noé&solal - yeux disent le contraire

« Je savais que t’étais un profiteur, en fait tu cours avec moi dans le parc en espérant que quelqu’un te voit avec moi ? » lance Noé quand j’essaie de faire croire que je veux me faire de l’argent sur son dos. Un large sourire ne quitte plus mon visage. N’empêche, tout ça, ça m’avait manqué. Nous deux, en train de plaisanter, comme avant. Même avant qu’on soit ensemble c’était déjà un peu le cas, à une échelle moindre évidemment. On ne voyait pas aussi souvent pour commencer et je le voyais rarement seul. Je pense pas avoir été celui de la bande qui le faisait le plus chier mais… en tant que petit frère de mon meilleur ami, c’était impossible de faire autrement. Bon, par rapport à Enzo et Evan, c’est moi qu’il connaît depuis plus longtemps mais bon… Disons que les gars se sont bien rattrapés quand on était tous plus grands. Après quand on était ensemble, nos taquineries étaient à la fois similaires et différentes. Disons que la plupart du temps, elles se terminaient d’une autre faon. Bref. « Tu m’as tellement grillé. C’est dingue comment tu me connais bien. » ai-je fait amusé. C’est vrai qu’il me connaît bien. Après je dis ça mais on a tous les deux changés ces dernières années, je pense. Est-ce qu’on se connaît toujours aussi bien ? Il était là lors d’un moment très pénible pour moi, le moment où j’étais peut-être le plus vulnérable de toute ma vie. Parfois j’ai l’impression qu’importe le temps qui passe, il me connaîtra toujours. Ça me rend nostalgique tout d’un coup. « Si c’est ça je suis désolé de t’apprendre que je ne suis pas si connue que ça  » poursuit-il. C’est vrai que maintenant qu’il le dit, je pense pas non plus que sa carrière soit à ce point là mais bon, je voulais pas être méchant à le soulignant. C’était plus drôle de rentrer dans son jeu. Je prends un air déçu et peiné. « Oh merde ! Plus aucun intérêt du coup. Je me casse direct. » Je fais un mouvement pour faire demi tour mais ris et me remets à courir normalement, c’est-à-dire dans le bon sens. Notre jogging se passe tellement bien que tout naturellement, on parle de la prochaine fois qu’on se verra. On évoque toujours le sport. Après tout, le fait qu’on soit tous les deux assez actifs est une bonne façon de continuer à d’organiser des moments entre nous. Après que Noé ait placé son accélération sans prévenir, je le rattrape sans problème. « T’es pas obligé de me rappeler ce mauvais souvenirs » lance-t-il quand j’évoque le billard. Ouais, faut pas qu’il pense trop vie que je suis un bon professeur, après tout il n’a jamais réussi à apprendre comment jouer au billard. Pour ma défense, je n’étais pas son seul prof, les gars ont aussi essayé… enfin plus ou moins pour certains. Faut dire que ça devait pas être drôle de nous avoir tous sur le dos. «  Mauvais souvenirs ? À ce point ? On t’a traumatisé c’est ça ? » ai-je fait amusé. Je me rappelle de sa tête de sa tête frustrée et nos conneries. Le pauvre. Je peux comprendre si on l’a traumatisé. Et du coup vu qu’on parle des gars, j’en profite pour lui parler de mon projet de retourner à Paris cet été. Après notre discussion au café, je sais que pour Noé, c’est New York sa maison et y a aucun mal à ça. Je dis pas qu’au bout de trois ans, je considère pas cette ville comme une maison, mais avec ma mère et mes meilleurs amis à Paris, mon coeur sera toujours un peu dans la ville lumière. « J’espère que tu pourras y aller et si jamais t’as besoin je peux toujours t’avancer tu sais » Alors que nous courrons toujours, mon visage se tourne vers lui en un éclair, sourcils haussés. « Merci pour la proposition mais… non merci. On recommencer juste à sa voir, je vais pas te taxer. Je préfère encore demander à mon père. » ai-je dit sur un ton qui n’offre aucune contestation. Encore une chose qui est différente depuis notre rupture quand j’y pense. Mon père, mes frères… C’est vrai que les choses ont bien changé mais pas à ce point. Je ne me vois vraiment pas taxer Noé. Je hausse les épaules. « Au pire, je demanderai à ton frère de me rembourser une partie… Comme ce voyage sera en partie pour revoir sa petite tête. » ai-je poursuivi, pensif par rapport à cette idée. Quoi ? Noé et moi continuons de courir jusqu’à ce qu’il la parole : « Bon on la fait cette course ou pas finalement ? » Je hoche la tête, toujours en souriant. « On va voir si t’arrives à me battre sans tricher. » ai-je lancé avant de reprendre, mon corps prêt à accélérer vraiment le rythme. « Prêt ? Partez ! » Et nous nous élançons tous les deux dans les allées du Parc.