » Je me retiens de dire qu’elle est toujours aussi charmante, ça serait déplacé, mais je le pense même si elle semble un peu fatiguée.

Rester assis bien sagement avec Riley et Logan aurait été plus malin, je le sais bien. Mais je ne fais jamais rien comme il le faut, trop impulsif pour ça. J’ai vu Dani et je n’ai même pas chercher à réfléchir plus que ça : je me suis levé et j’ai suivi le même chemin qu’elle pour m’assurer de tomber sur elle. Avec les années passer à ses côtés – même coupées par la prison – je n’ai pas oublié son caractère. Je sais qu’elle m’en veut, Cassie me l’a même dit plus d’une fois, mais j’aime jouer avec le feu. Je l’ai toujours fait et ça n’est pas prêt de s’arrêter. Si j’ai décidé avoir envie de lui parler, c’est bien ce que je compte faire, peu importe qu’elle me repousse. Je suis entêté de toute manière, il faudra bien qu’elle s’y fasse. Passé le choc de me voir devant elle alors que notre dernière conversation remonte au parloir – du moins si on oublie ces rares fois où nous nous sommes croisés sans vraiment échanger un mot – je ne peux m’empêcher de la taquiner. Sa réaction ne se fait pas attendre. Pas vexé, je continu même de sourire assez fièrement. « J’aimerais bien te voir essayer, tiens. » De me tuer pour laisser mon cadavre je veux dire. Plus petite que moi, plus menue aussi, elle ne fait pas le poids. Il serait plus intelligent de me taire mais pourquoi faire ? Je n’ai pas besoin de boire pour prendre le courage de briser la glace entre nous. C’est culotté de ma part, tant pis. « Oui, j’ai cru comprendre que tu m’en voulais encore. » Comment la blâmer ? C’était avant tout pour la protéger, ce que je n’ai pas eu le courage de lui dire. Je refusais qu’elle vienne me voir dépérir en prison. A vrai dire, les seules visites que j’ai acceptées venaient de ma mère parce que Sinead Danvers-Merritt n’est pas une femme à qui on dit quoi faire. Encore moins si ça vient de l’un de ses enfants. « Tu sais que la rancœur ce n’est pas bon pour la santé ? Enfin la colère te rend très charmante, mais tout de même. » Suis-je véritablement stupide ou ai-je envie qu’elle s’énerve contre moi ? La seconde option. De cette manière elle me dira ce qu’elle a à me dire et nous pourrons repartir à plat. Garder tout en soi, ce n’est pas bon, j’en sais quelque chose.

Loin de moi l’idée de faire en sorte qu’elle se ridiculise, au contraire même. Ce n’est pas parce que j’ai imposé une rupture entre nous et une certaine distance que j’en suis venu à lui vouloir du mal. A vrai dire, tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour la protéger. A ma façon, c’est une certitude, mais ça a fonctionné. Qu’est-ce que ça lui aurait apporté de venir me voir en prison hormis être liée à moi alors que, déjà, j’entachais le nom de ma mère ? J’aurais préféré que tout le monde m’oubli durant ces cinq années de calvaire, ça aurait été plus simple, mais j’en demandais trop. Certains m’ont jugé, d’autres ont accepté ma demande … mais il y en a qui n’ont pas écouté un mot et qui ont insisté pour me voir. Comme ma mère. Malgré ce que je pense, malgré le fait que je chercherai toujours à veiller sur elle – même à distance – je souris malicieusement. « Je n’en demande pas tant de toute manière, mais je suis certain que tu arriveras difficilement à me tenir tête. » Sûr de moi ? Complètement ! Je suis capable d’envoyer des types qui font deux têtes de plus que moi au tapis, alors une femme comme Dani ce serait trop simple. Seulement je ne touche pas aux femmes. Jamais ! Quant au fait de ne pas lui avoir de bonnes raisons d’arrêter de m’en vouloir, je me contente d’hausser les épaules. C’est la vérité, je ne vois pas pourquoi j’irais nier quoi que ce soit. Je tenais à ce qu’elle m’en veuille en sachant que c’était la solution pour qu’elle garde ses distances. J’ai eu raison, la preuve. Mon regard la suit tandis qu’elle se baisse ramasser son portable. Je ne bouge toujours pas. « Parce que le fait de te ramener en prison c’était pas suffisant pour arrêter de me voir ? » Je demande sérieusement. « Ça t’aurais pas apporté quoi que ce soit de bon d’être liée à un meurtrier. » Je crache ses mots avec dégoûts étant loin, très loin, d’un meurtrier. Officieusement, je n’ai jamais tué personne. Mon frère, si. J’ai simplement été assez con pour prendre sa place, pour veiller sur mon cadet qui, pour me remercier, m’a banni de sa vie. « Ça devrait être suffisant pour comprendre que j’avais pas envie que tu viennes. » Ce n’est pas si compliqué de saisir le fait que je voulais protéger mon entourage des vagues qu’allait faire mon emprisonnement.

Je pourrais très bien la laisser partir. Peut-être même que je devrais le faire, mais à quoi bon m’être levé pour la rejoindre si c’est pour la laisser filer aussi facilement ? Sans compter que nous avons des choses à régler. Principalement moi, en fait. Puisque c’est moi qui ai demandé à ce qu’elle ne vienne plus me voir, c’est à moi d’arranger les choses. Dani, elle n’a rien à se reprocher dans toute cette histoire. L’idiot c’était moi. Je l’ai été assez pour prendre la place de mon frère, pour bousiller ma vie et pour quoi au final ? Être remercié en étant un paria à ses yeux. J’ai perdu mon rêve, perdu des proches pour ce petit merdeux et c’est comme ça qu’il me remercie. Je souffle un coup, conscient que ma colère monte trop facilement lorsque je pense à mon jumeau et perdre le contrôle ici et maintenant c’est une mauvaise idée. Sans parvenir à faire disparaître mon sourire prétentieux, je continue de regarder la brune droit dans les yeux. « Oh non, je doute pas que tu sois capable de me tenir tête, mais pour le reste je demanderais presque à voir. » Je mérite des claques, je le sais, mais ça m’amuse. Je le fais sans doute un peu à ses dépens, mais je pense réellement qu’elle est charmante lorsqu’elle s’énerve. Je souris un peu moins ensuite. Plissant les yeux, je l’écoute, me décale sur le côté lorsqu’une fille tente d’atteindre les toilettes et me replace devant Dani. Nous ne sommes pas vraiment bien placés, mais apparemment ça ne dérange aucun de nous. « Tu devrais peut-être relire les charges pour lesquelles j’ai plaidé coupable. » Ce sont des mensonges, personne hormis mon frère et ma mère n’est au courant. Je vis bien avec ça. Enfin, plus exactement, j’ai appris à vivre avec et toujours aussi stupide, je continu de protéger mon frère en mentant encore maintenant. « Et moi j’avais pas envie. » Grogné-je. « J’ai ma fierté, Dani. Et cette fierté elle acceptait pas qu’on me voit enfermé comme un animal et être bouffé par l’angoisse d’avoir un souci avec un codétenu. » Heureusement pour moi, ce genre de merdes ne m’est pas arrivé. « Tu méritais mieux que perdre ton temps avec le taulard que j’étais. Tu devrais même me remercier pour ça. » Bon, peut-être pas, mais l’idée est là.

Spoiler:

ghost of you

tell me how to be in this world, tell me how to breathe in and feel no hurt.

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Un tas de choses me passe par la tête. Un tas de choses que j'aimerais lui dire et pourtant, je me garde un peu de retenue. Devrais-je vraiment? Je n'aurai pas dû revenir pour ce téléphone. Je n'aurai pas dû arrêter aux toilettes. Je sais très bien que j'aurais bien pu me retenir jusqu'à l'hôtel ou même jusqu'à chez moi, mais je suis comme cela, je suis prévoyante. Au final, je ne sais pas si c'est une si mauvaise chose que Blake se trouve devant moi en ce moment. Moi qui ai toujours souhaité évitée cette confrontation entre lui et moi depuis qu'il est sorti de prison, j'ai pourtant l'impression que c'est exactement ce dont j'avais besoin et que ce qui se passe entre lui et moi présentement est probablement une bonne chose. C'est certainement pour cette raison qu'il ne veut pas me laisser partir et c'est probablement pour cela aussi que je n'ai pas plus insisté pour qu'il bouge de mon chemin. Je me suis fait à l'idée que je devais peut-être prendre mes responsabilités d'adulte et lui dire que ce qu'il m'avait fait m'avait rendu furieuse, mais surtout, m'avais blessé. Bien que je déteste l'admettre, toute cette histoire entre Blake et moi m'a fait énormément de mal et je ne m'en suis probablement jamais remis complètement. Bon j'ai pas l'habitude de chialer comme une fillette et je n'y pense pas à tous les jours non plus. Mais sincèrement, au fond de moi-même, c'est peut-être pour cette raison que j'accorde beaucoup moins facilement ma confiance aux gens. « J'crois pas que t'a vraiment envie de voir ce dont je suis capable. » Des menaces pourtant vide de sens puisque je suis persuadée que jamais ma conscience et ma force physique serait apte à lui faire mal, mais bon, je ne veux pas perdre non plus la face et essayer de lui faire peur, bien que je suis presque certaine que ça ne fonctionne pas. Je suis peut-être la fille la plus têtue du monde, mais je sais aussi très bien que jamais je ne pourrais être à la hauteur de Blake dans un combat quand même. Alors que je réalise que lui et moi nous sommes au milieu de l'allée principale pour aller aux toilettes, je prends instinctivement le bras de Blake pour lui faire comprendre qu'on pourrait peut-être changer d'emplacement. Mais bon, je suis incapable de le déplacer moi-même alors je fais seulement quelques pas vers la gauche pour me coller contre une table vide afin de laisser les gens circuler convenablement. « J'ai pas envie de relire ça. Tout ce que je dis c'est que.. que tu vaux bien plus que ça. » Parce que même si je sais très bien ce qu'il a fait, je n'ai jamais voulu l'identifier à ce simple mot. Il a toujours été bien plus que ça pour moi. C'est peut-être aussi parce que je n'ai jamais compris pourquoi il avait fait cela. « Je.. » Je soupire légèrement alors que je vois bien qu'il est sincère et qu'il ne voulait vraiment pas me voir de l'autre côté de cette vitre alors qu'il était en prison. « Désolé.. » Dis-je tout bas. Les seules fois que j'ai réussis à aller le voir, il n'était jamais véritablement content de me voir, et c'est certainement parce qu'il avait honte de me voir dans ces circonstances-là et ça je peux le comprendre. « Je ne perdais pas mon temps en prison, j'avais que ça à faire m'inquiéter pour toi Blake.. » Je détestais penser qu'il était en prison, qu'il risquait de se faire démolir par d'autres détenus. J'ai passé des années de ma vie à me demander s'il allait bien, à demander des nouvelles de lui à sa mère, à Cassie. Je voulais m'assurer qu'il était toujours en vie et ce, même s'il ne voulait plus me voir. Et puis bon, ça il ne le savait certainement pas que je demandais de ses nouvelles à ses proches. « Je vais quand même pas te remercier de m'avoir sorti de ta vie deux fois plutôt qu'une... »

CODAGE PAR AMATIS | @BLAKE DANVERS

   

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Vais-je réussir à faire disparaître mon sourire amusé de sur mes lèvres ? J’en doute sincèrement. Au moins certaines choses n’ont pas changé, comme le fait que Dani soit toujours aussi bornée. Elle sait ne pas faire le poids contre moi et malgré ça, elle refuse de me laisser avoir le dernier mot. Ça me rassure, plus qu’elle ne peut l’imaginer. En prison, ma crainte était de sortir et d’être totalement perdu dans le monde. Il ne s’est pas arrêté pour moi, on ne m’a pas attendu et rien ne me garantissait que j’allais parvenir à m’acclimater. Ça a été le cas grâce à ma famille mais aussi à la chance que j’ai eu de faire de la boxe de mon métier même si je sais que je ne brillerai jamais aux jeux olympiques. Mais ça me va. Je fais tout de même ce que j’aime, gagne très bien ma vie grâce à ça et, surtout, j’ai réussi à me retrouver une routine. Seulement, constater que malgré les années passées loin de tout le monde, certaines choses restent inchangées ça me console. Ça ne devrait peut-être pas, mais c’est le cas. Je finis par capituler et lui laisser le dernier mot. Cette victoire, je peux bien la lui laisser. Décalé sur le côté après qu’elle m’ait fait comprendre vouloir dégager le chemin jusqu’aux toilettes, je reste devant elle sans rien dire. Je peux comprendre qu’elle n’ait pas envie de relire les charges qu’il y avait contre moi. « Je vaux plus que ça ? » Répété-je sans savoir si j’y crois ou non. Est-ce que je vaux réellement plus que ça ? Peut-être … j’ai toujours jugé devoir protéger mon frère, alors sans doute que j’ai un peu mérité ces années de prison pour me faire comprendre d’arrêter d’assumer ses conneries à sa place. « C’est du passé maintenant. » Affirmé-je en l’entendant s’excuser. « Comme tu le vois, ce n’était pas vraiment utile. Je ne dis pas que ça ne me touche pas que tu te sois inquiété pour moi, ton avis a toujours compté, mais ce n’était pas nécessaire. » Ou ça l’était sauf qu’il n’est pas question que je l’admette. J’ai eu l’avantage de faire mon poids en muscles, de continuer à m’entretenir en prison et ainsi d’éviter qu’on vienne me chercher des ennuis. Mais dans un autre monde j’ai probablement été battu et pire encore … Elle a sans doute eu raison de s’inquiéter pour moi mais je n’aime pas cette idée. « Ce n’est pas très gentil ça, je te rappelle que la première fois c’est toi qui m’a forcé à choisir. » Je fronce légèrement les sourcils même si je ne suis pas du tout en colère. C’est plus à Dani de l’être puisque j’ai préféré la boxe à l’époque. Con un jour, con toujours.

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