aiden&solal - la nuit je mens

« Ah bon ? Tu crois vraiment qu’ils n’aimeraient pas la lutte ? Pourtant c’est agréable de voir son salon détruit. » lance Aiden. Je secoue doucement la tête en riant légèrement. Je doute que nos colocataires apprécient le fait qu’on règle notre “différent” de cette façon. « Si tu veux tenter le truc, je te laisse te démerder tout seul avec Naleya. » Déjà qu’elle doit trouver le temps long d’habituer avec que des mecs, alors si en plus on fout le bordel à ce point… La pauvre. Elle nous virera sûrement, nous et nos affaires si on démolit le salon. Donc, c’est pour ça qu’à la place de proposer la troisième Guerre Mondiale dans le salon, je préfère évoquer la solution des jeux vidéos. C’est beaucoup plus pacifique, dans la réalité en tout cas. « C’est parfait les jeux vidéos. Prépare toi à mordre la poussière. » J’ai un rictus. « J’éviterai de parler trop vite si j’étais à ta place… papy. » Petite référence au fait qu’il a quelques années de plus que moi. Je sais, c’est petit, très petit même mais… disons que c’est une arme comme une autre dans ce genre situation. Après tout, c’est moi le mec de la sécurité le plus impressionnant, non ? Vu que c’est mon job. Après quand j’y pense, je ne vois pas Aiden beaucoup y jouer… ce qui peut être une chance pour moi, vu que c’est mon occupation favorite quand je suis seul à la maison en journée. Ça et le jogging. « Oui, apparemment ça me rend plus agaçant qu’autre chose. Je ne comprends pas pourquoi. » réplique Aiden quand je lui parle de son côté égocentrique. Je hausse les épaules et prends un faux air surpris, comme si je me demandais moi aussi pourquoi ça le rendrait plus agaçant qu’autre chose. En vrai, je le trouve pas spécialement agaçant, ou en tout cas pas plus que moi. Je pourrai aussi très bien passer pour un égocentrique, à prétendre que je suis le plus impressionnant de nous deux. « Nan jamais, tu trouves que c’est le cas ? » « En plus d’être égocentrique, t’es pas drôle, ça aussi on te l’a déjà dit ? » ai-je fait, ayant tout de même du mal à cacher mon amusement. Je me dis que si la soirée avait été plus chargée, il n’y aurait eu aucun moyen que je puisse discuter tranquillement avec lui, mais au final, il avait peut-être prévu de profiter de l’Output quand même et surtout… Je pense qu’il est un peu trop en train de me divertir. C’est pour ça qu’au bout d’un moment, on finit par parler du fait qu’il va entrer pour s’amuser un peu. Ça va me permettre de m’occuper à nouveau des clients… et de m’ennuyer un peu. « Je n’y manquerai pas. » Je lui souris alors qu’il entre. Cela provoque un grognement ou deux mais rien de bien méchant. J’ai fait entrer un homme seul, ça ne devrait pas retarder trop les clients devant moi.

Les deux heures suivantes se passent sans trop de soucis. La seule chose à noter est un gars bourré qui voulait entrer et qui s’est montré un peu… lourd. Ses potes ont fini par partir avec lui, comprenant que ça pourrait être compliqué. Mais sinon, rien. La file d’attente s’est lentement tarie, même s’il reste encore quelques oiseaux de nuit très tardifs. Sinon, ce ne sont que des gens de passage qui errent dans la rue parce qu’ils viennent d’autres endroits, ou sortent tout juste de l’Output et ils cherchent ou continuer la soirée. Il y a quelque chose de fascinant à voir tous ces gens, dans un état plus ou moins potable, chercher la prochaine étape de leur nuit. Puis, du coin de l’oeil, j’aperçois une silhouette que je connais bien sortir de la boîte. « Sur une échelle de un à dix, à quel point je t’ai manqué ?  » demande Aiden. Je fais mine de réfléchir. « Je dirai un bon douze. Je me demande même comment j’ai fait pour survivre ces deux heures sans toi. » Ma réponse fait rire les cinq personnes qui sont dans la file d’attendre. « Je vois que t’as pas oublié le verre, c’est bien. J’espère que tu profites bien en tout cas ?  »

Les joies de vivre en colocation, je me dis en parlant avec Aiden de la façon dont on va régler ça à la maison. Je vis en coloc’ plus ou moins depuis mon arrivée en ville donc je commence à être habitué. Il y a des points positifs et négatifs à vivre de cette façon, c’est comme pour tout. « Hum, ça ira je peux m’en passer. » dit-il quand je lance que s’il a vraiment envie de faire de la lutte dans le salon, il verra ça tout seul avec Naleya. Je souris, m’étant attendu à cette réponse. Aucun de nous ne veut prendre le risque de mettre en rogne la seule fille de la colocation, qui a pas mal de caractère pour nous supporter tous. De toute façon, à moi aussi la solution des jeux vidéos me semble mieux. Aiden paraît bien sûr de lui pour cette histoire de jeux vidéos en tout cas et j’en profite pour lui dire de pas trop rêver non plus et fais même une petite référence à notre différence d’âge. « Hé… je ne suis pas un papy. » se défend Aiden. Un grand sourire apparaît sur mon visage. « Tu sais ce qu’on dit à propos de la vérité qui blesse... » Il va finir par regretter d’être venu me voir ce soir, mais tant pis. C’était tentant, même si je ne considère pas Aiden comme un papy… Mais c’est vrai qu’il est plus vieux que moi quoi. Bon, comme je suis pas totalement un méchant colocataire, je le laisse rentrer sans problèmes dans l’Output pour qu’il puisse quand même s’amuser.

Deux heures plus tard, revoilà Aiden et il est bien accompagné d’un verre. Il n’y a plus que quelques personnes qui font la queue, cinq précisément donc je suis plutôt tranquille. Je réponds avec un léger sourire à sa question de savoir s’il m’a beaucoup manqué. « Douze c’est pas mal. Je suis content que tu ais survécu sinon je n’aurais pas pu revenir te tenir compagnie. » « Et ça aurait été horrible pour toi, je parie. » ai-je fait toujours avec le même ton sarcastique et amusé. Nulle doute que si j’avais pas survécu à son absence, il aurait fini son verre tranquillement et aurait sans doutes taper la discussion à des gens. « Mais d’un autre côté si tu étais mort j’aurais pu récupérer ta chambre et moins entendre Naleya et Anton. Donc je vais peut-être te tuer finalement. » Je lève les yeux au ciel et secoue doucement la tête en riant légèrement. « Ça me rassure que t’aies le sens des priorités. Je pense que je vais bloquer la porte la nuit pour éviter que tu viennes me tuer. » On est jamais trop prudents après tout. En tout cas, quand je repense à la façon dont ma soirée se déroulait avant qu’il n’arrive, et c’est sûr que les choses sont un peu plus intéressantes maintenant. Je finis par lui demander s’il profite bien. « Ça va, pas mal. Je t’en aurais bien proposé un peu mais bon… le devoir passe avant. » Je souris à nouveau en entendant le mot “devoir” alors que je ne suis qu’un simple videur. En même temps ce n’est pas totalement faux non plus. J’ai la responsabilité d’assurer la sécurité des gens ici alors si je suis bourré… ce n’est pas conseillé, même si j’ai arrêté de compter le nombre de personnes qui ont essayé de me payer des verres pendant que je bossais. « J’apprécie l’intention, en tout cas. » ai-je répondu. Mais oui, je vais le laisser profiter de son verre. Sur ce, trois personnes sortent du club, totalement bourrées. L’une d’entre elles me bouscule sans vraiment le remarquer. Je ne dis rien, trop habitué, puis fais signe au reste de la queue d’entrer. Voilà qui est fait. Plus personne ne se tient devant nous, il y a juste des gens dispersés un peu partout dans la rue. Je soupire. « C’est quoi ton programme pour le reste de la soirée ? »

Quand mon colocataire revient deux heures plus tard, l eplus gros de mon travail de videur est déjà passé vu l’heure. Les gens se font de plus en plus rares et la file d’attente est très réduite. Ce qui va me donner encore un peu plus de temps pour parler avec lui. On a beau être colocataires, avec mes horaires ce n’est pas toujours facile de se croiser. Ça doit être en partie pour ça que je suis content de le voir ce soir, même si on aime passer une partie de notre temps à se charrier. « Bah oui, ça aurait été terrible. Je n’aurais rien eu d’autres à faire sinon. » lance Aiden. Je n’arrive pas à me retenir de rire. Pas facile de savoir comment je dois prendre ça. Ah, si, je sais. « Mmm on va dire que je vais bien le prendre. » ai-je fait avec un sourire. Le fait qu’il ait juste peur de s’ennuyer si j’avais pas survécu… Bref, on va rien dire et de toute façon c’est de bonne guerre. Je préfère ça, que mes colocataires et mes potes viennent me faire chier quand ils viennent ici que le contraire. Le temps passe beaucoup plus vite comme ça. Enfin bon, je suis juste pas convaincu par les idées qui sortent de la bouche d’Aiden par contre. J’ai l’impression qu’il va vraiment vouloir me tuer pour récupérer ma chambre du coup. Dans le doute, la nuit je vais sûrement bloquer ma porte. « Tu devrais oui. Sinon, il faut que tu arrives à me prouver que j’ai plus intérêt à te garder vivant que mort. » dit-il en riant. En tentant de maîtriser mon sourire, je hoche la tête, faisant semblant de prendre ce qu’il vient de dire très au sérieux. « T’es dur en affaires, laisse-moi réfléchir… Déjà parce que je sais faire la cuisine et que je râle pas quand faut sortir les poubelles… enfin la plupart du temps. Si tu me tues, plus d’avantages à l’Output. Et puis d’abord c’est pas moi qui fais du bordel la nuit alors pourquoi tu t’occupes pas plutôt d’eux au lieu de vouloir me tuer moi ? » Bah quoi ? Est-ce que c’est pas un peu logique comme question ? Autant régler le problème directement à la source. Faudra juste pas le dire à Anton et Naleya. Je fais rentrer les derniers clients pendant les minutes suivantes, ce qui est fait très rapidement comme il n’y avait plus grand monde. « T’as fait ça juste pour être plus tranquille avec moi. C’est mignon.  » Je hausse un sourcil. « Je crois que tu prends tes rêves pour la réalité. » ai-je fait avec un sourire amusé. Il y a deux secondes il parle de me tuer et maintenant il pense que je fais mon boulot pour lui. Aaaah j’te jure, celui-là. Mais bon, je fnis par lui demander ce qu’il a en tête pour la suite de sa soirée. Parce que perso, moi, même si y a personne pour le moment, je peux pas bouger. « Je ne sais pas trop. T’ennuyer un peu encore. Ou plutôt te désennuyer.  » « Moi, m’ennuyer ? Mais noooon, mon boulot est tellement passionnant... » ai-je fait sur un ton pas sérieux du tout. Surtout que personne d’autres trainent aux allentours donc bon… « Ou sinon je pourrais peut-être rerentrer et essayer de trouver une compagnie agréable pour le reste de la nuit. Ca pourrait être un programme bien ça aussi.   » Mes yeux roulent dans leur orbite. « Comme ça tu pourras venir me narguer aussi avec, en plus de ton verre. Mais je suis déçu de savoir que je te suffis plus. » J’avoue que, comme lui, je serais pas contre avoir de la compagnie ce soir mais ça me semble compliqué comme il y a plus personnes. Quoique, je peux toujours compter sur ceux qui sortent. Enfin peu importe. « Ou alors je peux t’apprendre les ficelles du métier, histoire que tu sois impressionnant même si tu veux pas changer de boulot. »

« Il manquerait plus que tu le prenne mal… c’est très gentil ce que je viens de dire là. » rétorque Aiden. Je le regarde, sceptique. Je ne le prends pas mal de toute façon, c’est juste que si on y réfléchit bien, on peut se poser la question. « Dans ton cerveau tordu, peut-être. Mais j’espère que si je meurs, tu seras au moins triste pour moi avant d’être triste parce que tu t’emmerdes. » Après c’est vrai que c’est pas méchant de toute façon. L’idée me fait plus sourire qu’autre chose. C’est vrai que comme on est beaucoup en train de se charrier, c’est presque un compliment ce qu’il m’a dit. Mais bon, je peux pas lui avouer ça tout de suite. À moins que ça m’aide à ne pas me faire tuer pendant mon sommeil, ce que j’essaie d’empêcher d’arriver en lui parlant de toutes les raisons pour lesquelles il ne devrait pas le faire juste pour récupérer ma chambre. « C’est vrai, tu marques un point. Tu cuisines pas trop mal en plus ce qui ne gâche rien. » Je hoche la tête comme si c’était le truc plus évident du monde. Après, honnêtement, je fais pas des trucs de fou mais bon… Je pense que certains soirs, tout le monde est plutôt content que je fasse mes trucs, justement. Bon après, je vais pas dire tout ça parce qu’il pourrait me sortir que je suis pas assez bon en cuisine. « Bon écoute, tant que tu gardes ce boulot là, je vais te garder en vie. Donc n’en change pas tout de suite. En tout cas pas avant que je me sois occupé de Naleya ou Anton. » finit-il par dire. Je ne peux pas m’empêcher de rire en l’imaginant s’occuper d’Anton et Naleya. « Je transmettrai le message à mon patron pour pas qu’il me vire parce que sinon… je meurs. Et pour m’avoir épargné, je pourrai même t’aider avec d’Anton et Naleya. » ai-je répondu. Encore une fois, faudra juste par leur dire. Et même si je suis bien tranquille dans ma chambre, ça m’est déjà arrivé de les entendre tous les deux en rentrant du boulot et… Voilà quoi. Alors que je fais entrer les dernières personnes qui attendaient dans le club, Aiden s’amuse à dire que j’ai fait ça pour lui, ce à quoi je réponds qu’il prend ses rêves pour la réalité. « Parce que ce n’est pas la réalité ? » « Je voulais juste pas que t’aies de faux espoirs, tu sais que rien n’est possible entre nous. » ai-je fait en utilisant un ton dramatique pour de faux. Parce que je plaisante. Enfin pas sur le fait que rien n’est possible entre nous mais, sur le truc… Bref, on s’en fout. « Il a l’air effectivement. T’as l’air super heureux d’être là en plus. » Je hausse les épaules, un peu blasé sur les bords mais c’est vrai que j’exagère un peu. « En vrai c’est pas si mal. C’est juste parfois que quand y a personne, je préférerai être dans mon lit. » En plus comme je bosse la nuit, c’est encore pire, même si ceux qui travaillent en journée ont très souvent envie d’être dans leur lit aussi. « Bah oui voilà, même si je ne te narguerai pas longtemps, si tu vois ce que je veux dire… » me dit-il avec un air entendu. Je ris encore. « Oui, je vois très bien ce que tu veux dire. » J’allais être sarcastique en disant que non, je voyais pas du tout mais c’est trop risqué vu qu’il pourrait se mettre à m’expliquer et là tout de suite j’ai pas très envie. « Mais vas-y, tu me suffis pour le moment alors apprends-moi. Je sais déjà imiter ta position regarde. » Trop d’informations en même temps. Alors qu’il se met en position, pendant deux trois secondes, je le regarde avec de grands yeux avant de secouer la tête. « Attends, je ressemble pas du tout à ça… Tu m’as déjà vu ressembler à ça pendant mon boulot ? » ai-je fait. Puis, je prends ma vraie pose en croisant les bras sur ma poitrine en bonus, pour faire ressortir mes muscles. « Essaie plutôt un truc dans le genre. »  

« Mais je serais aussi triste pour toi évidemment. » précise Aiden. En vrai, comme je le connais quand même bien à présent, j’ai demandé la précision surtout pour l’emmerder. Il m’en faut plus pour mal prendre quelque chose, surtout quand ça vient de lui. « Tu seras pas triste longtemps, c’est sûr que je reviendrai te hanter et que je te tiendrai compagnie. » ai-je enchaîné. En tout cas, si on devient partenaires de crime, c’est sûr à 100 % que je reviendrai le faire chier. Bon ça veut dire que je serai mort, comme Naleya et Anton, donc c’est pas génial non plus. En tout cas, je suis heureux de voir que j’ai retrouvé de la valeur à ses yeux, et en plus si ça peut éviter qu’il me tue juste pour récupérer ma chambre, c’est encore mieux. « Eh bien écoute, ton aide sera la bienvenue. » Je hoche la tête, amusé. « On pourrait aussi se regarder des épisodes d’Esprits Criminels ? Ça peut toujours inspirer. » ai-je fait en haussant les épaules, comme si ce n’était pas grand-chose. On est franchement horribles… Mais faut bien que je sauve ma peau. « Outch, mon coeur. Tu viens de briser tous mes rêves là. » lance Aiden après que j’ai fait rentrer les derniers clients. « Te connaissant, tu vas t’en remettre rapidement. Mais bon... Je fais les courses demain, qu’est-ce que je peux te prendre pour me faire pardonner ? » ai-je proposé. Vous voyez, je suis gentil comme colocataire, adorable même. Quand Aiden me fait la remarque que j’ai l’air super heureux d’être là, je lui explique que c’est surtout quand y a personne parce que je pense un peu trop à mon lit. « Oh oui je comprends, moi aussi à ta place. » Ensuite, on essaie justement de le mettre à ma place. Il prend une position qui… est supposée être la mienne quand je bosse ? Je hausse les sourcils quand il confirme que c’est bien le cas puis lui montre une autre posture qui me paraît un peu mieux. « Est-ce que c’est mieux comme ça chef ? » demande Aiden. J’esquisse un sourire puis, acquiesce avec une moue appréciatrice. « Tu te débrouilles bien, oui. Hésite pas si t’en as marre de ton boulot un jour du coup, j’irai parler à mon patron. Braeden est plutôt cool. » ai-je fait en sachant que ce n’est pas le but… mais quand même.