Don't be afraid. There's the two of us now / blani (+18)

Des semaines maintenant que j’organise ce voyage. Seulement elle et moi sur un tout autre continent, loin de New York et de ce qui s’est passé dernièrement. Une pause pour nous ressourcer et revenir plus forts mais aussi plus détendus. Elle comme moi en avons besoin et parce que je suis un type particulièrement perfectionniste j’ai veillé à ce que tout soit parfait. Vol dans le jet n’ayant plus l’habitude de ceux en compagnie d’inconnus et de gamins qui hurlent – ce que je n’aurais pas supporté – nous sommes arrivés à Rome dans un hôtel somptueux avec six bonnes heures de décalage horaire dans les jambes. Malgré ça, je ne me suis jamais senti aussi serein depuis des mois, probablement parce qu’ici personne ne sait qui je suis, personne ne s’intéresse à nous et nous pouvons être dans notre bulle sans être dérangés par qui que ce soit. Je compte en profiter autant que de notre séjour dans cette ville et du soleil plus que bienvenue. Restaurant puis balade dans les rues de la capitale italienne, je me suis effondré sans le moindre souci dans le lit confortable, mes bras autour de la taille de Dani, mon nez enfoui dans ses cheveux dont le doux parfum ne cesse de m’envoûter. Une nuit de sommeil réparatrice, sans cauchemar, sans réveil en panique. Et je le sais, je le dois à la proximité de la brune, à cette aura apaisante qu’elle dégage à chaque fois qu’elle est près de moi. Si elle n’a pas su calmer ma crise – personne ne l’aurait pu à vrai dire – elle arrive toujours à m’apaiser lorsque les choses commencent à aller mal. Je ne saurais pas l’expliquer, c’est ainsi depuis que nous sommes enfants et c’est ce qui me rends plus dépendant à sa présence que jamais. Réveillé par les rayons bien haut du soleil, tourné vers le bord du lit, je bats des cils et me retourne dans sa direction en soupirant. Ses yeux clos, je souris tendrement et vais replacer la mèche de cheveux qui lui barre le visage derrière son oreille en en profitant pour caresser la peau douce de sa joue. Des réveils comme celui-ci j’y ai eu le droit un grand nombre de fois depuis le mois de mars mais jamais je ne pourrais m’en lasser. Ils sont simples mais pleins de cette tendresse qui panse mes blessures invisibles. Continuant de caresser son visage jusqu’à la voir ouvrir les yeux, mon sourire vient illuminer mon visage tandis que je glisse ma main sur son épaule puis vers son bras que j’effleure. « Bonjour. » Dieu qu’elle est belle ! C’est la pensée qui me gagne à l’instant où son visage s’illumine à son tour, ses yeux chocolat rivés sur moi. Vraiment, c’est le genre de réveil que je veux jusqu’à la fin de ma vie.

Ces deux semaines loin de tout, ça va être l’occasion de nous recentrer, moi surtout. Il me faut ça pour encaisser ce qui s’est passé dernièrement et les révélations qui ont pas mal secoué ma famille. Entre la maladie de Kate, Cassie qui doit faire avec le fait que son petit ami a eu un enfant avec une autre et la découverte de ma bipolarité, le repos m’est devenu nécessaire. New York n’était pas faite pour ça et ma culpabilité n’aidant pas, il fallait que je trouve le moyen de réellement me faire pardonner auprès de Dani et lui montrer que peu importe ce que j’ai pu dire ou faire, je n’en pensais pas un mot. J’ai besoin d’elle dans ma vie, ça a toujours été le cas et la pensée de l’avoir rejeté comme je l’ai fait m’a presque rendu malade. Voyager ensemble, faire ce pas de plus, c’est une manière comme une autre de recoller les morceaux entre nous. Trop patiente avec moi, je sais qu’elle m’a déjà pardonné mais ça ne me suffira jamais. Allongé à ses côtés, continuant d’effleurer la peau douce de son bras, c’est son regard qui attire immédiatement mon attention. « Bon matin beau brun. » Sourire élargit par ce compliment agréable de bon matin, je soupire contre ses lèvres lorsqu’elle vient m’embrasser, ma langue venant caresser la sienne lentement. Ça suffit à faire réagir tout mon corps, à m’en faire vouloir plus malgré mon cerveau encore embrumé. « J'ai encore du mal à réaliser que pour les deux prochaines semaines je vais me réveiller dans tes bras tous les jours et en Italie. Tu as bien dormi ? » Je commence par opiner. Son corps contre le mien, une main sur sa hanche, je la bascule légèrement de sorte à pouvoir la faire venir s’asseoir sur moi en souriant de toutes mes dents. « Comme un bébé. Quelqu’un m’a bien épuisé hier et le décalage a aussi aidé. » Ce sont ses hanches que je caresse cette fois avant de me relever pour déposer un baiser que je fais durer sur son ventre dénudé. « Et va falloir t’y faire, y a pas qu’en Italie que je veux que tu te réveilles dans mes bras. » Sans la quitter des yeux, je chasse ses cheveux derrière ses épaules que je frôle, descends vers sa poitrine en humectant mes lèvres. « Et toi ? Bien dormie ? » Je lui retourne la question, continuant de me délecter de tout son corps de manière à bien me réveiller.

Il y a nettement plus désagréable comme réveil que d’avoir une femme aussi belle à ses côtés qui vous sourit, parfaitement heureuse. Peu importe que nous nous trouvions dans une somptueuse villa privée dans une ville qui nous est inconnue, je n’ai d’yeux que pour elle. Elle et son corps magnifique, après tout je suis un homme faible, d’autant plus quand il s’agit de Dani. Je lui offre de la tendresse dès le réveil et n’ai pas la force de quitter le lit ou même cette proximité avec elle. Je pourrais rester toute la journée au lit si je m’écoutais mais je sais que nous balader en ville, profiter d’un peu de normalité ne nous fera pas de mal. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes obligés de nous lever immédiatement, ça non ! « Heureusement que cette personne est là pour bien t'épuiser alors... » Je me mets à sourire comme un gosse, parfaitement d’accord avec ça alors que je continue de toucher sa peau partout où je le peux. « Oui, heureusement ! Mais il me semble que je l’ai bien épuisé aussi et qu’elle n’en redemandait plus ensuite. » Malgré ma position allongée, je parviens à hausser un peu les épaules. De toute manière, même si elle en avait voulu plus mon corps n’aurait pas été capable d’encaisser. La fatigue s’est abattue sur moi sans me prévenir. « À New-York aussi ? J'ai beaucoup de chance, même si c'est un peu plus compliqué qu'ici. » Mon sourire disparait quelque peu. Non pas que je sois tendu mais je redeviens sérieux, mes mains se promenant désormais sur ses cuisses de part et autre de mon corps. « Ça pourrait ne pas l’être. » Je sais que venant de moi c’est assez surprenant mais j’ai assez paniqué ces dernières semaines pour me rendre compte que je ne veux pas la laisser filer. « Oui je dors toujours bien avec toi. » J’attrape ses mains pour les tirer vers la tête de lit et ainsi l’obliger à s’allonger complètement sur moi. Baiser déposé sur le bout de son nez, je reprends ce que je tentais de lui dire avant. « Je suis sérieux, tu sais … on pourrait penser à s’installer tous les deux … après avoir annoncé à nos proches qu’on est de nouveau ensemble ? » Je m’y risque mais si je ne le fais pas maintenant quand vais-je le faire ? Quand vais-je trouver le courage d’aller au-dessus de ma part si je ne saisi pas l’occasion maintenant qu’elle se présente ? « Ça te semble bien ? » Je demande, sincèrement angoissé qu’elle ne me prenne au sérieux ou qu’elle ne soit plus intéressée.

« Madame en aurait sans doute demandé plus si elle n'avait pas été aussi fatiguée que monsieur. » C'est à mon tour de rire. Madame est surtout insatiable ce qui est très flatteur, autant dire les choses comme elles sont. De toute manière, et même si je radote comme un petit vieux, jamais je ne pourrais me lasser d'elle et de son corps. Même ses imperfections sont attirantes, je ne pourrais pas demander mieux. Hormis sans doute qu'elle soit à moi et que tout le monde le sache. Je sais que, de mon côté, je ne serais l’homme que d'une seule femme. Je le suis depuis année et ça n'est pas près de changer. Dans son regard je lis l'incompréhension puis la surprise, peut-être même du choc et de la panique, je ne saurais dire n'étant pas devin. C'est surprenant, je le sais, mais pour avoir eu plusieurs jours coincé sur un lit d'hôpital j'ai largement eu le temps de réfléchir à ce que je veux et ce que je ne veux pas perdre. Et elle je ne veux pas la perdre. Jamais. Alors oui, je me sens enfin prêt à me remettre dans cette case dans laquelle je me trouvais avant notre rupture des années plus tôt. « On est un .... couple ? Et… toi et moi ensemble? Dans notre petit chez nous ? » Je me contente d'agiter la tête. J'ai encore la peur d'essuyer un refus parce qu'elle aurait changé d'avis suite à notre dispute. Certes je n'avais aucun contrôle et je ne me souviens de rien mais qu'est-ce qui me garanti que ça ne l'a pas refroidi quant au fait qu'on soit réellement ensemble ? Rien ! Absolument rien. « Blake.. t'entendre me proposer tout ça.. je n'ai même pas de mot.. Tu sais à quel point je tiens à toi, à quel point je suis amoureuse de toi alors oui c'est parfait pour moi, mais je.. t'es certain que c'est ce que tu veux? T'as pas peur de le regretter par la suite? Et, dis-moi que ce n'est pas moi qui ai trop insisté. Je ne veux pas te forcer à rien faire. » Je respire enfin, expire d'un coup l'air que j'avais bloqué. Un nouveau rictus vient se dessiner sur mes lèvres, plus niais que les précédents. Mon buste redressé, je l'embrasse puis la bascule pour la dominer de toute ma taille. Mes lèvres descendent dans son cou, jusqu'à sa clavicule puis retournent embrasser furtivement sa bouche. « Je ne te l'aurais pas proposé si je ne le voulais pas. » Je tiens à la rassurer, qu'elle cesse de se sentir coupable. « Dani, je t'aime. A vrai dire, je n'ai jamais cessé de te le faire. La seule chose que je peux regretter c'est d'avoir pris autant pour te le proposer et avoir rompu. Tu seras toujours plus importante que n'importe quoi, même que la boxe. Des réveils comme ça j'en veux tous les jours, bébé. Donc oui, je veux que toi et moi on soient officiellement un couple et que, si ça ne va pas trop vite pour toi, on s'installe ensemble. De toute manière on arrête pas de squatter chez l'un ou chez l'autre, autant que ça soit plus simple. »

C’est dans des moments comme celui-ci que je me dis que je parle parfois un peu trop. Cependant, j’avais besoin de lui dire tout ça, de la rassurer autant que de déballer ce que j’avais sur le cœur. Parce que j’en ai assez de vivre dans la retenue. Des années que je le fais par peur et maintenant je n’ai plus besoin d’être effrayé. A partir du moment où les médecins ont mis un nom sur ce qui me ronge depuis que je suis gamin je me suis senti plus léger. C’est à croire qu’un énorme poids m’a été enlevé. J’aurais sans doute encore la crainte de faire du mal à mes proches pendant un petit moment mais je sens déjà qu’elle me dévore moins que par le passé. L’occasion est parfaite pour dépasser mes autres craintes et trouver le courage d’aller plus loin, le même que celui que j’utilise avant de monter sur le ring. Il ne reste qu’à voir ce que va être la réaction de Dani à tout ça. Est-ce que je vais aller trop vite pour elle ou non ? Se sent-elle prête à se jeter pour la seconde fois dans cette aventure avec moi tout en allant un peu plus loin cette fois-ci ? Des années que nous avons été ensemble mais nous étions trop jeunes et pas assez matures pour penser à nous installer tous les deux. Il est temps que ça change. « Blake... Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne, tu as toujours eu ta place dans mon cœur, t'as toujours été là et je ne veux pas que tu en sorte. J'ai l'impression d'être dans un rêve depuis le mois de mars, mais te retrouver et t'avoir à nouveau dans ma vie c'est la plus belle chose qui peut m’arriver... » Nos lèvres se rencontrent rapidement mais je reste concentré sur son regard que je n’ai pas la moindre envie de quitter. Pas plus que mon sourire ne quitte mon visage, trop satisfait par ce qu’elle me répond. « Alors si je peux me réveiller dans tes bras tous les matins pour le reste de mes jours, je veux bien qu’on habite ensemble et qu’on soit heureux. » Heureux. Oui, j’aimerais vraiment qu’on le soit cette fois-ci et que rien ne puisse venir encore faire tout exploser. Cela dit je sais que nous ne vivons pas dans le monde des bisounours et des merdes arrivent si vite. Si je suis sous traitement, mes crises seront toujours là. Elles seront plus faciles à gérer, certes, mais j’en suis tout de même dépendant. Ce n’est absolument pas le bon moment pour y penser. Je retrouve les lèvres de Dani. Ma main retrouve sa hanche puis le haut de cuisse. Le reste de mon corps est de plus en plus réveillé, de plus en plus prêt à réclamer autre chose mais je cesse de l’embrasser et pose mon front contre le sien. « Soit tu m’arrêtes maintenant, on file se doucher avant de manger et on se réserve ça pour ce soir ou sinon je t’épuise tout de suite … » Mon instinct d’homme voudrait qu’elle cède à la seconde option mais nous sommes aussi en Italie pour visiter et peut-être que ça lui tient à cœur malgré le fait que nous pouvons toujours repousser notre départ pour la ville suivante si on le souhaite.