there's ... there's two of you now, right ? ☾ solal

La nuit s'annonce longue. Malheureusement ce n'est pas ma nuit de repos aujourd'hui et je suis celui qui va devoir faire la fermeture de la boîte. Résultat, je commence à minuit trente et même en comptant le temps pour y aller, j'ai encore un moment avant de partir. Histoire de tenir toute la nuit j'ai fait une sieste en rentrant des trois heures de stage avec mon frère et je me suis réveillé il y a peu de temps. Sans surprise, quand je suis sorti de ma chambre je me suis vite aperçu que j'étais seul dans l'appartement. C'est vrai que j'avais entendu parlé de sorties pour ce soir. Je sais pas où ils sont tous partis -je suis pas leur mère- mais j'espère qu'ils s'amusent bien. Haaa ça doit être bien d'avoir des horaires normaux n'empêche. C'est dans ce genre de moment où je me dis que je changerais bien de boulot avant de me rappeler que j'ai la flemme d'en chercher un nouveau. Tant pis. Poppy, Shuri et Guz' sont donc en soirée tandis que je traine en sweat à capuche et en survêtement dans l'appartement en attendant de me préparer à aller à l'Output. La télé est allumée sur un match de football américain mais j'ai enlevé le son. Deux ans et demi que je suis à New York et je ne suis toujours pas sûr d'avoir tout compris à ce sport et au pourquoi du comment des gens ont l'idée de comparer le Super Bowl et la Coupe du Monde. Bref, à la place des commentaires du match j'ai mis de la musique. Mon ordinateur portable trône fièrement sur la table du salon qui est recouverte de bordel. Pendant ce temps, je suis allongé sur le canapé et en train de discuter par message avec Ilyès. Puis soudain, on frappe à la porte en mode... intense quoi. Je fronce les sourcils, préviens Ilyès et lève mon cul du canap'. Je regarde par le judas et fronce un peu plus les sourcils en voyant... Wyatt ? J'ouvre la porte et sa confusion reflette la mienne. « Toi, t’es pas Poppy. » lance-t-il. Je hausse les sourcils, ne m'étant pas attendu à une telle entrée en matière. « Et toi, t'es perspicace. » ai-je rétorqué, surpris. « Et même si t’es mignon, c’est pas toi que je veux embrasser. » continue Wyatt. Okay... y a trop d'informations là, la principale étant, bien évidemment, qu'il est totalement bourré. « Vu que Poppy est ma meilleure amie, je vais faire comme si je n'étais pas vexé. » ai-je fait pour plaisanter avec un sourire amusé. Je m'écarte du seuil pour le laisser entrer. « De toute façon je ne fais rien aux petites choses fragiles qui ont abusé de l'alcool. Mais je retiens que tu me trouves mignon. » Je referme la porte derrière lui en essayant de réfréner ma curiosité. « Y a que moi ce soir, désolé. Je te proposerais bien à boire mais je vois que t'as déjà bien entamé ta soirée... de l'eau peut-être ? » lui ai-je demandé en appuyant mon épaule contre le mur du salon tout en croisant les bras.

J'ai du mal à me dire que dans quelques heures, je vais devoir pointer mon nez dehors pour aller bosser. La neige est plutôt bien tombée ces derniers temps et dehors, tout est recouvert d'une bonne couche poudreuse. À Paris il y a des grosses chutes de neige de temps en temps mais rien à voir avec ce qu'il se passe à New York. En vivant ici, j'ai appris à connaître de véritables hivers, bien longs et surtout bien chiants pour se déplacer. Alors quand en plus, vous devez sortir au beau milieu de la nuit pour aller bosser, c'est encore moins évident pour trouver de la motivation. Mais soit, ce n'est pas comme si j'avais le choix. Ce soir tout le monde s'est absenté et profite de sa soirée, il n'y a que moi erre à l'appartement. Enfin c'est le cas jusqu'à ce que je me retrouve nez à nez avec un Wyatt complètement bourré. Ca, j'avoue que je ne m'y étais pas attendu. Je lui dis qu'il est perspicace d'avoir tout de suite compris que je n'étais pas Poppy. « Non Wyatt, mais je t’en veux pas.. » Je hausse les sourcils, un peu sous le choc d'entendre une vanne pareille sortir de sa bouche. Un sourire apparaît tout de même sur mes lèvres, plus parce que je suis amusé par la nullité de la vanne parce que la vanne elle-même. « Wow, t'as vraiment dû boire comme un trou pour sortir un truc pareil. » ai-je fait amusé. J'ai pas vraiment l'habitude de le voir ainsi, ça fait bizarre. Je fais entrer Wyatt dans l'appartement, en lui disant ensuite sûrement trop de mots à la suite pour qu'il puisse tout capter sans problèmes. Il n'a en tout cas pas l'air de capter qu'il a dit qu'il me trouvait mignon mais je saurai lui rappeler dans le futur, ça il peut être sûr. En tous les cas, je l'avertis tout de suite qu'il n'y a que moi ce soir et lui propose ensuite... un verre d'eau. « Un verre d’eau, ouais. » Je hoche la tête alors qu'il va s'affaler sur le canapé. Je me retiens me foutre de sa gueule avec quelques difficultés. Après tout, si ça se trouve il y a un problème et du coup, je devrais pas rigoler. Je vais lui chercher un verre d'eau et le lui rapporte. « Poppy est sortie donc ? » Je me retiens de lui dire qu'il est toujours aussi perspicace, ça se fait pas quand même. Faut être gentil avec les gens bourrés, surtout quand on l'a déjà été soi-même un certain nombre de fois. « Elle l'est, oui. » ai-je simplement répondu, avant de poursuivre. « Du coup j'aurais bien bu avec toi ce soir mais bon, je travaille tout à l'heure... et j'aimerais ne pas avoir à nettoyer ton vomi avant de partir. Mais tu pourras rester dormir sur le canapé si tu veux. Je suis sûr que Poppy sera ravie de te voir. » ai-je dit avec un sourire en coin.

C'est sûr qu'en ouvrant la porte de l'appartement, la dernière chose à laquelle je me suis attendu, c'est de trouver Wyatt en mode bourré sur le seuil. Mais malgré tout, je pense que je peux dire que c'est une surprise agréable parce que ça me fait bien rire. Le seul truc qui me fait moins rire c'est le fait que je vais devoir partir bosser dans quelques heures mais autant éviter de penser à ça pour le moment. « Ouais, beaucoup trop de verres. » répond Wyatt quand je lui dis qu'il a sérieusement dû abuser de l'alcool pour sortir une vanne aussi nulle. À mon grand étonnement, je le vois soupirer, signe qu'il n'est pas aussi alcoolisé que je le pensais. C'est toujours le pire, quand t'as trop bu mais pas assez et que du coup tu te rends compte à quel point t'as été con de boire autant. Je le laisse aller s'écrouler sur le canapé avec un sourire en coin. J'ignore ce qui se cache derrière tout ça mais j'avoue, j'aimerais bien le découvrir avant de partir. Une des premières questions de Wyatt et de de demander si Poppy est sortie, ce que je lui confirme. Vu sa tête, il aurait sûrement préféré une autre réponse mais je suis malheureusement seul à l'appart' ce soir. « Si tu pouvais ne pas parler de chose qui peuvent justement me faire vomir, je t’en serais reconnaissant. » répond Wyatt quand je lui dis que j'aurais bien aimé continué à boire avec lui. Je ne peux pas m'empêcher de rire légèrement. C'est vrai que c'est risqué de continuer à lui parler d'alcool tout en lui demandant de ne pas vomir. « Je sais pas... ça dépend si t'es toujours en état de te rappeler où sont les toilettes. » Je ne devrais pas le taquiner comme ça mais c'est plus fort que moi. Ce n'est pas comme si ça ne m'était jamais arrivé en plus, mais d'un autre côté, je dois gérer des gens comme ça tous les soirs pratiquement donc parfois comme là je peux embêter Wyatt... Ce dernier s'enfile d'une traite le verre d'eau que je lui ai ramené et s'enfonce un peu plus dans le canapé. J'espère que les autres ne m'en voudront pas mais je serai plus tranquille en le sachant tranquille sur le canapé plutôt qu'à tituber dans la neige en train d'essayer de rentrer chez lui. Au moins, je sais qu'il n'est pas du genre à prendre la voiture dans un tel état, c'est déjà ça. « Je suis pas contre l’idée de dormir sur le canapé et t’avais sans doute mieux à faire que supporter un type ivre ce soir. » Cette fois je ris un peu plus. « Je te rappelle que je supporte des gens ivres assez régulièrement dans mon boulot. En fait, grâce à toi je me mets déjà en mode boulot avant de partir... du coup c'est cool. » ai-je fait amusé. « Même si t’as pas l’air franchement motivé à aller bosser. » poursuit Wyatt. Je hausse les épaules et vais m'installer dans le fauteuil en face de lui. « Le plus chiant quand tu bosses de nuit et surtout à cette période de l'année c'est de se motiver pour quitter la chaleur de chez soi pour retourner dehors... et dans mon cas supporter des types ivres. Même si bon, ce soir le type ivre est déjà chez moi. » Je dis vraiment tout ça pour plaisanter, je n'ai aucun souci à l'idée que Wyatt soit là et bourré. Après tout, les amis ça sert à quoi ? Ca sert en partie ça. « Alors... une raison particulière avoir vidé trop de verres ou... une envie soudaine ? »

La difficulté qui peut exister quand on bosse avec de tels horaires c’est en partie de ne pas s’endormir avant de partir. Ça fait un moment que je suis habitué à ces horaires mais j’ai l’impression qu’il y a toujours quelque chose qui fait que mon corps a toujours le réflexe de se dire que normalement à cette heure là, les gens ne vont pas au boulot. Mais du coup, avec un Wyatt bourré sur mon canapé, il n’est pas question que je m’endorme. « Je suis même pas certain d’être capable de les atteindre sans me casser la gueule tes toilettes. » répond Wyatt quand je lui dis que j’espère qu’il se souvient comment trouver les toilettes dans l’appartement. Il est toujours sur le canapé et moi sur le fauteuil. Je l’observe en ayant du mal à faire disparaître un léger sourire de mes lèvres tout en me disant que je devrais peut-être m’inquiéter. Après tout, ce n’est pas comme si Wyatt faisait ça tous les jours. « C’est gentil de prévenir. On va quand même éviter que tu te casses une jambe en plus d’avoir une bonne gueule de bois. » Mieux vaut qu’il reste le cul sur le canapé pour le moment. Je sais ce que c’est de se retrouver dans cet état et j’ai aussi vu ce que c’était chez les autres. Vu la tête de Wyatt, j’ai l’impression qu’il risquerait de vider son estomac rien qu’en bougeant son petit doigt. En tout cas, j’évoque avec lui le fait qu’il me permet de m’entraîner avant d’aller au boulot, où je vais certainement devoir aussi gérer des personnes ivres. « Au moins j’aurais une utilité ce soir en plus de te faire marrer.  » Il ne semble pas trop m’en vouloir de me foutre légèrement de lui. En même temps c’est à ça que servent les amis dans ce genre de situation, non ? À se foutre de votre gueule tout en faisant attention à vous. « Oui, désolé. Mais tu sais que je compatis… et tu me connais, je me fous de toi mais je le fais avec toute mon affection. » ai-je fait avec un sourire innocent. Il sait de toute façon que s’il me voyait dans cet état, il aurait totalement le droit de faire la même chose et se foutre ouvertement de moi. Je le taquine encore un peu et ça le fait rire. « J’imagine. Ce qui me déprime à cette période de l’année c’est le nombre de crimes qui augmente. A croire que les fêtes réveillent les pires fous de la planète. » lance Wyatt. Je ne me suis pas attendu à une réponse si pessimiste de sa part. Je penche légèrement la tête sur le côté et essaie de trouver les bons mots. « J’imagine que malheureusement dans ton boulot t’es plus confronté à tous les mauvais aspects plutôt qu’aux bons... » Ce qui est vraiment dommage parce que je ne pense pas me tromper en disant que même si des dingues se révèlent pendant cette période, les fêtes de fin d’année sont aussi l’occasion de voir de belles choses dans cette humanité pas toujours… positive. Je finis enfin par lui demander s’il y a une raison particulière pour laquelle il s’est enivré ce soir. Il met quelques secondes à me répondre. Sur le coup, j’ai l’impression qu’il ne m’a pas bien entendu mais il finit par ouvrir la bouche. « Je pense que les femmes ont été créées pour nous torturer, c’est tout. » finit par dire Wyatt. Je me retiens de sourire et hoche la tête. C’est donc un problème de coeur, pourquoi ça ne me surprend pas ? C’est toujours les problèmes de coeur, de toute façon, la cause de tous les problèmes. Mmmm à moins que ça ait un rapport avec ses sœurs ? Je sais que Wyatt est proche d’elles. « C’est vrai qu’elles sont pas mal dans leur genre. Si ça peut te consoler, les mecs sont aussi pas mal quand ils veulent. » ai-je répondu. Pour en avoir fréquenté plusieurs, je suis plutôt bien placé que les hommes peuvent être aussi très chiants. « Est-ce que… tu veux en parler ? Ou tu préfères que j’aille te chercher une bassine, juste au-cas-où ? » Je précise que j’ai posé la question normalement, sans me moquer de lui.

« Si tu le fais avec toute ton affection, comment je pourrais t’en vouloir ? » rétorque Wyatt quand je lui dis que même si je me fous de sa gueule, je le fais gentiment. C'est vrai que j'ai tendance à magner un peu trop le sarcasme parfois, mais avec mes proches c'est vraiment en mode qui aime bien châtie bien. Un sourire innocent étire mes lèvres pour toute réponse. Ouais, comme ça personne ne peut m'en vouloir, hein ? Bon la technique ne marche qu'avec les amis parce que bien sûr quand les gens ne vous connaissent pas, c'est plus compliqué. Après ça, nous continuons à discuter. Sur le coup, je me dis qu'il aurait peut-être plutôt envie de cuver tranquille, sans personne pour l'obliger à ouvrir la bouche, histoire de pouvoir "agoniser" sur mon canapé en paix. Mais pour le moment, je suis plutôt curieux et je me dis qu'il me reste encore pas mal de temps avant que je parte, donc je pourrai toujours le laisser seul tout à l'heure. Nous abordons ensuite nos boulots respectifs et le fait que même à cette période de l'année, Wyatt est confronté aux mauvais aspects des gens. « C’est un peu ça. Mais je l’ai voulu et j’ai su dans quoi je m’engageais. Ça ne facilite pas les choses. Et puis je me dis que si je commence à m’habituer c’est que je dois m’arrêter. » répond Wyatt. Je hoche la tête, comprenant ce qu'il veut dire. « C'est pas faux. Mais bon... enfin on va peut-être pas discuter de ce genre de choses alors que t'as sûrement l'impression que mon appartement s'est transformé en manège. » ai-je fait avec un léger sourire. Là, mon ton n'a rien de moqueur, il est plus compatissant. Vient enfin le moment où j'essaie de savoir ce qui se cache derrière cette visite à une telle heure de la journée et en plus bourré car vraiment, ça ne ressemble pas spécialement à Wyatt de faire ça. Seulement, avant tout, je lui demande s'il ne préfère pas que j'aille chercher une bassine avant tout. « Ça ira pour la bassine, je devrais pouvoir tenir le choc. » répond mon ami. « Si tu le dis. » ai-je fait en tentant de garder mon sérieux. Il se redresse difficilement sur le canapé et je me promets d'aller chercher la bassine à la première occasion. Pas que j'ai pas confiance mais parfois qu'on est bourré, on se rend pas bien compte. « C’est … compliqué. Rien à voir avec Poppy et elle est au courant. J’ai simplement du mal à passer le cap du "t’as été pris pour un con Wyatt" … S’il y avait pas eu Poppy, je crois que je serais resté convaincu que les relations d’un soir sont à favoriser. » explique Wyatt. Ooh. Je hoche la tête. « Donc... Poppy et toi vous êtes ensemble maintenant, c'est ça ? Fais-gaffe, je t'ai pas encore servi le discours du meilleur ami protecteur. » ai-je plaisanté.  « Non sérieusement. L'alcool, les aventures d'un soir... c'est parfait pour oublier pendant un temps mais au bout d'un moment ça devient plus compliqué. Donc... je sais pas ce qui s'est passé exactement mais c'est bien que tu puisses compter sur Poppy... et sur l'alcool quand même, évidemment. » ai-je fait sans trop savoir ce que je dis. Moi, ne pas être doué pour réconforter les autres ? Mais noooon.