fallin' all in you (blani) +18

L’avantage dans mon métier – hormis faire tomber les filles sans avoir trop à forcer – ce sont les hôtels que je fréquente et qui possèdent tout le luxe dont je préfère me passer lorsque je suis à New York. La salle de bain fait sans doute deux fois celle de mon appartement et les échantillons doivent coûter un bras. Autant en profiter au maximum même si ce qui m’intéresse le plus c’est le corps de la brune, pouvoir passer mes mains partout, la faire réagir sans pour autant céder une deuxième fois à la tentation. Je m’applique très sérieusement à la laver, souris en douce dès qu’elle souffle parce qu’elle apprécie un peu trop mes caresses. Je n’ai fait aucun commentaire à ce qu’elle m’a dit même si l’idée qu’elle était en train d’apprécier la vue que je lui offrais a flatté mon ego déjà démesuré depuis que je lui ai donné un orgasme dans cette douche. Rincée, c’est à mon tour de subir ses doigts habiles sur ma peau, de mordre ma lèvre lorsqu’elle passe à des endroits qui me font un peu trop réagir. C’est un jeu érotique auquel je ne dois surtout pas céder. Pas maintenant du moins. J’ai faim. Après tout ce que j’ai dépensé sur le ring et sous la douche, mon estomac n’est pas ravi et me le fait comprendre. « Hmm ... Oui je meurs de faim. », « Bien. » Je continu de sourire comme un con. Hors de la salle de bain, je vais vers mon sac, attrape un jogging que je laisse tomber sur mes hanches et me contente de ça. De toute manière je sais que dans un petit moment je n’aurais plus rien sur le dos, inutile de trop m’habiller. J’accepte tout de même le peignoir qu’elle me tend et l’observe, amusé. Bien, je vais cacher mon torse si c’est ce qu’elle veut … même si je le laisse assez ouvert pour qu’elle ait vu sur mes muscles. « Tout a l'air délicieux ... on va pouvoir prendre des forces avant le prochain round. » Un nouveau rire me gagne. Je retire les cloches au-dessus de nos plats et lui tends des couverts. J’ai tellement faim que je sais que je vais piocher dans les deux plats sans me gêner, qu’elle fasse la même chose. « Tu ne perds vraiment pas le nord. » Penché au-dessus du plan de travail qui sépare le salon de la petite kitchenette, je la regarde avec désir mais me corrige très vite. Ce n’est pas encore le moment. « Et sinon ... c'était quoi ton plan de soirée avant que je vienne te déranger dans la douche ? » Non vraiment, elle ne perd pas le nord. Je termine toutefois ce que j’ai dans la bouche et me redresse plus nerveux que je l’aurais imaginé. « Discuter … » J’attrape mon verre d’eau, le bois comme si j’avais espéré qu’il contienne de l’alcool. « Je pense qu’on doit vraiment parler. C’est pas mon fort généralement mais je sais pas où on va et très franchement j’aime pas quand je ne maîtrise pas la situation. » Que je lui dis en haussant les épaules. Elle le sait. Elle me connaît, j’aime contrôler les choses dans ma vie, pas les personnes juste … ma vie. Et là sans savoir où nous allons, ce que nous sommes, ça me prend la tête ce qui n’est pas une bonne chose.

J’ai une bonne envie de me défiler d’un coup. Pas franchement sérieux venant d’un gars qui prétend avoir des couilles. Là, j’ignore où elles sont parties mais j’ai surtout l’impression d’être une biche prise au piège dans les phares d’une voiture à attendre la collision inévitable. C’est moi qui ai eu la brillante idée d’admettre que je voulais qu’on discute. J’aurais pu me contenter de dire que je voulais manger puis la faire crier toute la nuit mais non, j’ai encore ouvert ma grande gueule. Ce n’est pas un mal, j’en ai conscience, mais j’ai peur. Ouais c’est ça, j’ai peur. Vraiment plus de couilles. Pourtant ce n’est pas comme si je ne la connaissais pas, que nous n’avions pas eu des discussions sérieuses par le passé. On en a eu un tas, surtout le jour où j’ai pris mon courage à deux mains pour lui dire que notre amitié ne me suffisait plus. Un peu comme là hormis que j’ignore si c’est une bonne chose ou non. Après tout, j’ai encore en mémoire la crise que j’ai eu avec elle, celle où j’aurais pu lui faire du mal. Une part de moi préférait que j’évite de trop entrer dans sa vie pour la protéger. Mais elle m’a répété être une grande fille, avoir le droit de faire ce choix, à moi de faire taire mon côté homme des cavernes et lui faire confiance. « J'suis certaine que tu y penses déjà toi aussi. » Ne pas y penser alors qu’elle porte simplement un peignoir à côté de moi c’est impossible et je pense que mon sourire suffit pour confirmer que j’y pense déjà, en effet. « Oui je voulais discuter aussi ... Je ... je sais pas non plus où on s'en va, mais je crois qu'on doit vraiment en parler. » Bien au moins je ne suis pas le seul à être paumé. C’est rassurant tout en ne l’étant pas parce qu’il est vrai que j’espérais secrètement qu’elle parvienne à m’éclairer. « Je sais pas par où commencer, mais ... depuis que je t'ai vu au Union Pool, j'me suis jamais sentie aussi bien qu'au cours des dernières semaines ... J'me suis posé un tas de questions depuis, j'ai essayé de comprendre des choses, mais ... t'es revenu dans ma vie et c'est comme si t'étais jamais parti en fait ... » Un silence s’installe entre nous. Non pas que j’ai envie de lui faire peur, il me faut un petit instant pour parvenir à rassembler mes pensées. « Je ne m’attendais pas à tout ça. » Pour ce qui est de ne pas lui faire peur, à sa tête, j’imagine que c’est manqué alors que je m’empresse de reprendre : « Non c’est pas … je voulais pas que ça sorte comme ça. » Je lui assure avec un petit rire nerveux. Tout aussi nerveusement je passe une main dans mes cheveux encore mouillés. « T’as toujours eu de l’importance pour moi et t’en auras toujours. J’ai pas envie de sortir de ta vie, j’ai pas envie de voir quelqu’un d’autre et j’ai certainement pas envie qu’un connard vienne poser ses mains sur toi. »  J’enchaîne en posant une main sur sa cuisse, oubliant un instant le repas qui refroidis devant nous. « Mais je ne sais pas si je peux être en couple. J’ai peur de finir par merder et je sais que tu vas me dire que je le ferais pas mais t’en as aucune assurance. En revanche, je peux essayer d’être … quelque chose. Je peux essayer de voir si avec le temps je peux entrer vraiment dans ta vie sans te blesser. » Je soupire en attrapant mon verre d’eau que je bois pour calmer mon angoisse. « Je me doute que c’est pas ce que tu voulais entendre mais pour le moment c’est tout ce que je peux offrir : une exclusivité et essayer. » A voir si ça lui suffira, si elle a assez confiance en moi pour me laisser le temps de gérer ma merde tout en la gardant près de moi sans qu’il n’y ait quoi que ce soit d’officiel entre nous. Et toujours aussi dévoré par le stress, je me reprends mon repas pour occuper mes mains et ma tête.

On dirait un gamin de quinze ans. Oui, je viens de faire un bond en arrière, de retour à la case adolescence. Je suis aussi nerveux que la première fois où j’ai embrassé une fille. Je ne devrais pas pourtant. Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour ne pas avoir à nous sentir ainsi. Mais il n’y a rien à faire. Ce que je vais lui dire ne va pas lui plaire. Je ne vais pas lui offrir ce qu’elle souhaite et si ce que je vais proposer sera déjà beaucoup pour moi, il y a un grand risque que ça ne soit pas assez pour elle. Ça me fout la trouille. L’idée qu’elle puisse ne pas accepter et décider que, puisque c’est comme ça, elle préfère qu’on s’arrête là. Je viens à peine de la retrouver, qu’elle m’échappe encore une fois – et encore à cause de moi – ça ne me plait pas. Seulement, je ne veux pas lui promettre quelque chose que je ne pourrais pas lui offrir. Si j’en viens à être celui que je ne veux pas être, que je finis par la blesser, je m’en voudrais et la perdre à cause de ça … ça me détruirait. Mieux vaut un petit peu que pas du tout, non ? Je lui promets de ne pas aller voir ailleurs, de n’être qu’à elle, c’est presque accepter d’être à nouveau en couple sauf que je ne suis pas sûr d’être capable d’être un petit ami. Et je vois que je la déçois. Elle essaye de le cacher mais je le vois. Ça me fait mal mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Je ne veux pas lui mentir. Cette conversation c’est aussi pour être francs l’un envers à l’autre. « J'ai pas non plus envie de te voir avec d'autres ... J'ai paniqué tout à l'heure juste à l'idée qu'une autre te touche, juste à les entendre parler comme ça de toi ... Et j'ai encore moins envie d'être avec un autre homme ... » Je ne devrais pas mais je souris. Je souris parce que je suis amusé d’entendre qu’elle n’a pas apprécié entendre des femmes crier tout un tas de choses à mon sujet alors qu’elle savait qu’aucune n’allait attirer mon attention. Certainement pas alors qu’elle était là. « J'ai peut-être aucune assurance, mais je sais que j'ai réussi à te calmer par je ne sais quel moyen la dernière fois et que je peux surement le faire encore ... Je sais que tu as peur de me faire du mal, mais Blake ... Tu peux pas encore baisser les bras pour ça ... Parce que cette fois, je vais me battre pour toi, pour ... Nous. » Sa tête reste baissée. Ainsi elle ne voit pas ma mâchoire qui se serre à mesure qu’elle parle, elle mesure qu’elle tente presque de me faire changer d’avis sur quelque chose qui lui est encore trop inconnu. « Ce n’était pas … » Je pince l’arête de mon nez, soupire doucement et relève les yeux vers elle, même si elle ne me regarde pas. « Je ne veux pas prendre ce risque mais ça ne veut pas dire que je baisse les bras pour le reste, pour nous. Il faut … j’ai besoin que tu me laisses le temps de m’adapter, d’être certain que je ne vais pas déraper et te blesser. Moralement ou physiquement. » Doucement, je caresse le dos de sa main posée dans la mienne. J’accepte qu’elle tente d’être là pour moi, de toute manière j’ai besoin d’elle, mais je veux tout de même être certain que je ne risque pas de déconner ce qui signifie que – parfois – il va me falloir du temps pour moi. « Je peux pas ... imaginer encore ma vie sans toi à mes côtés ... » Ma main libre passe sous son menton, relève sa tête. « J’ai pas dit que je comptais partir, ça j’en suis incapable. » Mon pouce frôle ses lèvres et est remplacé par mes lèvres. Je relâche sa main, pose les deux sur ses joues et approfondis notre baiser, ma langue allant caresser la sienne. « Accepte, s’il te plait … » Mon front contre le sien, je ferme les yeux, recommence à caresser ses joues. « Je veux être avec toi mais tu dois me laisser prendre le temps de régler mes problèmes comme je le peux. »

L’angoisse me noue l’estomac. Si elle refuse, qu’elle veut plus alors que je ne suis pas capable – pour le moment – de lui donner ça, qu’est-ce que je fais ? Depuis quand est-ce que j’accepte d’être autant torturé hein ? Certes je fais passer les autres avant moi mais ça ne veut pas dire que je me laisse marcher sur les pieds pour autant. Certainement pas ! C’est moi qui contrôle ma vie et si quelqu’un n’accepte pas mes termes tant pis pour lui ! Je ne vais pas me plier aux exigences de tout le monde. J’ai donné de ma personne pendant cinq ans pour récolter du froid et du mépris, il n’est pas question que je subisse ça une nouvelle fois. Je me protège comme je le peux, érige des barrières très, très hautes autour de mon cœur. Seulement il y a cette petite brune qui arrive à me désarçonner. Comme si elle avait toujours eu le pouvoir de passer à travers les murs qui me protègent pour aller attraper mon cœur et le garder au creux de sa main pour me faire angoisser, me faire craindre qu’elle finisse par le lâcher. Il irait se briser en mille morceaux au sol si elle le faisait. Je pourrais m’inquiéter de la facilité qu’elle a de m’affaiblir mais ce qui me dérange le plus c’est le risque qu’elle ne soit pas d’accord avec ce que je lui propose. C’est le mieux que je puisse faire pour le moment. Je n’irais pas courir le risque de me proclamer petit ami pour finir par la briser. Je n’irais voir personne d’autre qu’elle, je ne voudrais qu’elle, mais je ne pourrais pas me considérer en couple. Quand j’aurais besoin de prendre du temps, il faudra qu’elle l’accepte et être ensemble m’en empêcherait. « C'est juste que ... J'ai pas envie que tu te prives d'être heureux à cause de ça Blake ... tu as le droit au bonheur toi aussi. Tu as toujours voulu que tout le monde le soit avant toi, mais toi aussi tu y as droit ... » Je ne réponds pas. Ma main serre doucement la sienne. Ça me touche qu’elle s’inquiète autant pour moi mais je vais bien. Ça me rend heureux de m’assurer que mes proches le sont, c’est tout ce qui compte. Je veux qu’elle aussi soit heureuse, plus que tout au monde probablement. Vraiment, elle a un certain pouvoir magique pour me rendre aussi faible. Pour m’amener à la supplier d’accepter. Je ne supplie jamais, c’est une de mes règles d’or. Je viens de la briser avec elle. Maudite bonne femme ! « Je peux pas refuser ... Je préfère t'avoir comme ça que pas du tout ... Surtout pour ne pas te laisser à une de ces filles ... Je veux être avec toi aussi ... » Malgré moi je souris, fier qu’elle accepte. Fier d’avoir un tant soit peu d’emprise sur elle aussi. Nos visages plus proches encore, j’ai complètement oublié le repas. Même mon estomac ne semble pas grogner alors que j’ai arrêté de le remplir. Mon corps tout entier ne pense qu’au sien tout près. Je suis celui qui décide que le peu de distance encore entre nous ne doit plus être. Mes mains se posent sur ses hanches que je saisi pour la faire venir sur moi. Enfoncé contre le dossier du canapé, elle me surplombe mais je n’ai qu’à relever la tête pour saisir ses lèvres. Mes doigts effleurent ses cuisses dénudées et ne cessent de remonter sous le peignoir qu’elle porte encore. « Elles n’ont aucune valeur à mes yeux. Il n’y a que toi qui compte. » Je lui assure en séparant brièvement nos bouches. La mienne préfère aller sucer la peau de son cou pour lui laisser une marque, ma marque. C’est peut-être trop fleur bleue de ma part de lui dire qu’elle est la seule qui compte mais je m’en moque. Je pourrais me damner pour elle sans la moindre hésitation.

Je me souviens encore du jour où j’ai réalisé qu’elle n’était pas simplement une amie, pas simplement ma meilleure amie mais qu’elle était entrée dans ma vie en donnant un grand coup de pied, déterminée à tout chambouler sur son passage. C’est ce qu’elle a fait sauf que c’est moi qu’elle a chamboulé. J’étais déjà un petit con et une boule de nerf à l’époque. Elle a su m’apaiser, comme si elle était un baume sur ces blessures dont je n’avais même pas connaissance. Plus que n’importe qui d’autre dans mon entourage, c’était elle qui parvenait à me détendre. Au moment où je lui ai demandé d’arrêter de me rendre visite, que je l’ai poussé à sortir de ma vie, j’ai su que je jouais avec le feu, que je repoussais la seule personne à même de canaliser ce qui brûle en moi. C’était pour le mieux. Je me le suis répété inlassablement, particulièrement lorsque son absence provoquait un manque en moi. Je la protégeais de cette façon, comme j’ai toujours voulu le faire. La seule chose que je n’ai pas pris en considération c’est son avis, ce qu’elle pouvait penser de tout ça. J’ai agis sans penser une minute qu’elle pouvait avoir son mot à dire. Là je me promets de ne pas agir de la même manière. Certes je lui fais comprendre que je n’ai pas grand-chose d’autre à lui proposer mais elle a le choix. C’est à elle de décider si elle prend ou non ce que je lui propose. Autant éviter que je commette sans arrêt les mêmes erreurs, non ? Tout ce que j’espère – et putain je le souhaite vraiment du fond du cœur à m’en rendre malade – c’est qu’elle dise oui. Qu’elle accepte, putain, parce que je ne sais pas comment je réagirais si ce n’est pas le cas. Et entendre qu’elle ne peut pas refuser, bon sang, ça me libère plus que je ne l’aurais imaginé. Le poids accumulé sur mes épaules se dissipe et plus rien ne compte hormis elle et moi. Le reste n’est qu’un flou magistral auquel je ne veux pas prêter attention. Dans ma nuque, je sens ses doigts qui caresse ma peau et mes cheveux. J’adore cette manie qu’elle a de me toucher précisément à cet endroit, de me procurer cette douceur que j’accepterai à tout jamais. De son autre main elle vient caresser mon torse dont les muscles se contractent à son passage. J’arrête de respirer quelques secondes, ma bouche contre sa peau. Ça y est, elle est déjà en train de me faire perdre pied. Mon deuxième cerveau se réveille, commence à se mettre au garde à vous. Fichue femme et attraction sexuelle qu’elle a sur moi. « Il n'y a que toi aussi. Il y aura toujours que toi ... » Je dois retenir le tremblement que provoque de tels mots de sa part. Si sincère que ça pourrait me faire fuir mais non. J’aime quand c’est elle qui me dit ça. Une autre femme aurait eu le droit à ma lâcheté, pas elle. Mais je veux déjà plus que des paroles ce que je prouve en dénouant la ceinture du peignoir qui cache son corps. J’en fais glisser le tissu de sur ses épaules et dépose des baisers dessus. Vraiment, je ne me lasserais jamais d’elle et de son putain de corps parfait. Qu’elle fasse de moi ce qu’elle veut, de toute manière je ne suis pas bien difficile. J’ai des idées à revendre, particulièrement concernant ses magnifiques lèvres que j’imagine à un endroit particulier. Une pensée qui fait frémir mon entrejambe. Mais je ne dis rien. Je préfère continuer de faire glisser le peignoir sur son corps sans continuer d’embrasser son cou, juste sous son oreille en frottant ma barbe contre sa peau joyeuse irritée par ce contact.