(fb) nicola&solal - paper planes

« Un peu, qu’il ose. » lance Nico quand nous parlons de l’envie de Noé de la traîner de force pour faire un jogging. J’imagine quel genre de moment ça peut donner. L’idée fait ressortir pas mal de souvenirs de l’époque où, à Paris, Noé et moi allions courir ensemble ou avec les autres. « Ah si on s’était rencontré avant, j’aurais pu te prévenir que c’était une très mauvaise idée de te mettre en coloc’ avec lui. » J’aurais pu l’avertir qu’il a tendance à aimer aller courir régulièrement. J’avale une gorgée d’eau. Quand on s’est croisé la première fois avec Nico, on était loin de parler de jogging, de salle de sport et de boire de l’eau, l’ambiance était plutôt en mode bar, St-Patrick, quizz et bière. En tout cas le deal est fait : je serais du côté de Nico si Noé cherche à la traîner de force au sport. « Merci, je t’en serai éternellement reconnaissante pour ça. Je suis certaine que tu arriveras à le faire tomber comme une bûche. » J’esquisse un sourire malicieux. « Figure-toi que je fais de la boxe… Du coup on a prévu que je l’emmène à ma salle donc ton rêve de le voir par terre pourrait se réaliser. » Non, vraiment, pauvre Noé. En plus c’est totalement faux je lui ai promis d’y aller doucement vu que ça serait son premier cours de boxe. Je ne me vois pas le mettre par terre. Mais bon, je vais déjà commencer par l’épuiser à la salle de sport où on va aller dès qu’il se pointera. D’ailleurs en parlant de l’arriver de Noé, je reçois un message de lui. Il ne devrait pas tarder. « Ces oreilles doivent siffler plus qu’on le pense. » « Faut dire qu’on y est peut-être allé un peu fort… J’en assume l’entière responsabilité. » ai-je avoué Nico. Après tout c’est moi qui lui ai demandé des dossiers sur Noé. En tout cas, j’espère qu’il va vraiment arriver dans cinq minutes. Non pas que ça soit désagréable de passer du temps avec Nico mais elle va finir par avoir autre chose à faire au bout d’un moment. Je la rassure encore une fois en lui disant qu’elle peut compter sur moi au-cas-où il voudrait qu’elle nous accompagne à la salle. « Super, merci. Mais cette fois, j’ai une bonne excuse, je dois aller bosser après. Et je préfère nettement aller travailler. Engrangement. Ce bon vieux vagabond devra faire sans moi. » « Ah oui, c’est à ce point. » J’ai toujours bien aimé le sport et aller en faire n’a jamais été une torture pour moi, mais je peux comprendre, évidemment, que ce ne soit pas le cas de tout le monde. Nemo fait son retour sur le canapé et nous réclame des caresses. « Je peux comprendre, y a quand même un côté maso à s’épuiser comme ça. » ai-je concédé. C’est la vérité, mais en même temps c’est tellement de la bonne fatigue que je ne pourrais pas m’en passer. Je caresse distraitement le flanc de Nemo et finis mon verre d’eau. « Personnellement je ne sais pas si j’ai le choix pour ce qui est de faire du sport… Faut que les clients à l’Output me craignent un minimum quand même. »  

« Ça aurait tout changé. Oh, désormais, je fais avec, comme on dit. » dit-elle quand je l'informe que j'aurais pu la prévenir qu'il ne fallait pas se mettre en colocation avec Noé, si seulement on s'était connus avant. J'esquisse un sourire en entendant sa réponse. Si Noé nous entendait... Il saurait direct qu'on plaisante. Enfin je dis ça mais j'ai jamais vraiment vécu avec lui donc je sais pas s'il est vraiment chiant comme coloc mais je ne me fais pas vraiment de soucis. J'imagine que ça serait un moment qu'ils ne seraient plus en colocation si notre conversation avec Nico était au premier degré. Je l'informe ensuite que j'ai bien l'intention d'emmener Noé à ma salle de boxe une prochaine fois et plaisante sur le fait qu'il pourrait être par terre très bientôt. Ses yeux s'agrandissent. « Je donnerai cher pour voir ça ! » Je hausse les épaules, amusé. « Ou sur ce coup là faudrait que tu viennes avec nous à la salle. » ai-je suggéré sur un ton innocent. Je voudrais pas qu'elle prenne sur ses économies pour me voir mettre Noé par terre. De toute façon faudra que je reparle avec lui de cette idée d'aller à ma salle de boxe dès qu'on aura un moment. Après tout, ça ne fait que depuis quelque temps que Noé et moi avons réussi à nous revoir régulièrement. On a retrouvé nos marques je pense mais rien ne sert de brusquer les choses. « Oh, j’ai pas l’impression de l’avoir plus critiqué qu’à l’habitude. Il doit avoir constamment ce bruit en fond avec moi, alors t’en fais pas, il ne remarquera rien. » dit-elle en me faisant un clin d'oeil. Je hoche la tête. « Maintenant que tu m'y fais penser, il a passé toute une partie de sa vie martyrisé par son frère, nos potes et moi donc... il a l'habitude de mon côté aussi. » Martyriser est peut-être un peu exagéré mais ça reste l'idée quand même. Si je lui demandais, je pense que Noé saurait plutôt d'accord, au contraire avec l'utilisation de ce verbe. « Je suis du genre à faire uniquement du hockey de rue ou sur glace. Sinon rien d’autre. » dit Nico pour m'informer de ce qu'elle fait quand même en activité physique. Je n'y connais pas grand chose au hockey. Je suis allé voir quelques matchs depuis que je suis à New-York mais je ne suis pas vraiment, voire pas du tout. « Sympa. T'en fais depuis longtemps ? » C'est un sport que j'aime bien je pense, même si je ne suis pas vraiment ce qui se passe dans le championnat ici par exemple. Si je tombe sur un match à la télé par hasard, il y a des chances que j'y jette un coup d'oeil. « Voilà exactement ce que je pense. Tu as tout dit. » fait-elle quand je conviens que ça a un côté maso de faire du sport et de s'épuiser.Le truc, c'est que même si j'en suis conscient, j'adore cette bonne fatigue après avoir pris du temps pour faire du sport. « Te craignent, carrément ?  Étrangement, ça m’encourage encore moins à aller en salle. Mais je suis certaine que les gens veulent ça à l’origine. » Je souris et hoche à nouveau les épaules. « Oui, carrément. Quand tu fais face à une bande de clients totalement bourrés et agressifs... ça peut aider s'ils te craignent, crois-moi.» Ça ne veut pas dire que c'est souvent le cas parce que de toute façon quand t'es bourré, tu ne crains pas grand chose, mais ça peut dissuader certains clients de s'y croire un peu trop en voyant que les mecs de la sécurité peuvent les maîtriser rapidement. « Après, je dis ça surtout à cause de mon job et surtout, je ne vais si souvent en salle que ça. Mais je sais que c'est pas mal pour ceux qui ont besoin de motivation pour faire du sport. De toute façon, chacun fait comme il veut.»