(fb) noé&solal - like I'm out of my mind when I'm doing just fine

Je pense que j’ai gardé mes angoisses un peu trop ces derniers temps. En parler faisait que ça deviendrait un peu trop réel et il faut parfois un peu de temps avant de se faire à l’idée. Pourtant je sais que de nos jours, il y a sûrement des tas de gens qui vivent bien l’idée de ne pas être hétérosexuel, même au moment de le réaliser. J’aurais bien aimé que ça soit aussi mon cas, mais évidemment, non. Moi je préfère ruiner la soirée des autres. Maintenant que j’ai parlé à Noé, que tout est retombé… Je me sens bizarre, confus, honteux et un peu fatigué après toutes ces émotions, mais je me sens mieux. Une part de moi aimerait effacer ce qui vient de se passer, surtout la partie où je lui dis que je ne veux plus de lui. Je voudrais effacer cette partie entièrement. Mais la scène dans son ensemble m’a donné l’occasion de lui parler, ce qui est positif. Enfin quand même, j’en reviens pas qu’il se soit excusé. Je m’en veux encore plus de lui avoir fait du mal. Il est resté avec moi alors que j’ai été horrible… ce genre d’actions veut dire bien plus que n’importe quel mot. J’ai du mal à croire que la soirée continue au magasin. On n’est pas pas si loin après tout, mais j’ai vraiment l’impression qu’on est dans notre bulle, assis contre le mur dans un coin de la cour. Comme on essaie d’être honnête l’un avec l’autre, je me décide à dire d’autres mots qui m’écorchent la bouche. Ils font moins mal que ceux que j’ai déjà pu sortir ce soir mais ils sont toujours douloureux. Mes angoisses ne vont pas disparaître comme ça. J’ai conscience que je ne veux pas le sacrifier pour continuer à faire semblant, mais j’ai encore un peu de chemin à parcourir avant d’accepter la situation à 100 %. Alors, malgré le sourire que Noé a pu faire quand je lui ai dit vouloir être avec lui, je préfère lui dire clairement ce qu’il en est. « S’il y a bien une chose pour laquelle tu n’as pas à t’inquiéter c’est que je ne veuille plus être avec toi parce que je suis sur d’une chose et c’est que je veux être avec toi et ne t’excuse pas d’avoir des angoisses et d’être humain c’est ce que j’aime chez toi. » J’expire un grand coup en écoutant ses mots. C’est beaucoup pour une soirée et j’ai l’impression que, jusqu’à cet instant, j’avais du mal à respirer. Ces derniers mot me touchent particulièrement et réchauffent mes joues. Je remarque que sa main est proche de la mienne. « Je suis sur qu’on peut surmonter ses difficultés. » poursuit Noé. Il y a vraiment un “on”, un Noé et moi. Je suis pas sûr que je le réalisais vraiment avant ce soir. Ça me fait encore quelque chose de l’entendre dire ça. Je me dis que ce soir, c’est l’occasion de repartir sur de bonnes bases et pour ça, il faut continuer à être courageux et surtout, à ne pas se prendre la tête. Je recouvre sa main avec la mienne et la serre légèrement. Ce geste veut tout dire en soi. « Ouais, je pense aussi. » ai-je dit d’une voix un peu plus rauque que la normale. Il y a tellement de choses que j’aimerais lui dire en même temps, je ne suis plus très sûr où j’en suis avec tout ça. Je retire ma main de la sienne pour me gratter l’arrière du crâne. « Merci… d’avoir compris. » C’est les seuls mots que je réussis à sortir. Je me sens vulnérable tout d’un coup, j’ai pas l’habitude. J’ai encore moins l’habitude de l’être devant une autre personne. J’ai de la chance qu’il ait compris que ma mauvaise réaction a été causée par la peur et qu’au fond, ça n’avait rien à voir avec lui. Soudain, on entend de grands éclats de rire qui doivent provenir de l’entrée du magasin qui se trouve à quelques mètres. J’ai l’impression qu’on vient de me sortir de mon monde. « Noé, je pense que je vais y aller. Je crois que j’ai juste envie de me poser chez moi après tout ça… Mais si tu veux rester t’en fais pas pour moi, je sais encore où j’habite. » ai-je dit avec un sourire pour le convaincre que oui, ça va mieux.

Je n'ai pas envie de rester ici. Je n'ai pas envie de rester dans un endroit public aussi simple que la rue ou le RER... je veux juste rentrer chez moi et souffler un bon coup. Ce qui vient de se passer m'a pas mal chamboulé. La montée progressive de l'angoisse qui a fini par atteindre son apogée quand j'ai repoussé physiquement Noé... Tout a fini par retomber et ce genre d'émotions fortes et violentes laissent des traces. Alors même s'ils ont l'air de bien s'amuser à l'intérieur du magasin, je ne me sens pas d'y retourner et prétendre aller bien quand c'est beaucoup plus compliqué que ça. Seulement je ne veux pas forcer Noé à partir s'il n'en a pas envie. C'est sa soirée boulot et je l'ai suffisamment gâchée comme ça pour en rajouter. Même si on a réussi à arranger les choses, je pense qu'on est en train de chercher un nouvel équilibre dans notre relation et qu'il va falloir un peu de temps. Je crois qu'on est en train de passer au sérieux en fait. C'est un peu effrayant et en même temps... mon coeur a l'air totalement d'accord à cette idée. Effrayé et excité, ce sont sûrement les deux mots qui résument le mieux les personnes qui commencent une relation sérieuse. « Je n’ai pas envie de m’éterniser ici non plus » répond Noé quand je l'avertis. Je pense que j'espérais qu'il réponde ça. S'il était reparti à la soirée, je crois qu'au fond je me serais dit qu'en fait, il m'en veut à mort et je me serais imaginé un tas de choses. J'ai beau ressentir encore des sentiments contradictoires à propos de toute cette situation, je sais que je me sens bien avec lui et c'est ce que je ne dois pas oublier. « Ca te dérange si je pars avec toi ? » continue Noé. Je secoue la tête. « Non... non évidemment ça ne me dérange pas. » ai-je fait avec un petit sourire. Je regarde les conséquences de mes actes. Noé ne sait plus comment s'y prendre avec moi. Tout d'un coup, Il a des doutes  sur des mots et des gestes sur lesquels il n'aurait jamais douté encore ce matin. Bien sûr, je lui suis reconnaissant d'y aller doucement après ce qui vient de se passer, mais je ne peux pas m'empêcher d'y penser parce que c'est de ma faute. En même temps, c'est vraiment de ma faute. Mais bon, il est temps de passer à autre chose et de commencer à avancer. « Je vais à Etoile pour prendre le A du coup. » Je sais pas pourquoi je dis ça, ça paraît évident. Des Champs jusqu'à Nanterre, le RER A reste encore le moyen le plus facile de rentrer chez moi. Il m'arrive parfois de prendre le bus mais vu l'heure qu'il est, autant prendre le RER. J'attends qu'il me rejoigne et nous commençons à marcher vers la sortie. « J'ai l'appartement pour moi tout seul ce week-end heureusement, ma mère sera pas là à me demander pourquoi je rentre plus tôt que prévu. » Il n'est pas non plus très tôt mais comme ma mère est une couche tard, je l'aurais sûrement croisée et autant dire que je n'ai pas envie de reparler de ce qui vient de se passer. On marche tous les deux sur les Champs en direction de la station alors que je suis en train de me dire que j'ai du mal à dire des trucs... utiles pour relancer un  semblant de normalité dans notre soirée. La nuit parisienne est relativement calme même s'il y a toujours de l'activité sur cette avenue, à n'importe quelle heure. « T'as apprécié cette soiré quand même ? » ai-je demandé curieux. Et puis j'ai envie qu'il se sente à nouveau à l'aise avec moi et qu'on recommence à parler un peu près normalement.

Pour le moment, je veux juste partir et comme je ne veux pas qu’il ait sa soirée encore plus chamboulée par ma faute, je lui précise avec sincérité que je peux rentrer seul. S’il a encore envie de profiter, de s’amuser, le voir rester ne me dérangerait pas. Bon honnêtement, j’aurais peut-être un pincement au coeur mais après ce que je viens de lui faire vivre, ça serait normal. Mais il veut m’accompagner. En même temps, on parle du gars qui a voulu comprendre ce que j’avais alors que je venais de rompre avec lui. Bien sûr que non ça ne me dérange pas s’il part avec moi. Je vois le soulagement prendre possession de son visage quand les mots sortent de ma bouche. Une part de moi s’en veut terriblement d’avoir fait en sorte qu’il craigne ma réponse sur une question pourtant si simple. C’est trop tard maintenant de toute façon. Il nous faut juste quelques minutes pour retrouver nos marques, retrouver les bons mots. Seulement, j’ai installé le doute dans son esprit et c’est à moi de le faire disparaître. J’ai juste l’impression de me débrouiller très mal. Nous nous éloignons du magasin et les mots qui sortent de ma bouche sont… inutiles. Bien sûr qu’il sait que je vais prendre le A pour rentrer chez moi et qu’est-ce qu’il en a à foutre que je sois seul chez moi ce week end ? Il doit penser que je force la conversation et dans un sens… C’est peut-être ce que je suis en train de faire. L’idée d’avoir un silence entre nous maintenant, m’inquiète. Ce n’était pas le cas avant. « Ca va aller tout seul après tout ça ? » demande Noé alors que nous continuons à marcher vers la station. J’essaie de profiter du moment, de me dire que les choses auraient pu être pire, qu’on a échappés à la catastrophe et qu’à partir de ce moment, ça va aller. « Ouais, t’en fais pas, je vais m’en remettre. » ai-je répondu avec un sourire qui s’est voulu convaincant. Je le pense vraiment, même si ça risque de ne pas être facile par moment. La situation ne va pas être parfaite du jour au lendemain, il va falloir y travailler. Je finis par demander à Noé s’il a tout de même passé une bonne soirée. Ma question le fait sourire et je suis bien conscient qu’après ce qui vient de se passer, le timing paraît un peu étrange. « Oui c’était pas mal, j’ai pu parler et rencontrer pas mal de monde dont des gens assez bien placé dans la marque » répond tout de même Noé. Je hoche la tête. Bien, si je n’ai pas totalement ruiné sa soirée boulot, c’est déjà une bonne chose. « Et toi, tu as quand même pu profiter un peu de la soirée ou... » commence-t-il avant de s’arrêter parce que la fin de sa question ne vient pas. « Laisse tomber tu n’es pas obligé de répondre à ça » finit-il par dire avec un léger sourire. J’imagine que c’est différent de me poser la question à moi. S’il a pu profiter de la soirée avant que je déconne, pour ce qu’il en sait, j’étais en train de paniquer depuis qu’on a mis le pied dans le magasin. Je hausse les épaules, ne voulant ni lui mentir, ni être trop brutal. « T’inquiète… Disons que c’était pas la meilleure soirée de ma vie mais qu’elle était quand même bien. » J’ai discuté avec des gens plutôt sympa, écouté de la bonne musique et j’ai pu voir Noé dans son élément. Je le regarde plus attentivement alors que nous arrivons près des escaliers pour descendre dans la station. L’énormité de ce que j’ai failli faire ne veut pas quitter mon esprit. « Je suis vraiment désolé de t’avoir blessé ce soir. » C’est pas la première fois que je m’excuse depuis que c’est arrivé mais j’ai l’impression que c’est la première fois que j’arrive à mettre tous les mots nécessaires ensemble. J’ai soudain très envie de l’embrasser, vraiment envie. À part nos mains dans le jardin, y a limite rien eu depuis le début de la soirée. Mais comme je l’ai dit, je n’en suis pas encore là. Ce n’est pas le genre de chose qui peut changer en une soirée… sauf si t’as beaucoup de courage et que t’arrêtes de réfléchir, ce qui n’est pas mon cas. Seulement j’ai vraiment envie de l’embrasser, de me trouver seul avec lui pour avoir la sensation que tout va bien. Ouais, peut-être que l’idée de rentrer et de me retrouver seul à l’appartement n’est pas si bien en fait. Nous descendons les escaliers alors que je suis encore en train de réfléchir et, je finis par me lancer, pas sûr de moi du tout. « Tu… veux venir dormir à l’appart ce soir ? Ton frère m’a prêté un jeu sur la Play l’autre jour et je l’ai pas encore essayé. » Le pauvre, il doit avoir du mal à me suivre ce soir. Il y a dix minutes je romps avec lui et je suis à deux doigts d'être violent et maintenant je lui propose de dormir chez moi...

On essaie de retrouver une conversation normale. Les mots sont toujours fragiles, incertains mais on travaille dessus. Alors qu’on marche tous les deux sur les Champs pour rejoindre Étoile, je me dis que la situation pourrait être pire. La situation s’est améliorée avant que je ne fasse une connerie irréversible. Noé est bien à côté de moi et même si mon esprit est encore chamboulé, on arrive à échanger de façon plus cohérente. Le moment où je lui demande s’il a tout de même passé une bonne soirée n’était peut-être pas la meilleure idée qu’il soit mais j’ai voulu être sûr que… je ne sais pas… qu’il en a un peu profité. J’aurais peut-être dû me taire, mais on finit par s’en sortir, même quand il me retourne la question. Je lui réponds le plus sincèrement et calmement possible. Je veux lui montrer que ça va mieux et que je peux parler de ce qui s’est passé, même si c’est arrivé il y a peu de temps. Malgré tout, alors que je le regarde à nouveau, les excuses sont encore sur le bout de mes lèvres. Je me promets que c’est la dernière fois que je le fais, que j’ai juste besoin de le dire en me montrant… tranquille. « Tu n’as pas besoin de t’excuser de nouveau, tu l’as fait une fois et je ne t’en veux pas je te promets » Je n’ai pas d’autre choix que de le croire. Je dois lui faire confiance sur le fait qu’il ait plus de discernement que moi. Je hoche la tête en me disant que oui, de toute façon maintenant c’est fait. Il faut passer à autre chose. Les gens font des erreurs parfois. Je me concentre sur ce moment précis, alors que nous descendons les escaliers pour aller dans la station. En fait, je ne veux pas être tout seul ce soir. Enfin, ce n’est pas que je ne veux pas être tout seul… C’est que je ne veux pas que notre soirée se termine maintenant. J’ai l’impression que si cette soirée s’achève ainsi, on va rester, lui et moi, sur quelque chose de fragile et d’incertain. C’est pour cette raison que je finis par lui demander s’il veut venir jouer à la Play. La surprise se lit facilement sur son visage. Le pauvre, il doit être fatigué d’essayer de me suivre ce soir. « Je veux bien… oui. » Quand j’y pense, je suis limite aussi surpris qu’il accepte. Je le fixe en retour, j’ai l’impression que le monde ralentit autour de nous. Honnêtement, je ne suis pas sûr de moi sur ce coup là mais j’essaie d’arrêter de réfléchir et d’écouter mon instinct. Me poser trop de questions a seulement mené à de mauvaises choses. Je souris, le coeur battant un peu plus vite que la normale. « Si c’est un jeu de mon frère il y a de forte chances pour que je te batte à plate couture je te préviens. J’ai de l’entrainement avec Ilyès » poursuit-il. Je souris un peu plus. « Tu me sembles un peu trop sûr de toi… Tu devrais faire attention, moi aussi j’ai de l’entraînement avec ton frère je te signale. » Sur ce, Noé et moi rejoignons le quai pour attendre le RER A direction Saint-Germain. Il arrive rapidement, heureusement. Il y a peu de monde et on peut continuer à discuter. Pendant le trajet, on continue de parler un peu et j’ai l’impression que les choses se remettent doucement en place. Mon épaule reste tranquillement contre la sienne. Je me sens de mieux en mieux. Quand nous arrivons à Nanterre Ville, on quitte le RER et on remonte à la surface. Nanterre est bien plus calme que les Champs. L’appartement où je vis n’est pas très loin et nous commençons à marcher. Je me rappelle soudain de beaucoup de choses. De ce moment, il y a quelques mois, où avec les gars on était ensemble dans le RER et Ilyès me racontait le nouveau boulot de son frère. Et putain, je me suis senti tellement mal, tellement jaloux. Ou encore, alors qu’on marche dans les rues de ma ville natale, je me souviens encore de ce jour où, accompagné par Marco, j’allais au foot, et ces deux hommes étaient là. Pendant le trajet à pieds, nous continuons de parler un peu, même si parfois, il y a des silences. On arrive vite dans ma rue, puis, devant mon immeuble. Je sors mes clés et ouvre la porte pour le laisser passer et je me dis que même si on a parlé surtout de tout et de rien sur le chemin, le meilleur moyen d’arranger les choses entre nous, de vraiment le faire, c’est de le laisser entrer. Et je ne parle de le laisser entrer dans mon appartement, je parle de bien plus que ça. Je souris, en pensant à ce que j’ai envie de lui dire, ce que j’ai envie de lui dire depuis ce fameux soir où on a fêté son bac. « Il y a un truc qu'il faut que je te dise... c'est hyper cucul mais c'est vrai pourtant...Tu sais, avant la soirée pour fêter ton bac, j’avais rêvé de toi plusieurs fois... » ai-je fait comme si de rien n’était en entrant dans l’ascenseur. La température de mes joues vient de prendre pas mal de degrés.

Je ne sais pas trop ce que je fais sur ce coup-là mais j'essaie d'arrêter d'y penser. Je n'ai pas envie de le laisser partir après ce qui s'est passé alors je lui propose de venir dormir chez moi. Je dois donner l'impression de faire tout et son contraire ce soir mais je veux essayer de me rattraper. Je veux vraiment passer du temps avec lui et lui faire comprendre que ça ne se reproduira plus, « On verra bien qui avait raison » rétorque-t-il quand nous parlons de jouer à la Play. Son frère m'a passé un jeu et nous avons tous les deux eu l'occasion de jouer avec lui. Qui gagnera ? C'est une grande question, même si elle n'est pas très importante ce soir. C'est juste que ça va nous donner l'occasion de continuer cette soirée sur une note positive. Je ne peux pas effacer ce qui est arrivé ce soir, mais je peux essayer de faire comprendre à Noé que je veux vraiment que ça marche entre nous. Je veux lui montrer que je tiens vraiment à lui. Alors quand on arrive devant l'immeuble où je vis avec ma mère, un tas de sentiments contraires m'assaillent.  Difficile de ne pas être conscient du fait que lui proposer de dormir chez moi est quelque chose de très intime. Forcément je pense à une chose mais j'ignore si je suis prêt. En attendant, je me dis que si je veux lui faire comprendre que je tiens à lui, il faut que je fasse un effort. Ce soir, notre relation a pris un autre tournant, je le sais, je le sens. J'ignore où ça va nous mener et je n'ai pas envie d'y penser. Ce qui compte maintenant, c'est juste ce soir, cette nuit. Alors, je finis par lui dire que j'ai rêvé de lui plusieurs fois avant cette fameuse soirée où on s'est embrassés pour la première fois. Pourquoi je lui dis ? J'ai cet aveu en tête depuis un moment et c'est un peu une manière de lui dire que je tiens à nous. Au fond, je sais que je n'ai rien à lui prouver, mais j'en ai envie. Je me dis que c'est ce qu'il faut faire parfois, montrer à l'autre qu'il est important. Alors après lui fait cet aveu, je rentre dans l'ascenseur de mon immeuble. Mes joues sont chaudes et sur le moment, je n'en reviens pas de lui avoir balancé ça, parce que mes rêves... Mes rêves étaient quand même du genre intenses. Noé est sous le choc de la surprise. « Tu avais rêvé de moi ? »  demande-t-il avant de me rejoindre dans la cabine. J'ai le coeur qui bat plus vite, beaucoup plus vite. Je hoche la tête en le regardant. Se dévoiler face à quelqu'un, c'est effrayant. J'ai été lâche une bonne partie de la soirée et je veux me rattraper... enfin je veux au moins essayer. « Tu te rends compte qu’il va falloir m’en dire plus là ? » Merde. J'aurais dû le savoir. Mon corps est tendu à l'idée de lui dire. J'appuie sur le bouton qui correspond à mon étage et, après que les portes se soient fermées, l'ascenseur commence à monter. Qu'est-ce que j'ai foutu ? Pourquoi je me suis mis dans cette situation ? Je me suis dans cette situation parce que je ne veux plus le repousser par peur. Et là, maintenant, tout de suite, nous sommes seuls, alors franchement, je n'ai rien à craindre, pas vrai ? Certaines images de mes rêves me reviennent en tête et me font frissonner. Le coin de mes lèvres s'étirent légèrement tandis que j'essaie de cacher ma gêne. « Tu veux savoir quoi de plus ? » Mon coeur bat à mille à l'heure quand la suite de ma réponse se forme dans mon esprit. « Si on était sages ? » Oh putain. J'ai le souffle court, je ne le quitte pas des yeux. Je regarde ses lèvres. « Non, on n'était pas vraiment sages. » ai-je enchaîné. Ensuite, mon corps bouge tout seul. Je ressens ce besoin pressant, urgent et intense de l'embrasser. Je ne l'ai pas embrassé de toute la soirée. Je ne l'ai pas embrassé depuis depuis ce qui s'est passé et je ressens le besoin de corriger ça. Alors, doucement, mes lèvres viennent à la rencontre des siennes et le mouvement de mon corps le coince entre moi et la paroi de l'ascenseur. Je l'embrasse, je me laisse aller. Je retrouve cette sensation unique qui me donne envie de l'embrasser jusqu'à la fin de ma vie. Ma main sur sa joue, je sens mon corps se relâcher. Ce dernier apprécie un peu trop la pression qu'il y a avec le corps de Noé. Le baiser est doux, tranquille, et mes lèvres le quitte quand l'ascenseur s'arrête et que les portes s'ouvrent. Mon corps bat toujours aussi vite quand je le regarde. Une certaine fierté m'envahit à l'idée  de réussir à me tranquilliser. Je l'embrasse encore une fois, très rapidement et sors de l'ascenseur. Je n'ose pas vraiment me retourner sur le chemin jusqu'à l'appartement mais je sais qu'il me suit. Toujours incertain concernant la fin de cette soirée, j'ouvre la porte de chez moi et allume la lumière à l'intérieur.