aiden&solal - the trouble with wanting

« C’est parce que la pizza nous fait perdre la tête ça.  » finit par dire Aiden. Je hoche la tête. C’est vrai qu’on raconte n’importe quoi avec cette histoire de pizza. Une chose est certaine, c’était le repas parfait pour me remonter le moral et m’encourager à aller au boulot. On mange tranquillement alors qu’il me propose de m’aider à manquer le travail. « Je savais que je pouvais compter sur toi. Et puis si tu l’avais dit, tu ne serais pas rester mon colocataire préféré bien longtemps. » poursuit-il  quand je lui dis que je ne révélerai pas aux autres qu’il pense que je suis le meilleur colocataire du monde. Je lui lance un sourire innocent. « Raison de plus pour me taire, être ton colocataire préféré est bien trop important pour moi. » ai-je fait, amusé. Après on s’entend tous relativement bien, ce qui est toujours mieux quand on vit avec les personnes. Je prends une autre part de pizza après avoir demandé à Aiden ce qu’il dirait pour m’aider à me faire porter pâle. « Moi, Aiden Whitemore, certifie que Solal n’est pas en état de venir travailler car il ne peut pas décoller des toilettes. Je vous assure qu’il ne vaut mieux pas pour vous l’avoir dans les pattes. » Je lève les yeux au ciel et rigole légèrement dès le moment où il prononce le mot “toilettes”. J’aurais dû me douter qu’il trouverait une connerie à dire. « Ou un truc dans ce genre-là. C’est bien non ? » Je fais la moue et hausse les épaules. « Est-ce qu’on pourrait éviter toutes les excuses en rapport avec les toilettes ? Je sais que j’en demande beaucoup mais ça m’arrangerait. » Encore une fois, même si c’est chiant, j’ai l’intention d’aller bosser mais autant qu’on soit d’accord sur cette histoire d’excuse quand même. Ça fait un moment que je n’ai pas été malade et si mes collègues entendent une quelconque histoire en rapport avec des toilettes, je vais en entendre parler pendant un moment. Alors que je suis à la moitié de ma deuxième part de pizza, nous parlons de son programme de ce soir. « Je compatis. C’est encore possible tu sais.  » dit-il quand j’avoue que j’aimerais bien avoir le même programme que lui. Encore une fois je hausse les épaules. Je dois arrêter de dire ça et au contraire, me motiver. J’ai l’air d’un ado de quinze ans qui ne veut pas aller en cours. « Et je ne bave pas quand je dors. Même pendant mon sommeil, j’ai une classe à toute épreuve. » « Je demande à voir ça… Mais si tu le dis. » ai-je fait en finissant ma deuxième part de pizza. Elles sont tellement bonnes. Je me lèche les doigts rapidement. « En tout cas merci d’avoir pris des pizzas. C’est la nourriture parfaite pour remonter le moral. »

« Le truc, mon cher Solal, c’est qu’il faut rester convaincant. Plus je mets de détails sordides, moins ton patron essaiera de chercher si tu l’as baladé. Moi qui trouvait justement que j’étais resté trop soft. » Je lève les yeux au ciel, plus amusé qu’autre chose, malgré la situation et ce que je viens d’entendre. À y réfléchir deux secondes, Aiden n’a en plus pas tort. Qui demande plus de détails une fois que le mot “toilettes” est prononcé dans un tel contexte ? Pourquoi je me pose la question de toute façon ? Ce n’est pas comme si j’allais craquer donc cette histoire d’excuse reste totalement théorique. Et puis, même si ce n’était pas le cas, je connais suffisamment Braeden maintenant et… Bref. « Trop soft ? J’ose même pas te demander ce que tu as en tête pour la version pas soft. » ai-je lancé avec un sourire en coin, avant de hausser les épaules. « Mais ton argument se tient en tout cas. » Il faut bien l’admettre. Le tout est de trouver le juste milieu j’imagine et comme cette excuse ne servira pas de toute façon, autant entrer réellement dans son jeu. Enfin ... Je vais peut-être prendre quelques notes quand même, sait-on jamais, pour le futur. Tout en évoquant le programme de la soirée, on en vient à parler d’Aiden et s’il est du genre à baver quand il dort. « Tu peux vérifier quand tu veux. » « Fais gaffe, je vais venir te voir en rentrant demain matin pendant que tu dors... » Ça serait gênant et très flippant. Autant éviter de faire un truc pareil, surtout pour une telle raison. En finissant ma deuxième part de pizza, je remercie mon colocataire d’avoir été en prendre. C’est quand même la  nourriture idéale quand on n’a pas le moral. « Mais de rien. »  répond Aiden avant de reprendre. « Tu n’avais pas le moral ? » Vu ce que j’ai dit, normal qu’il se pose la question. Au fond, parler un peu ne me ferait sûrement pas de mal. Je hausse les épaules, toujours appuyé sur le comptoir. « Je suis un peu fatigué en ce moment. J’ai des trucs qui me prennent la tête aussi. » Des trucs ou plutôt, des personnes. « C’est pour ça que tes pizzas tombent vraiment très bien. » ai-je dit sur un ton un peu plus enjoué pour ne pas qu’il se fasse trop de souci.

« Bah je donnerai encore plus de détails évidemment. » répond Aiden. J'esquisse un sourire et hoche la tête. Si cette histoire d'excuse était vraie, j'ai l'impression que je ne pourrais pas l'arrêter de donner des détails même si je le voulais. « Je n'en doute pas, je te fais confiance pour ça. » En tout cas, même si je le savais déjà, c'est toujours bien de savoir que je peux compter sur Aiden. Je n'avais pas vraiment de doutes sur le sujet mais je sais maintenant, avec certitude que si j'ai besoin d'une excuse un jour, je vais pouvoir compter sur lui et son imagination débordante. Pour ce qui est de savoir s'il bave quand il dort... j'ai presque envie de mener l'enquête. Aiden prétend être classe en toutes circonstances, même quand il dort mais j'ai un doute. Alors je prétends que je vais venir la nuit, en rentrant du boulot, pendant qu'il dort. Ce n'est pas du tout une idée flippante à part ça mais il sait que je plaisante... même s'il sait aussi que pour la vanne, je pourrais le faire. Oh oui, je pourrais le faire. « Tu ne le feras pas. » se moque Aiden. Il a raison. Quand je rentre du taff, j'ai plutôt tendance à aller m'écrouler dans mon lit plutôt qu'aller réveiller les autres, mais bon... Je hausse un sourcil avec une lueur malicieuse dans le regard. « Je n'en serais pas si sûr si j'étais toi. » Suivant l'heure à laquelle je rentre, je pourrais limite le réveiller pour qu'il aille au boulot. Si on continue sur cette voie là ça va se terminer en connerie ça... Mais non, on finit par parler du fait qu'il n'y a rien de mieux qu'une pizza quand on n'a pas le moral. Je ne sais pas si j'ai envie d'aller plus loin sur le sujet, d'expliquer pourquoi exactement je n'avais pas le moral. C'est vrai que je suis fatigué mais j'ai la tête prise par d'autres trucs aussi. « Ouais, je vois ce que tu veux dire. Il n’y a rien qu’une part de pizza ne puisse pas arranger. Ou de l’alcool mais tu travailles donc bon… » Mon sourire s'agrandit un peu plus. « Si on continue comme ça on va vraiment devoir l'utiliser l'excuse des toilettes pour expliquer mon absence au boulot. » ai-je lancé amusé. Mais je lui suis reconnaissant de penser à moi en tout cas. Je soupire en repensant au fait que je vais aller bosser en ayant un peu trop Shay et Noé en tête. Oh et puis merde, j'avais pas prévu le truc mais j'ai quand même envie de me lâcher un peu. « En fait, je suis fatigué mais j'ai pas le moral aussi parce que je me pose des questions... parce que disons que j'ai quelqu'un en tête... » ai-je avoué.

« Je me barricaderais, comme ça je serai sûr d’être tranquille. » lance Aiden. Je souris en imaginant la scène. Je ne sais pas comment il se démerderait pour se barricader mais je serais vraiment curieux de voir ça. Je l'imagine déjà mettre une chaise derrière la porte pour coincer la poignée et puis peut-être même bloquer la porte de son côté avec un meuble lourd... enfin tout ça, ça serait si on était vraiment sérieux à propos de cette histoire de vérifier s'il ne bave pas dans son sommeil. Honnêtement, je serais ravi de lui montrer qu'il bave sûrement quand il dort mais je ne compte pas, en rentrant du boulot, aller l'emmerder. Je suis pas contre l'idée d'une bonne blague mais sur ce coup... Ah je sais pas. De toute façon ce n'est pas la question pour le moment, j'ai plutôt envie de jouer le jeu sans me poser de questions. « On verra ça. méfie-toi tu pourrais avoir une surprise un matin... » ai-je fait sur un ton bien mystérieux. Les autres nous prendraient pour des tarés si on faisait un truc pareil et je me ferais sans doutes engueuler pour avoir réveillé toute la maison. En tout cas ça me fait du bien de parler avec Aiden et de plaisanter avec lui. Ça me change un peu les idées avant d'aller bosser. Néanmoins, je commencer à avouer à mon colocataire que je n'ai pas le moral. Certes j'ai la flemme d'aller bosser mais si on creuse le truc, il y a plus. Aiden me propose de l'alcool et je rétorque que si on se lance là-dessus, il va vraiment devoir me faire un mot pour ne pas que j'aille bosser. « C’est parce qu’elle est super mon excuse. » dit-il en prenant une nouvelle part de pizza. « C'est vrai qu'elle pourrait être efficace dans ce cas. » ai-je fait avec un sourire. Mes yeux s'attardent sur la pizza qui reste et... non. J'ai mangé juste de quoi prendre mon repas avant de partir, si je pousse trop, je vais me sentir comme un Bibendum et il va falloir me rouler jusqu'à l'Output. Donc malgré le ton léger qu'il y a entre Aiden et moi, je finis par évoquer deux trois trucs plus... sérieux, comme quoi j'ai quelqu'un en tête. Lui et moi on adore plaisanter ensemble mais je sais que je peux aussi lui parler. « Et ça ne se passe pas bien avec cette personne j’imagine ? » demande Aiden. C'est un peu normal qu'il puisse penser ça vu que je suis très vague sur la situation. Je secoue la tête et hésite à être totalement honnête avec mon ami en lui parlant de Noé. « C'est pas vraiment ça... C'est que c'est une amie pour le moment, elle a traversé des choses pénibles ces derniers temps et je... je sais pas si je me lance, je sais pas si elle pense aussi à moi... je ne sais pas si c'est une bonne idée ou si ça serait pas mieux de rester potes, surtout après les mois difficiles qu'elle a pu avoir. » Je soupire et esquisse un sourire la seconde d'après. « Il va peut-être vraiment me falloir de l'alcool si on se met à aborder le sujet. »

« Ce serait creepy quand même. » lance Aiden quand je lui dis de se méfier. Qui sait si je ne le surprendrai pas un matin dans sa chambre en rentrant du boulot ? Je lui souris en prenant le plus parfait des airs innocents. En vrai, je ne pense pas le faire, même si ça me tente parfois de faire des blagues à mes colocataires. Il faut dire que quand je rentre du boulot, je pense plutôt aller me coucher plutôt qu'à faire un détour par la chambre d'Aiden... hors contexte, c'est une phrase très étrange. Pour ce qui est de la fameuse excuse d'Aiden pour mon boulot, c'est vrai qu'elle pourrait être très efficace. « Très efficace. Bon, je ne l’ai jamais testé mais c’est parce que je n’ai jamais eu personne d’assez gentil pour me faire un mot comme ça. » Nouveau sourire de ma part. C'est vrai que si on se mettait à boire de l'alcool pour accompagner les pizzas, il pourrait en effet utiliser la fameuse excuse dont on a parlé. Même si l'idée est tentante, elle ne sera pas nécessaire, déjà parce que ça ne serait pas professionnelle et ensuite, parce que la nourriture qu'il a rapportée est suffisante. Les pizzas ont fait tout le boulot en me redonnant un peu d'énergie. « Et moi qui ne veux pas que tu la testes sur moi non plus... on est tous méchants avec toi en fait. » ai-je fait amusé. Le pauvre. Après, sans vraiment le prévoir, je me mets à lui parler de ce que j'ai en tête. Apparemment, j'avais besoin d'en parler et d'ailleurs, je lui donne plus de précisions sur ce qui se passe. « Tu ne sauras probablement si tu n’essaies pas. Et tu ne cesseras pas de te poser la question du coup. » répond Aiden après m'avoir écouté lui parler de mon dilemme avec Shay.Ce qu'il vient de me dire est un bon résumé de la situation, quelque chose de logique et d'évident mais c'est bien aussi d'être dans le déni. Affronter ses sentiments, ça fout la trouille. « Mmmm ça se tient comme argument... T'as de l'avenir pour ce qui est de donner ce genre de conseil, tu sais ? Mais ouais, blague à part, je sais... Je dois juste faire mon courageux. » ai-je soupiré. J'esquisse une moue qui veux en gros dire que je sais que c'est ce que je dois faire mais bon... « Je peux aller en chercher si vraiment t’en as besoin. » dit-il quand je lance qu'il nous faudra vraiment de l'alcool si on continue à parler de ça. « C'est tentant comme proposition mais non, je vais résister. Merci du soutien en tout cas. » Je marque une hésitation. « Peut-être qu'à ma pause tout à l'heure, je t'enverrai un message pour t'inviter dans la salle de pause à prendre une bière quand même... » ai-je fait sur un ton malicieux.